Jorja Smith, la voix royale de la soul anglaise

Jorja Smith, à Paris, le 11 juillet 2023.

Avant de voir son visage poupon, sa moue adolescente, c’est la voix de Jorja Smith qui séduit. Ce timbre de voix entre falsetto et soprano avec lequel, en 2016, elle suppliait ses amis de fuir les lumières bleues de la police dans le morceau Blue Lights. Cette chanson, accompagnée d’un clip en noir et blanc, puis Where Did I go ?, sortie la même année, seront le début d’une carrière qui la verra remarquée par les plus grands : le rappeur canadien Drake, qui l’invita sur son album More Life, puis sur sa tournée, et l’Américain Kendrick Lamar, avec qui elle partagera, deux ans plus tard, le titre I Am sur la bande originale du film Black Panther.

La chanteuse a alors à peine 20 ans et son premier album, Lost & Found (2018), est écouté dans toute ­l’Europe. Quelques chansons plus tard, auréolée de duos certifiés de diamants, comme sa collaboration avec le roi de l’afrobeat nigérian Burna Boy, elle sort, le 29 septembre, son très attendu deuxième album, Falling or Flying.

Assise sur un canapé en velours, l’Anglaise, 26 ans, avoue : « J’ai du mal à l’assumer et je vous dirais volontiers que je suis encore un bébé. » Puis la fausse ingénue, qui s’est coupé les cheveux au carré, reconnaît : « Peut-être que je trouve cela encore plus difficile parce que j’ai grandi sous les yeux du public. Blue Lights, je l’ai écrit à 16 ans. Je n’ai pas l’impression que les artistes masculins soient autant harcelés au moment de leur passage à l’âge adulte. J’espère que je ne suis plus perçue comme une adolescente, j’ai même la peau dure. » Elle estime être davantage « sûre [d’elle] » : « Il le faut, car c’est fou ce que les gens ont à dire sur mon apparence, mon poids, avec qui je sors, mes relations… »

Obsédée par le dub

La chanteuse en a eu tellement ras le bol qu’elle a fini par quitter Londres, où elle avait emménagé à 18 ans, arrivant de la région de Birmingham, pour poursuivre sa carrière et travailler ses textes : « Londres, c’était incroyable grâce aux opportunités, aux rencontres avec tout un tas de musiciens, mais j’y suis restée trop longtemps. C’est à Walsall que se trouve mon cœur. Rien ne remplace la maison. » Walsall, une petite ville en péri­phérie de Birmingham (« Brum », comme l’appellent ses habitants). Une commune administrative où son père d’origine jamaïcaine travaille au conseil municipal.

Sa mère, anglaise, est créatrice de bijoux. Ses parents lui transmettent leur goût pour la musique. Avant sa naissance, son père joue dans un groupe néosoul. A 8 ans, il l’encourage à prendre des leçons de piano, puis de chant lyrique et, enfin, de hautbois. De cette époque, elle dit avoir gardé l’habitude de faire ses gammes. « J’ai une coach, explique Jorja Smith. Elle m’a enregistré une petite note vocale sur WhatsApp. Elle est au piano et elle me fait faire un tas d’exercices avec ma voix. Certains d’entre eux sont assez horribles, mais c’est bon pour s’échauffer. Pendant que je me douche, je la mets. Quand j’arrive en studio, je la réécoute et je répète. Ma voix est un instrument. Vous accordez un piano ? Vous nettoyez une clarinette ? La voix, c’est pareil. »

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