Au Nord et Sud Kivu, 85 % des établissements de santé sont touchés par des pénuries de médicaments, tandis que près de 40 % ont vu un exode du personnel de santé. Les coupes budgétaires américaines sur l’aide humanitaire en RDC ont provoqué une crise majeure, avec des conséquences immédiates sur les populations vulnérables et les services essentiels.
Dans cet entretien qu’il a accordé à la DW, Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’Onu et Coordinateur humanitaire, revient sur les conséquences de ces coupes budgétaires.
DW : M. Lemarquis quel est l’impact aujourd’hui des coupes budgétaires américaine sur le secteur humanitaire congolais ?
Bruno Lemarquis : Le Congo était le pays au monde le plus dépendant de l’aide humanitaire des Etats-Unis d’Amérique. Et donc, ça s’est plus ou moins tari pour le moment. Donc, la communauté humanitaire n’est plus en mesure de répondre à tous les besoins humanitaires, surtout à l’Est. Je dis toujours que la meilleure manière d’avoir une bonne réponse humanitaire, c’est de diminuer les besoins humanitaires. Il y a vraiment une opportunité, du fait de cette crise, pour tous se réveiller. Il faut prendre ce moment important pour susciter au niveau politique, une vraie prise de conscience, pour que les questions de prévention, d’anticipation et de gestion des risques soient mises au centre des politiques du pays.
DW : En début d’année, la prise de Goma et Bukavu par l’AFC/M23 est venu aggraver la situation humanitaire. Selon OCHA, plus de 21 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et environ 1 million de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins. A cela s’ajoutent environ 6 millions de déplacés internes dans le pays. On a l’impression que l’hémorragie dure depuis toujours et que cela ne s’améliore pas au fil des ans…
Bruno Lemarquis : Cette crise humanitaire, moi je l’appelle toujours la plus prolongée au monde puisqu’elle a à peu près 30 ans. Une crise aux proportions épiques parce qu’on parle en dizaines de millions de personnes qui sont touchées. Une crise qui est souvent négligée au niveau politique et médiatique. Elle est moins présente sur les écrans de télévision que d’autres crises au monde. Je considère qu’elle est un peu parfois tolérée parce que comment est-ce possible qu’une crise dure 30 ans avec tant de souffrances humaines ? C’est une crise essentiellement de protection qui vise surtout les femmes et les filles.
Ce sont elles les premières victimes de ces crises. Et c’est une crise de déplacement puisqu’en ce moment, les derniers chiffres qu’on a validé, c’est 5,7 millions de déplacés internes au Congo. Des besoins vraiment énormes auxquels les humanitaires font tout pour répondre.
Mais dans le contexte actuel de coupures financières, il y a beaucoup de services qui sont maintenant très contraints, qui ont dû être réduits par les partenaires qui appuient toutes ces toutes ces femmes et ces filles. Je donne un exemple d’impact : c’est ce qu’on appelle les pep kit, les kits de prophylaxie post-exposition, post-viol. Il y a une rupture de l’approvisionnement. Ça, c’est un impact direct des coupures budgétaires sur les femmes et les filles.
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