« Il instrumentalise la science » Les films de Christopher Nolan jugés par des scientifiques. Le verdict est sans appel
News culture « Il instrumentalise la science » Les films de Christopher Nolan jugés par des scientifiques. Le verdict est sans appel
Généralement, les films de Christopher Nolan vont allègrement puiser dans les domaines scientifiques pour enrober le scénario principal. Du côté des spectateurs, on se laisse souvent emporter par la maîtrise du réalisateur, mais qu’en pensent les scientifiques ? S’il n’y a aucun doute que les longs-métrages du réalisateur font appel à la suspension consentie de l’incrédulité, il y a tout de même du positif même si son travail consiste, avant tout, à se servir de la science plutôt que de la retranscrire telle quelle.
Utiliser la science pour divertir, la technique de Christopher Nolan
Homme de cinéma avant tout, Christopher Nolan n’en est pas moins un cinéaste curieux. Lorsque l’on plonge dans sa filmographie, on se rend rapidement compte qu’il y a souvent un dénominateur commun. S’il l’a quelque peu délaissée lors de la production de sa trilogie consacrée au Chevalier Noir de Gotham, Christopher Nolan est passionné par la science. Lui-même ne s’en cache pas quand il explique que la science lui apparaît comme « un inépuisable vivier de grands drames ». Son dernier chef-d’oeuvre Oppenheimer en est clairement l’exemple parfait puisqu’à travers son personnage, Nolan illustre l’instrumentalisation de la physique nucléaire à des fins politiques et ses tragiques répercussions à plusieurs échelles, principalement sur son personnage principal et sur l’humanité.
Cette instrumentalisation de la science n’est pas forcément un reproche. Dans le cas de la filmographie de Nolan, la science est très souvent le point de départ du divertissement. Memento, Le Prestige, Inception, Interstellar, Tenet… Chacun de ses longs-métrages s’entichent d’un domaine particulier avec l’ambition de piquer la curiosité des spectateurs. Récemment interrogés par nos confrères de Télérama, différents scientifiques ont jugé son travail, applaudissant la manière dont il manie la science du divertissement tout en remettant en contexte la façon qu’il a d’utiliser les différentes autres formes de science plus poussées. Comme le résume si bien Laurent Vercueil, neurologue au CHU de Grenoble, dans l’article de Télérama, ce que Nolan recherche, c’est « le potentiel merveilleux de la science ».
Des scientifiques rendent leur verdict sur les films de Nolan, et ils ne sont pas tendres avec Tenet
Alors, forcément, pour retranscrire ce merveilleux sur les écrans géants des salles de cinéma et intriguer les spectateurs, Nolan n’hésite pas à triturer la science, notamment pour la rendre plausible à défaut d’être réaliste comme le souligne Roland Lehoucq, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique. Toujours selon lui, cette étape qui parcourt bon nombre des films du réalisateur arrive dans un second temps, une fois qu’il a trouvé « un scénario qui tienne la route ». De son côté, Étienne Klein, physicien, philosophe des sciences et directeur de recherches au CEA, surenchérit sur cette idée en déclarant que « Nolan est bien plus intéressé par le scientifique en tant que figure sociale que par le fait scientifique lui-même » dans Oppenheimer.

Nolan n’est donc pas là pour faire de la pédagogie, comme les quelques scientifiques interrogés pourraient le regretter, mais pour instrumentaliser la science à des fins de divertissement. Sur ce point d’ailleurs, les scientifiques qui se sont entretenus auprès de Télérama sont unanimes et saluent les qualités du réalisateur et de ses productions. Sauf peut-être Tenet, décrit comme « un ramassis de rebondissements contraires aux lois de la physique ». Pour eux donc, la plus grande prouesse du réalisateur restera la représentation du trou noir Gargantua dans Interstellar, jugée « absolument bluffante » et « magnifique, même si inexacte ». Il faut dire que le cinéaste britannique s’était alloué les services de Kip Thorne, spécialiste de la relativité générale et prix Nobel de physique, mais qu’il avait su prendre ses distances vis-à-vis de toutes ces données partagées pour offrir quelque chose de plus accessible aux spectateurs. Oui, Nolan instrumentalise la science mais c’est souvent épatant !
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