Comment Madiambal Diagne va ralentir les choses

L’interpellation puis la remise en liberté de Madiambal Diagne en France, mardi dernier, relance le débat sur la portée et l’exécution des mandats d’arrêt internationaux. Selon Ousmane Kane, magistrat à la retraite et ancien président de la Cour d’appel de Kaolack, cette affaire illustre la complexité des procédures d’extradition.

« La nouvelle de l’interpellation de Madiambal Diagne fait l’actualité ; certains s’en délectent, d’autres s’en offusquent. Une troisième lecture est possible : il s’est livré à la police après avoir fini de ficeler son dossier de défense », explique Ousmane Kane à L’Observateur.

L’ex-magistrat précise que la remise en liberté peut constituer une stratégie. « Une personne recherchée peut avoir tout intérêt à se rendre pour dénoncer le système judiciaire qui la poursuit. Dans le cas de Madiambal, il va sans doute démontrer que les poursuites sont politiques et pourra compter sur l’appui de sociétés ayant contracté avec l’État du Sénégal », ajoute-t-il.

Le juge français dispose en effet d’une marge de manœuvre importante. « Si les arguments des avocats de Madiambal emportent la conviction du juge français, alors il émettra un avis négatif, et le mandat d’arrêt ne sera pas exécuté, même dans l’espace européen », précise Ousmane Kane. En cas d’avis favorable, la défense peut encore faire appel devant les juridictions supérieures françaises ou saisir la Cour européenne des droits de l’homme.

« Le mandat d’arrêt, transmis par la voie diplomatique, n’oblige pas le juge français à exécuter automatiquement la demande. Il peut vérifier la régularité des poursuites, la qualification des faits et les garanties d’un procès équitable », rappelle le magistrat à la retraite.

Pour Ousmane Kane, Madiambal Diagne dispose donc de plusieurs leviers pour ralentir l’extradition : argumenter sur la politisation des poursuites, contester la légalité du mandat devant la justice française et, enfin, exploiter les recours internationaux. « C’est un processus long, technique et très encadré juridiquement », conclut-il.

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