Entre les États-Unis et le Mexique, le nouveau mur est numérique

[Cet article est extrait du hors-série n°96 de Courrier international, « L’atlas des migrations »]

À Tijuana, [à l’extrême nord-ouest du Mexique,] la levée du titre 42 n’émeut pas grand monde. À quelques heures de l’expiration de la mesure qui permettait l’expulsion immédiate des migrants irréguliers, la situation reste calme dans la ville-frontière. Quelques centaines de personnes à peine ont monté un campement entre les deux murs en attendant de se livrer aux autorités états-uniennes. Pendant ce temps, des milliers d’autres attendent tranquillement à l’intérieur des centres d’accueil de la ville, téléphone en main, dans l’espoir d’obtenir un rendez-vous sur l’application mobile qui centralise les demandes d’asile aux États-Unis. À Tijuana, le vrai mur est numérique.

Il est 9 heures du matin, le café est encore sur la table et Yineysi Olalde est déjà excédée. Cette Cubaine de 34 ans se bat contre un bug de l’application CBP One qui lui a fait perdre sa place dans la file d’attente virtuelle pour obtenir un entretien auprès des services de l’immigration. Autour d’elle, dans le centre d’accueil Juventud 2000, au cœur de Tijuana, d’autres migrants la consolent : comme chaque jour depuis janvier, il y aura d’autres occasions demain. Yineysi Olalde est arrivée à Tijuana il y a un mois. Elle a quitté La Havane en décembre et, après avoir traversé l’Amérique centrale, elle a dû attendre trois mois à Tapachula, à la frontière sud du Mexique. Là-bas, elle a obtenu un permis de séjour d’un an dans le pays. C’est son dernier délai : si d’ici là elle ne réussit pas à rejoindre les États-Unis, elle cherchera refuge au Mexique. “Je ne compte pas essayer d’entrer illégalement”, assure-t-elle. Pour elle, la fin du titre 42 ne change rien : “Je ne vais pas prendre de risques.”

“Pour l’instant, les gens sont calmes”

À Tijuana, beaucoup d’autres candidats à l’immigration sont du même avis. Le travail d’information des grands centres

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