Elle a 26 ans, 4 millions d’abonnés sur Instagram, 14, 2 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, plateforme où ses dix titres les plus populaires lui ont permis de dépasser le milliard d’écoutes.
Voilà pour les chiffres. Mais chez Jorja Smith, on croit déceler quelque chose d’autre. Une sorte de magnétisme, un supplément d’âme lui permettant de s’extirper, un peu, de la mêlée mondialisée. Il y a d’abord ce timbre, beau comme du velours (ou des Air Max 95, ses sneakers préférées), mis en avant sur des mélodies soul.
On pense à Blue Lights, son premier hit (une reprise de Sirens, du rappeur Dizzee Rascal), avec son piano mélancolique. Ou encore Where Did I Go, une histoire d’amour déçue et d’un petit gars laissé sur le carreau.
Disque de platine en France, Lost & Found, son premier album sorti en 2018, lui avait valu une pluie de nominations, du Mercury Prize aux Grammy Awards, en passant par les Brit Awards, où elle avait été désignée artiste féminine de l’année.
Affirmation de soi
A vrai dire, cela faisait déjà un moment que Jorja Smith était dans les petits papiers de la profession, elle qui avait été repérée sur YouTube par Guy Moot, ponte de chez Warner, durant son adolescence.
Dans sa ville de Walsall, dans la région des Midlands, cette fille d’un musicien jamaïcain et d’une maman anglaise avait démarré le piano à 8 ans, avant de se tourner vers le chant classique et le hautbois.
« Complètement obsédée » par Amy Winehouse, très inspirée par Alicia Keys, la Britannique a également baigné dans le reggae, le hip-hop, mais aussi le punk-rock.
Sur Falling or Flying, toutes ses influences jaillissent plus distinctement. Après avoir collaboré avec un tas de pointures (Drake, avec qui on lui a prêté une relation, Kendrick Lamar, Kali Uchis, Stormzy ou encore Burna Boy pour l’excellent Be Honest), l’autrice-compositrice-interprète semble avoir poussé le curseur de l’affirmation de soi.
« C’est la première fois que je sors quelque chose avec lequel je me sens totalement en phase », estime-t-elle dans le communiqué accompagnant ce deuxième disque très attendu, produit avec ses amies du duo Damedame*, également originaire de Walsall.
Après un épisode londonien, Jorja Smith a d’ailleurs regagné sa ville natale. Dégageant à la fois de la vulnérabilité et une réelle puissance, entre la sensation de tomber ou de voler, comme le suggère le titre de son nouveau projet, la chanteuse a le sentiment d’être « devenue une femme ».
« J’ai l’impression que c’est naturel. J’ai changé. Mon projet, ma musique vont changer », confiait-elle au printemps au magazine i-D. On attend déjà la suite.
Un petit air de Sud
Sur Falling or Flying (16 titres, FAMM/Because), on peut trouver Little Things, euphorisante piste entre UK Garage et dance, Feelings, morceau aux accents afrobeat (ou afroswing, l’une des déclinaisons du genre) avec J Hus ou encore le plus pop-rock Go Go Go, avec son clip tourné dans les rues de Marseille.
Pour celui de Try Me, l’Anglaise a pris la direction des arènes d’Arles et de la carrière Sarragan, aux Baux-de-Provence. La musicienne est également passée pour la première fois derrière la caméra, afin de réaliser la vidéo accompagnant le morceau Falling or Flying.
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