Nocturnes & Barcarolles
Les Treize Nocturnes. Les Treize Barcarolles. Dolly. Avec Marc-André Hamelin et Cathy Fuller (piano)
Le grand pianiste canadien Marc-André Hamelin s’impose en maître dans les deux cycles majeurs composés par Gabriel Fauré, dont 2024 célébrera le centenaire de la mort. Du lyrisme ardent, imprégné de romantisme, de la jeunesse à la sobriété dépouillée, voire austère, des pièces tardives, Hamelin épouse la trajectoire d’une œuvre courant sur toute une vie, conjuguant délicatesse virtuose et clarté polyphonique dans un jeu coloré d’une grande expressivité. Empreints de passion et d’ardeur, les premiers Nocturnes, proches encore du style de Camille Saint-Saëns, qui fut son professeur, iront en s’égaillant sur le plan harmonique, avant d’atteindre peu à peu à l’obscurité, entre ascèse et résignation. Les Barcarolles – avec leur rythme berceur issu du chant des gondoliers – évoluent elles aussi au fil de l’eau et du temps, entre visions fuligineuses et lueurs d’espoir. A l’inverse de ceux qui l’enveloppent si souvent dans la naphtaline pseudo-poétique de la modalité, Marc-André Hamelin encourage les humeurs, aiguise angles et rugosités, rendant au compositeur chair et battements de cœur. C’est avec son épouse, la pianiste Cathy Fuller, que le pianiste interprétera « en famille » Dolly, la charmante suite à quatre mains écrite par Fauré pour la fille d’Emma Bardac, future Mme Debussy. Marie-Aude Roux
Hyperion Records.
Debussy – Ravel – Attahir
Œuvres de Claude Debussy, Benjamin Attahir et Maurice Ravel par le Quatuor Arod.
Apparu très tôt sur la scène contemporaine, Benjamin Attahir (34 ans) a dépassé depuis longtemps le stade des promesses, comme en témoigne Al Asr, qui apparente d’abord le quatuor à cordes à un métier à tisser, dont la production, nullement mécanique, aboutit à des textures de toute beauté. Changement de piqué, ensuite, avec une activité qui évoque celle d’un essaim d’abeilles. Tour à tour soyeux et incisif, le tapis vaguement oriental d’Attahir se double d’une dimension spirituelle très prenante. Les Arod affichent un semblable engagement, tantôt fougueux, tantôt subtil, au service de Maurice Ravel, dont le Quatuor à cordes bénéficie ici d’une nouvelle édition critique. Interprété au début, celui de Claude Debussy fait, en revanche, figure d’intrus, par son interprétation policée, dans un programme à dominante plastique. Le Quatuor Arod : ménage à quatre, film du documentariste Bruno Monsaingeon proposé en DVD bonus, permet d’appréhender les enjeux d’une telle formation. « Le quatuor est un animal qui se transforme tous les jours », y déclare Jérémy Garbarg, le dernier venu. L’« animal », qui fête son dixième anniversaire en 2023, a effectivement beaucoup changé depuis sa naissance, puisque ni Garbarg, le violoncelliste, ni l’altiste actuel, Tanguy Parisot, n’étaient de la partie en 2017, lors de la création d’Al Asr ; ce qui ne semble pas avoir nui au premier enregistrement mondial du magnifique opus d’Attahir. Pierre Gervasoni
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