Les enjeux sont cruciaux. « Nos intérêts, nos accès, notre autonomie passent par la mer. Il s’agit de notre souveraineté énergétique, alimentaire, logistique », a déclaré l’Élysée en amont des Assises de l’économie de la mer organisées mardi et mercredi par le marin et Ouest-France, à Nantes. Le président de la République, Emmanuel Macron, y passera ce message aux près de 2 000 professionnels présents à cette 18e édition de l’événement, placée sous le thème de « la filière maritime au service de la souveraineté française et européenne ».
La France se place au deuxième rang des espaces maritimes mondiaux grâce à l’outre-mer, derrière les États-Unis, avec plus de 10 millions de km² de zone économique exclusive. Cette puissance doit être protégée et renforcée.
L’Institut Choiseul1 a détaillé quatre axes de développement à mettre en œuvre pour parvenir à une stratégie maritime ambitieuse. À commencer par le domaine naval. Les océans sont des espaces de tensions géopolitiques croissantes. Le combat naval redevient d’actualité avec un réarmement massif à l’échelle mondiale. En dix ans, les budgets de la Russie, de la Chine et de l’Inde ont augmenté de 35, 57 et 69 %.
Raffermir la coopération française et communautaire dans le secteur naval est primordial affirme l’institut. Levier de puissance militaire, elle a aussi un rôle à jouer dans la lutte contre les trafics illicites et la préservation des intérêts économiques notamment à travers la protection des câbles sous-marins, qui transportent aujourd’hui 98 % des données numériques mondiales. Dans ce but, la France a ainsi lancé une prometteuse loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2024 à 2030.
Décarbonation
À l’heure de l’urgence climatique, les attentes sont également fortes en matière de décarbonation. Le transport maritime représente 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les acteurs français ont élaboré une feuille de route pour planifier la neutralité carbone du secteur à horizon 2050. De nombreux leviers existent pour atteindre les objectifs : gaz naturel liquéfié, hydrogène… ou encore cargos à voiles, à l’image du Canopée qui transportera les pièces de la fusée Ariane jusqu’en Guyane. Des annonces du président de la République sont attendues à Nantes ce mardi pour accélérer la décarbonation de ces industries.
Pour faire face à ces nombreux défis, le secteur maritime français a besoin d’attirer de nouvelles recrues. Selon le Campus national des industries de la mer (Cinav), la filière représente aujourd’hui 125 000 emplois et prévoit d’embaucher 72 000 personnes d’ici à 2030. Face à des difficultés accrues de recrutement ces dernières années, malgré une variété de métiers proposés, divers organismes assurent ainsi un travail de terrain pour convaincre les jeunes de rejoindre leurs rangs. Et pour féminiser un domaine encore très masculin.
Comment renforcer l’attractivité du secteur ? L’Institut Choiseul recommande d’encourager la création de formations transverses, de renforcer la lutte contre le dumping social, d’aligner la fiscalité des marins, de faciliter l’embarquement de stagiaires à bord de navires, ou encore de défendre les métiers de la mer.
La souveraineté maritime, insiste enfin l’institut, doit inclure l’ensemble de la chaîne : industries navales, armateurs, infrastructures logistiques, acteurs de l’éolien, pêcheurs, scientifiques… Concilier les différents usages de l’espace maritime apparaît comme un prérequis pour que la France monte en puissance.
1 Laboratoire d’idées spécialisé dans les questions économiques
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