C’est un monde à part entière. Un monde d’eau. Plus de 5 600 m3, retenus par 11 panneaux de verre de 10 centimètres d’épaisseur, installés sous la scène de l’hôtel Bellagio [l’une des institutions situées au cœur de Las Vegas], où se joue le spectacle O, du Cirque du Soleil. Quand la représentation anniversaire des 25 ans du spectacle débutera, dans quelques heures, le faisceau des projecteurs viendra frapper l’eau à travers la paroi vitrée, illuminant les acrobaties à couper le souffle exécutées par les artistes de part et d’autre de la surface.
En ce bel après-midi d’octobre, il fait encore frais dans le théâtre. John Maxson, spécialiste de la balançoire russe, nous présente le mécanisme complexe du bassin, qui reste encore aujourd’hui un ouvrage révolutionnaire.
Maxson – visage et crâne maquillés avec application, silhouette massive respirant la sérénité, posture impeccable – faisait partie des 85 artistes présents lors de la toute première représentation, en 1998. “Quand nous avons commencé, l’accueil a été…” Le colosse s’interrompt, cherchant ses mots. “Il y avait une liste d’attente de trois mois, c’était ahurissant.”
Un poids lourd
Depuis, Las Vegas a connu un développement exponentiel. Sa population est passée de 400 000 à plus de 650 000 habitants. Les chemins poussiéreux où les artistes se garaient autrefois pour admirer les lumières de la ville à la nuit tombée ont cédé la place à des quartiers entiers. Les casinos ont été démolis, reconstruits, rachetés, vendus. Et surtout, ce qui se passe à Vegas, ne reste plus à Vegas (à l’ère de TikTok, malheur aux congressistes qui prendraient le risque d’échouer ivres dans un club de strip-tease).
Si les slogans, les technologies et les modes ont changé, une autre spécificité de la “ville du Péché”, en revanche, n’a pas bougé d’un pouce ces trente dernières années : l’hégémonie du Cirque du Soleil.
L’entreprise canadienne, fondée dans les années 1980 par une petite troupe d’artistes de rue ambitieuse, et sans animaux, a lancé son premier spectacle fixe, Mystère, à l’hôtel Treasure Island il y a trente ans. “Quand Steve [Wynn] m’a expliqué que c’était un cirque sans animaux, je suis resté perplexe”, se souvient Bobby Baldwin, ancien directeur général de Mirage Resorts. Depuis, le Cirque du Soleil a bien grandi : c’est aujourd’hui un poids lourd du secteur qui brasse des milliards de dollars grâce à ses six spectacles joués deux fois par jour dans les établissements du Las Vegas Strip, [l’avenue qui regroupe quelques-uns des plus grands hôtels et casinos du monde], et à ses tournées mondiales.
La troupe a donné plus de 60 000 représentations à Vegas, devant 80 millions de spectateurs. Elle y fait travailler 1 790 personnes, dont 465 artistes.
O – le plus rentable de tous ses spectacles – n’a quasiment pas changé au fil des vingt-cinq années.
“Aucun spectacle n’avait jamais connu un tel succès sur scène auparavant”, se félicite Bill Hornbuckle, directeur général de MGM Resorts International, qui travaillait encore pour Mirage Resorts quand le groupe a fait venir le Cirque à Vegas.
Destin tout tracé
Le succès de la troupe tient aux incroyables performances physiques de ses artistes venus du monde entier, tous athlè
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