Cuba, au centre du Sud

Je reviens, comme promis, sur le Sommet des pays du G-77+La Chine, qui sont en réalité non pas 77 mais 134 pays, soit les deux tiers des pays représentés à l’ONU ou 80% de la population mondiale. Au moment où vous lirez ces lignes, le sommet sera déjà chose du passé, il aura duré deux jours, vendredi et samedi, deux jours de discussions intenses, sans aucune acrimonie, avec la participation de représentants de plus de cent pays sur le terrain, à La Havane, dont des chefs d’État, des premiers ministres, des ministres et des délégations de haut niveau, du personnel de l’ONU, dont son secrétaire général, et de plus de 500 journalistes, venus aussi bien du Sud que du Nord. Quant au président de la république, il a été fort occupé, recevant au Palais de la Révolution, les uns après les autres, les chefs d’État ou leurs émissaires. Un véritable marathon de poignées de mains et d’accolades.  



Photo Jacques Lanctôt

Chose du passé pas tout à fait puisque dans quelques jours, au siège social de l’ONU à New York, aura lieu un autre sommet qui s’inscrit dans la continuité de celui de La Havane. On y parlera, entre autres, des objectifs du développement durable (ODD), qui sont au nombre de dix-sept, prévus pour 2030, soit dans sept ans, aussi bien dire demain. Le grand objectif à atteindre : Remettre le monde sur la voie d’un avenir plus vert, plus propre, plus sûr et plus équitable pour tous, en ne laissant personne de côté. Une nouvelle utopie ? À vrai dire, on ne cache pas un certain pessimisme, car on est loin de la coupe aux lèvres, on a accumulé des retards, entres autres en raison de la pandémie à la covid-19 et du laisser-faire de nombreux gouvernements. 


Cuba, au centre du Sud


Photo Jacques Lanctôt

À La Havane, ces jours-ci, on a vécu un véritable branle-bas de combat. De nombreuses rues ont été fermées à la circulation normale, pour permettre le va-et-vient des délégations gouvernementales de la centaine de pays présents au sommet, sans parler des ambassadeurs de ces nations présents également à La Havane. C’est la partie visible de cette réunion au sommet. En coulisses, des centaines de personnes ont œuvré presque jour et nuit pour rendre le séjour de ces dignitaires des plus agréable et mémorable, car pour plusieurs, ce sera leur premier séjour dans l’île socialiste. On a donc prévu un programme culturel des plus variés, avec visites dans la Vieille Havane, véritable musée à ciel ouvert. Et à vrai dire, tout a fonctionné comme sur des roulettes, du moins pour les quelque cinq cents journalistes venus d’un peu partout pour couvrir cet événement. Et le beau temps et la chaleur étaient au rendez-vous, ce qui n’est pas négligeable. 


Cuba, au centre du Sud


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La déclaration finale, à laquelle travaille déjà depuis un certain temps les ambassadeurs des 134 pays concernés, réitère les grands principes fondateurs du G-77+ la Chine, dont le rejet de toute mesure coercitive unilatérale et l’instauration d’un nouvel ordre économique mondial. Ce sommet est une grande victoire pour Cuba, autant au niveau organisationnel qu’au niveau diplomatique. Avoir réussi à rassembler tous ces chefs d’État venus du Sud global sous un même toit — ce vendredi matin, est arrivé le président vénézuélien Nicolas Maduro, tout juste de retour d’une visite de six jours en Chine, de même que le nouveau président colombien et en fin d’après-midi est attendu le président brésilien Lula — est un véritable tour de force. Cuba n’est pas seule. Elle vient de nous offrir un sommet de l’espoir. 


Cuba, au centre du Sud


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Blocus 

Mais il n’y a pas que de bonnes nouvelles. Comme à tous les ans, comme un rituel auquel se livrent tous les présidents étatsuniens depuis soixante ans, Joe Biden a reconduit, pour une autre année, soit jusqu’au 14 septembre 2024, le blocus économique, financier et commercial contre Cuba, en vertu de la « loi du commerce avec l’ennemi », adoptée il y a plus d’un demi-siècle Rappelons que l’an dernier, 185 pays, soit la presque totalité des pays représentés à l’ONU — deux contre et deux abstentions —, ont voté en faveur de la résolution présentée pour une trentième année consécutive par Cuba et intitulée « Nécessité de mettre fin au blocus économique, financier et commercial imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba », une violation flagrante et systématique de la Charte des Nations-Unies. Mais cette résolution reste toujours lettre morte. C’est un triste rappel de l’impuissance d’un organisme comme l’ONU. 


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