Moral en berne. En Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les 15-24 ans se disent moins heureux que ne l’étaient les générations précédentes. La bascule y date de 2017 et pourrait survenir cette année ou l’an prochain en Europe de l’Ouest
, selon le World Happiness Report, baromètre annuel du bonheur dans 140 pays, coordonné par le Centre de recherche sur le bien-être de l’Université d’Oxford, l’institut Gallup et le Réseau américain des solutions de développement durable.
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Un problème de gosses de riches pays ? Ce serait trop simple. Mais le fait est que les jeunes d’Afrique subsaharienne, d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est se disent, quant à eux, plus heureux que leurs aînés à leur âge. Résultat : question bonheur, les Allemands et les Français de moins de 30 ans figurent respectivement aux 47e et 48e rangs mondiaux, derrière les Roumains (8e) ou encore les Salvadoriens (17e), dont le pays brille par… son affolant taux de criminalité.
Un isolement alarmant
Les Asiatiques ne sont pas mieux lotis. Il y a un an, inquiet de voir 3,1 % des jeunes vivre totalement reclus
, pour la plupart depuis leur plus jeune âge
, le ministère sud-coréen de la Famille avait débloqué une allocation mensuelle (près de 460 €) pour soutenir la stabilité psychologique et émotionnelle
des 9-24 ans.
Au Japon, ce mal-être des jeunes adultes a même un nom : hikikomori. L’expression, inventée dès les années 1980 pour désigner 1,5 million de jeunes qui vivaient enfermés
, est revenue en force depuis la pandémie de Covid-19…
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Comment sommes-nous censés entamer une conversation ? Ce n’est plus dans la culture de se parler
, a confié un étudiant au chef des services de santé des États-Unis, le Dr Vivek Murthy, qui s’étonnait du silence
régnant sur le campus universitaire de Duke (Texas). Pas un bruit, décrit-il, mais partout, des jeunes, écouteurs sur les oreilles, les yeux rivés sur leurs ordinateurs ou téléphones
.
Le poids des réseaux sociaux
Le Dr Murthy avait publié, dès mai 2023, un rapport alarmant sur les effets extrêmement nocifs
des réseaux sociaux sur la santé mentale des plus jeunes : Les adolescents ne sont pas de simples petits adultes, ils sont dans une phase critique de leur développement cérébral.
Et de leurs relations. Or, en Amérique du Nord comme en Europe de l’Ouest, les ados consacrent en moyenne
4,8 heures par jour
aux réseaux sociaux
». Et entre 2000 et 2020, le temps passé avec leurs amis a diminué de 70 %.
Moins d’amis réels
, plus de stress. Car les écrans n’expliquent pas tout. Les intéressés pointent aussi la crise climatique, les guerres, le manque de perspectives en termes d’éducation et d’emplois, ou encore le prix des logements
, relate Jan-Emmanuel De Neve. Pour le pilote de l’étude et directeur du Centre de recherche sur le bien-être de l’Université d’Oxford, ces jeunes vivent l’équivalent d’une crise de la quarantaine
.
Reste un espoir, avec un contre-exemple européen : la Finlande passe pour le pays le plus heureux au monde (le 7e, tempèrent toutefois ses moins de 30 ans)… Chercheuse ès bonheur à l’Université d’Helsinki, Jennifer de Paola y voit le fruit d’une société imprégnée d’un sentiment de confiance, de liberté, et d’un niveau élevé d’autonomie
. Tous en Finlande !
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