Encore épinglée par le Comité olympique, la Fédération française de taekwondo s’enfonce dans la crise
Alors que les fédérations sportives commencent à envisager les élections pour la mandature 2024-2028 qui auront lieu au lendemain des JO, la Fédération française de taekwondo, n’a toujours pas réglée celles de 2020 !
Le 3 mai 2023, l’élection d’Hassane Sadok, en 2020, (et de délégués dans 6 régions) avait été annulée par le tribunal judiciaire de Lyon, qui pointait alors de nombreuses irrégularités. Notamment des élections organisées en présentiel, alors qu’en raison du Covid les déplacements des Français étaient limités, ce qui avait eu une incidence sur le taux de participation. Ou encore des candidats empêchés de se présenter, ou d’autres, invités à se présenter, sans respect du processus électoral.
Il y a un an, un mandataire judiciaire avait été nommé afin de relancer l’ensemble du process. Le hic, c’est que, coup sur coup, deux procédures ont été épinglées par le conciliateur du Comité olympique français (CNOSF), saisi par un groupe de requérants, qui depuis plusieurs années déjà, n’ont de cesse – avec leur avocate Tatiana Vassine – de dénoncer de graves manquements au sein de la Fédération.
En janvier, le conciliateur avait ainsi conseillé à la Fédération de recommencer les élections des délégués (qui siègent ensuite à l’assemblée générale et élisent le président de la fédération), qui avaient eu lieu en novembre 2023. « La désignation de l’administrateur par le tribunal devait remédier à ces graves dysfonctionnements. Au contraire, ils ont été perpétrés par un administrateur qui a choisi son camp. On marche sur la tête ! », dénonçait alors maître Tatiana Vassine.
Les personnes qui ont voté n’étaient pas autorisées à le faire !
Vendredi, le conciliateur à une nouvelle fois pointé du doigt la fédération, et donc l’administrateur. La mise en place des élections ayant tardé, la Fédération a dû organiser une assemblée générale afin de se mettre en conformité avec la loi sur le sport, entrée en vigueur le 1er janvier 2024 et qui impose un nouveau mode électoral.
Nouveau souci : les personnes qui ont voté pour la modification des statuts n’étaient pas autorisées à le faire ! « Le conciliateur ne peut que constater que les présidents de ligues ont pris part à l’assemblée générale avant même que les statuts leur permettant d’y participer n’aient été soumis au vote de ladite assemblée, en contradiction avec les préconisations de la directrice des sports du ministère des sports. » est-il noté dans le rapport, que nous avons pu consulter. Visiblement agacé, le conciliateur pointe même l’argument « quelque peu fantaisiste, soulevé par la Fédération ».
Le Ministère des sports devrait lancer une Inspection Générale
À 129 jours des Jeux, la fédération est donc dans une drôle d’impasse. Prévue début mars, l’AG qui devait procéder à l’élection du président a été repoussée, dans l’attente de l’avis du CNOSF, qui est donc favorable aux requérants. Libre à l’administrateur de le suivre ou non. Mais il est plus que probable que si les élections ont lieu dans ces conditions, elles seront frappées d’irrégularités, puis annulées. L’administrateur a également la possibilité de reprendre la procédure à zéro (comme il a tenté de le faire en novembre 2023), mais les délais semblent désormais bien courts pour que la Fédération ait un président avant les JO.
Selon nos informations, face au marasme, le Ministère des sports qui veille « à ce que les problèmes de gouvernance ne détériorent pas les conditions de préparation des sports pour Paris 2024 », devrait prochainement lancer une Inspection Générale.
En 2016, juste avant les Jeux olympiques de Rio, un rapport de l’IG avait très largement épinglé l’équipe dirigeante de l’époque : dépenses à caractère personnel de certains dirigeants (billets de transport à des membres de leurs familles, achats de médicaments et même la location d’un tracteur !), frais de déplacements gonflés, aides au logement, utilisation de lignes téléphoniques (et achats de téléphone) sans justification sur les attributions (jusqu’à 25 000 euros par an), utilisation de la CB de la fédération par un dirigeant n’ayant aucun statut juridique, dépenses par un autre sans justificatifs, primes versées à des clubs et à des Ligues sans justifications…
En 2016, les inspecteurs préconisaient de sévères sanctions à l’encontre de dirigeants et cadres techniques. Huit ans plus tard, certaines de ces personnes œuvrent toujours à la Fédération.
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