Les tests s’enchaînent en Allemagne et en Guyane française, et le lanceur européen pourrait effectuer son vol inaugural durant le premier semestre 2024. Si tout va bien.
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Les moteurs s’allument enfin, et c’est comme autant de lumières au bout du tunnel. Le développement d’Ariane 6 entre maintenant dans sa dernière ligne droite, ont annoncé lundi les responsables de l’ESA (agence spatiale européenne), du CNES (centre national des études spatiales) et d’ArianeGroup, au cours d’un point presse.
« Nous avons stabilisé le planning, et les essais se déroulent bien pour l’instant, même si nous avons encore des tests critiques devant nous. Je pense que, si tout se passe bien, le lancement pourrait ne pas intervenir trop tard l’année prochaine », a déclaré, prudent, Josef Aschbacher. Le directeur de l’ESA a précisé que la période de lancement devrait être décidée en octobre après le test long du moteur Vulcain. La première mission commerciale pourrait avoir lieu dans les six mois suivant le vol inaugural.
Le moteur Vulcain allumé ce mardi
Comme sa prédécesseure, Ariane 6 se composera de deux étages. Le premier se trouve en phase de test sur l’Ensemble de Lancement n°4 du Centre spatial guyanais, à Kourou. Il devrait faire l’objet ce mardi matin d’un premier essai à chaud, avec l’allumage pendant quatre secondes du moteur Vulcain 2.1. Un second test sera programmé le 3 octobre. Cette fois, le moteur sera poussé à pleine puissance pendant huit minutes – durée identique à celle d’une mission réelle. Cette étape sera décisive pour la qualification de l’étage inférieur.
Quant à l’étage supérieur, assemblé dans l’usine d’ArianeGroup à Brême en Allemagne, il a déjà enchaîné depuis l’automne dernier plusieurs tests à chaud à Lampoldshausen (Bade-Wurtemberg), où se trouve le banc d’essai de l’agence spatiale allemande DLR. Vendredi dernier, le moteur a effectué une première séquence complète, durant laquelle son moteur Vinci a fonctionné pendant 11 minutes.
Réallumable jusqu’à quatre fois, le moteur Vinci est une des principales innovations d’Ariane 6. C’est lui qui doit permettre au lanceur européen d’injecter des charges utiles sur différentes orbites. Un dernier essai est prévu à l’automne afin de tester le comportement de l’étage en mode dégradé. « Nous avons une logique de développement progressif pour garantir la fiabilité, car la fiabilité est un des atouts d’Ariane depuis le début », a expliqué Martin Sion, président exécutif d’ArianeGroup.
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Un carnet de commandes déjà plein
Ce point d’étape tenait également de l’exercice de transparence, après les ajournements à répétition de ces dernières semaines. Le 18 juillet, un premier essai à chaud du moteur Vulcain avait été repoussé au 29 août, avant de l’être à nouveau à ce mardi 5 septembre.
Le coût de développement d’Ariane 6 s’élève jusqu’à présent à quatre milliards d’euros. Le premier vol était initialement prévu en 2020, mais le projet a pris énormément de retard, privant l’Europe d’accès indépendant à l’espace : Ariane 5 a tiré sa révérence en juillet, le lanceur léger Vega-C accumule les problèmes techniques, et les fusées russes Soyouz ont été retirées de Kourou après le début de la guerre en Ukraine.
Pensée comme polyvalente et modulaire, Ariane 6 doit permettre à l’Europe de revenir dans la course face à SpaceX, dont les fusées réutilisables ont fait chuter les coûts et rendu intenables les tarifs pratiqués par Ariane 5. Le lanceur européen s’est toutefois taillé une solide réputation de précision et de fiabilité, qui reste intacte : les carnets de commandes sont pleins avec 28 missions prévues, alors que la fusée n’a pas encore décollé.
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