Durant les nombreuses discussions qui ont marqué cette visite, l’enjeu de la langue aura touché une corde sensible pour de nombreux jeunes. L’extinction des langues autochtones au Canada, tout comme en Guyane, semble particulièrement les préoccuper.
[Certains jeunes Autochtones du Canada] étaient tristes de ne pas pouvoir parler leur langue. Moi, ça m’a touché
, admet Malcolm Aloike.
Katie Do Nascimiento, quant à elle, y voit un fort lien avec sa propre communauté.
Aujourd’hui, les jeunes [de Guyane ne parlent] que le français, le créole et d’autres langues, alors ils oublient leur langue maternelle
, explique-t-elle. [Les Autochtones du Canada] nous ont dit que la langue, c’est le plus important pour transmettre les savoir-faire.
Au-delà de la langue, des enjeux comme le racisme et le harcèlement, notamment dans les institutions scolaires, ont également émergé comme des enjeux transcendant les frontières.
Les histoires, les coutumes, l’environnement… On a des similitudes comme Autochtones, on se comprend
, résume Brian Monpera.
Un accueil chaleureux
Ces Autochtones d’Amérique du Sud ont également été charmés par l’accueil de leurs voisins du Nord.
À chaque fois, on nous disait : Regardez, nos frères et sœurs sont venus de Guyane
, se rappelle Brian Monpera. L’atmosphère fraternelle a été agrémentée par des échanges de cadeaux.
Chez nous, on ne dit pas merci. On offre quelque chose à l’autre pour le remercier
, ajoute-t-il.
(De gauche à droite) Brian Monpera (Teko), Lydie Yubitana (Arawak), Malcolm Aloike (Wayana), Erika Alamelama (Kali’na) et Katie Do Nascimiento (Palikur) ont été sélectionnés pour rencontrer des jeunes Autochtones du Québec.
Photo : Radio-Canada / Philippe Granger
Les feux de forêt dans la province ont empêché le contingent de visiter les Atikamekw à Obedjiwan et La Tuque. Les jeunes voyageurs, qui devaient assister à un pow-wow, ont dû changer leur itinéraire pour finalement visiter la communauté de Mashteuiatsh, en plus de pouvoir assister au Festival Kwe de Québec.
Qu’est-ce que la Guyane?
Parfois appelée Guyane française
, la Guyane est une collectivité territoriale française d’un peu moins de 300 000 habitants située en Amérique du Sud. Elle constitue un des départements et régions d’outre-mer de France, comme la Martinique. Grosse comme l’Autriche, elle est la deuxième région de France en termes de superficie.
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David Marius Zidoc est un jeune Wayampi.
Photo : Gracieuseté de Peupl’en Harmonie
Les Autochtones du Québec sont « très soudés »
Si ces jeunes Guyanais sont très fiers de leur peuple, il reste que leur visite au Québec aura su les inspirer à de nombreux égards.
Erika Alamelama est métisse. Avouant être passée par un questionnement identitaire, elle juge aujourd’hui que ce voyage et ces rencontres lui auront permis de mieux assumer ses origines autochtones.
Le fait que je ne sois pas la seule qui soit toujours en recherche de sa culture, ça fait du bien
, souligne-t-elle.
Katie Do Nascimiento est une jeune Palikur qui souhaite enseigner sa langue maternelle aux gens de sa région.
Photo : Radio-Canada / Philippe Granger
L’esprit de solidarité entre les peuples autochtones du Québec aura également inspiré les jeunes en visite.
Les Autochtones [du Québec], ils sont très soudés, comparativement à la Guyane
, note Brian Monpera.
Ce dernier espère pouvoir importer cette fraternité chez lui. Il se réjouit de voir que le voyage qu’il a effectué aura déjà permis de bâtir de nouveaux ponts entre les communautés autochtones de la Guyane.
Celui qui veut devenir guide touristique dans sa région s’étonne d’ailleurs du développement touristique des Autochtones de la région.
Ici, le tourisme autochtone pèse 169 millions de dollars, alors que là-bas [en Guyane], on essaie juste de demander un prêt et ils nous bloquent.
Erika Alamelama est une jeune Kali’na.
Photo : Radio-Canada / Philippe Granger
Une exploitation polluante du territoire
L’exploitation de l’or (ou orpaillage) est l’un des enjeux les plus importants qui affligent les communautés autochtones.
L’orpaillage illégal constitue une activité de masse en Guyane, dévastant des forêts et contaminant des rivières, et fragilisant la situation sociale, géographique et sanitaire des Autochtones de la région.
Les jeunes Autochtones interviewés jugent que le gouvernement français devrait en faire plus pour défendre leurs droits.
Nous, on tient beaucoup à nos fleuves. C’est grâce à nos fleuves qu’on va à la pêche, qu’on va à la chasse. C’est ce qui nous relie à notre spiritualité
, explique Brian Monpera.

Brian Monpera est un jeune Teko qui souhaite devenir guide touristique.
Photo : Gracieuseté de Peupl’en Harmonie
Il y a un peu plus d’un mois, le chef coutumier de la communauté de Brian Monpera, Guy Barcarel, est mort d’un accident de pirogue alors qu’il essayait de protéger la rivière.
Visiblement frustré, Brian compte suivre les pas de son chef coutumier.
Je voudrais continuer sur cette voie-là pour faire entendre aux autorités françaises qu’il faut faire bouger les choses
, affirme-t-il.
Certes, on a la nationalité française, mais, franchement, on n’est pas reconnus plus que ça.
Si ça continue, on va faire comme ici [au Canada] et on va montrer nos vrais moyens
, ajoute-t-il.
Brian Monpera souhaite également que l’action gouvernementale ne se limite pas à l’orpaillage et qu’elle vise d’autres problématiques majeures de la Guyane.
Il y a beaucoup d’Amérindiens qui n’ont pas d’emploi
, donne-t-il comme exemple.
Jeune Wayana, Malcom Aloike est de retour dans sa communauté depuis peu. Il a passé quatre ans à Orléans (en France dite « métropolitaine ») afin de s’impliquer dans l’armée de l’air.
Photo : Radio-Canada / Philippe Granger
Toujours des Amérindiens
Si l’utilisation du terme Amérindien
est devenue dépassée au Canada, il reste encore d’usage en France. En fait, il n’est pas du tout rare de voir le terme Amérindien
se retrouver çà et là dans des documents de recherche, des sites Internet et même – parfois – dans le vocabulaire même des jeunes Autochtones.
Moi, je me considère juste Teko. Je suis fier de l’être. Je le montre de par mes actes, de par mes paroles, de par ma couronne, de par ma cravate traditionnelle. Les Français nous appellent comme ça, car ils ne connaissent pas notre culture
, explique Brian Monpera.
Ils ne nous connaissent pas
, renchérit Malcolm Aloike.
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