Située au nord-est de l’Amérique du Sud à 7 000 km de Paris, la Guyane est le plus grand département français avec ses 84 000 km2. Une taille équivalente à celle de l’Autriche ou du Portugal. Le territoire, délimité à l’ouest avec le Suriname et à l’est, le Brésil, est recouvert à 97 % par la forêt amazonienne, méga réservoir de biodiversité. Un demi-hectare de forêt guyanaise abrite plus d’espèces d’arbres que l’Europe entière.
L’essentiel des 300 000 habitants se concentre sur la bande littorale et les trois grandes agglomérations que sont Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni, où le climat équatorial chaud et humide est plus supportable. Très jeune – la moitié de la population a moins de 25 ans – la Guyane a une démographie particulièrement dynamique avec en moyenne, selon l’Insee, 3,53 enfants par femme contre 1,80 à l’échelle du pays. Ainsi, le territoire double sa population tous les 20 ans.
En 2015, Département et Région ont fusionné pour former l’unique Collectivité territoriale de Guyane (CTG) aux compétences élargies. C’est Gabriel Serville (divers gauche), ancien député et maire de Matoury, qui est depuis juillet 2021 à la tête de cette collectivité engagée dans un processus dévolution statutaire vers davantage d’autonomie.
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Le travail/l’économie
L’État, les collectivités locales sont les principaux employeurs de la Guyane où l’emploi public supplante le privé : une personne en emploi sur quatre est fonctionnaire. Côté secteur privé, la Guyane a longtemps été dépendante de l’industrie spatiale – 24 % du PIB en 1990 – mais l’économie guyanaise s’est diversifiée au fil des années et s’appuie aujourd’hui sur la consommation et le secteur tertiaire mais aussi le BTP et la pêche, troisième secteur privé, concurrencé « par les pêcheurs illégaux venus du Suriname et du Brésil », explique l’armateur Jean-Luc Montout. Le spatial pesait tout de même 12,6 % du PIB en 2019 et représentait un emploi sur douze voire un sur six lorsqu’on se focalise sur les emplois privés. Mais aussi 40 % des importations du territoire et 83 % des exportations, les satellites envoyés dans l’espace étant considérés comme tels. Derrière cette vitrine moderne, la Guyane est l’un des départements les plus déshérités de France : 53 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté (14 % dans l’Hexagone) et 15 % des 15-64 ans sont au chômage. Un quart de l’économie est considéré comme informelle par la Direction régionale des finances publiques.
L’école
En Guyane, les enjeux d’accès à l’éducation sont énormes étant donné qu’un habitant sur trois est en âge d’être scolarisé. L’Académie fait face à de nombreux défis : 70 % des élèves entrant dans le 1er degré sont allophones et n’ont pas le français pour mangue maternelle, 3 % d’élèves en plus sont à scolariser chaque année et, hormis les établissements privés, l’ensemble du second degré est classé en Rep +, le dernier degré de l’éducation prioritaire.
En 2022, 60 % des lycéens ont choisi la voie professionnelle, contre 40 % dans l’Hexagone. Pour les post-bacs, l’offre de formation de la jeune Université de Guyane, devenue de plein exercice en 2013, va du BUT au doctorat.
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Les transports
Côté transport, la Guyane dispose de peu d’infrastructures. Seul le littoral est accessible en voiture ou deux-roues, nombreux dans les villes quotidiennement sujettes aux bouchons du fait d’un nombre réduit d’itinéraires. L’essence y est chère – près des 2 € le litre – car importée. Un paradoxe alors que tous les voisins de la Guyane (Brésil, Suriname, Guyana, Venezuela) sont producteurs de pétrole mais les normes européennes bloquent tout échange.
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Enclavées, six communes sur vingt-deux ne sont pas reliées par la route, dont Maripasoula et ses 15 000 habitants. Ces communes dites de « l’intérieur » (en opposition au littoral) sont desservies par avion ou pirogue, quand cela est possible : le réseau ferroviaire n’existe pas. Les nombreux fleuves de Guyane, dont les deux frontaliers de l’ouest (Maroni) et de l’est (Oyapock), forment alors de véritables autoroutes. Le savoir-faire des piroguiers, capables de transporter engins de chantier, camion de pompier et hélicoptère en passant avec dextérité les « sauts » (rapides), est impressionnant.
Les courses
Pour se nourrir, ou plus largement consommer, les Guyanais sont dépendants du fret maritime et aérien. 80 % des denrées consommées sont importées, faisant grimper les prix des produits alimentaires, estimés 39 % plus chers que dans l’Hexagone selon une récente publication de l’Insee. Il n’est pas rare de trouver un dentifrice à 5 € ou une plaquette de chocolat à 8, alors que la TVA n’existe pas en Guyane. « Le marché permet tout de même de se remplir le ventre pour moins cher », estime Nelly Attomoye, croisée dans le dédale du marché de Cayenne.
Fruits exotiques, manioc, patate douce, igname y garnissent les étals des agriculteurs Hmongs, peuple originaire de Chine, du Laos et du Vietnam, considéré comme les Harkis d’Indochine et installé par l’État français en Guyane à partir de 1977 dans l’idée de peupler le territoire et développer l’agriculture. Quarante-six ans plus tard, les Hmongs représentent 2 % de la population mais produisent 70 % des denrées alimentaires.
La maison
Hormis le « carbet » traditionnel, une construction en bois typique des cultures amérindiennes, l’habitat ressemble à celui que l’on retrouve dans l’Hexagone. Ce qui distingue néanmoins la Guyane est la part importante de bidonvilles, appelés localement des « squats ». D’après l’Insee, un logement sur six est indigne, 20 % sont sans eau potable et 37 % sans électricité. Pour faire face aux besoins de logements et répondre à la croissance démographique, une Opération d’intérêt national sur le foncier a été décrétée en 2016. Depuis, un établissement public d’aménagement foncier doit construire 24 écoquartiers d’ici 2031.
Le lieu emblématique
Sauvage, la Guyane est un paradis pour les amoureux de la nature. Les deux plus grands parcs nationaux de France s’y trouvent. Le territoire est aussi connu pour être un haut lieu de ponte des tortues luths, vertes et olivâtres. Autres lieux emblématiques : le Centre spatial guyanais de Kourou et les vestiges du bagne tel le camp de la Transportation de Saint-Laurent-du-Maroni, décrit dans l’ouvrage Au Bagne d’Albert Londres, et les îles du Salut au large de Kourou où Alfred Dreyfus fut déporté de 1895 à 1899 et où la légende de Papillon s’est forgée.
La particularité méconnue
Il est très difficile de ne choisir qu’une particularité tant la vie quotidienne en Guyane diffère du rythme et de l’ambiance hexagonale. Ce qui est le plus frappant, c’est le multiculturalisme de la société guyanaise. En découle une très grande diversité culinaire, culturelle et linguistique. Trente-neuf locutions différentes sont parlées en Guyane (français, anglais, espagnol, chinois, portugais, créoles, langues bushinengue et amérindiennes…), véritable carrefour de cultures et enclave de l’Union européenne en Amérique du Sud.
Les loisirs
Si le tour cycliste de Guyane en août et les matchs de la sélection de football (« Yana doko ») drainent les foules, c’est le carnaval qui est plébiscité par une majorité des habitants du territoire. Véritables attractions culturelles, les festivités s’étendent sur neuf semaines, de janvier à mars, faisant du carnaval de Guyane le plus long du monde.
Le folklore est assez codifié avec ses bals parés-masqués où dansent les touloulous, ces femmes intégralement recouvertes de vêtements pour ne pas être identifiables, ou encore les mariages burlesques où les hommes se déguisent en femmes et vice-versa, y compris des personnalités politiques de premier plan.
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