La diaspora nigériane, bien intégrée dans les milieux urbains américains et londoniens, constitue un vecteur de diffusion important pour la musique nigériane. En consommant activement la musique, les clips et en assistant aux concerts de leurs artistes favoris, ces communautés aident à établir et à renforcer la présence de la musique nigériane sur la scène internationale. Leur soutien va au-delà de la simple consommation. Il s’agit d’une véritable promotion culturelle qui contribue à l’essor du phénomène afrobeat et au-delà.
Parallèlement, il faut retenir que la diaspora nigériane est bien représentée dans l’industrie du disque aux États-Unis et au Royaume-Uni. Cette présence dans des postes clés facilite l’accès des artistes nigérians aux marchés internationaux, leur permettant de collaborer avec des producteurs, des distributeurs et des promoteurs influents. Cette intégration a accéléré le développement de la musique, lui permettant de s’adapter aux standards internationaux et de gagner en professionnalisme.
Internationalisation des artistes nigérians
Cette intégration dans des postes clés offre ainsi aux artistes nigérians des opportunités précieuses pour élargir leur audience et établir des collaborations stratégiques.
Prenons l’exemple de l’artiste nigérian Burna Boy dont la carrière a bénéficié de collaborations significatives avec des producteurs et des artistes internationaux. Son album African Giant, qui comprend des collaborations avec des artistes tels que Jorja Smith et Damian Marley, a été partiellement produit et promu par des professionnels issus de la diaspora nigériane travaillant dans des maisons de disques internationales. Ces collaborations ont non seulement renforcé la qualité et la diversité de sa musique mais ont également élargi son public à l’échelle mondiale.
Il en est de même pour Wizkid. Cet autre artiste emblématique du Nigeria a bénéficié de son réseau dans la diaspora pour collaborer avec des artistes de premier plan comme Drake. Leur titre commun « Come Closer » est un exemple éloquent de la manière dont la diaspora nigériane facilite des partenariats artistiques fructueux, offrant une visibilité accrue et une intégration dans le marché musical international.
Au Royaume-Uni, des artistes tels que Tiwa Savage ont su tirer parti de leur lien avec la diaspora pour accéder à des opportunités de promotion et de distribution inédites. Leur présence sur des plateformes et dans des festivals britanniques de premier plan a été un élément clé dans l’élargissement de leur base de fans au-delà du Nigeria.
Sens du business
Cette présence de la diaspora dans l’industrie musicale va au-delà du simple soutien. Elle a entraîné une intégration stratégique qui a permis aux artistes nigérians d’accéder à des ressources, des connaissances et des réseaux qui étaient auparavant hors de portée. En occupant des postes dans des maisons de disques, des agences de promotion et des entreprises de distribution, les membres de la diaspora nigériane ont directement contribué à l’élévation du professionnalisme et à l’adaptation de la musique du Nigeria aux standards internationaux.
En comparaison, la diaspora francophone est plus éclatée et moins centralisée dans des pôles culturels et musicaux influents, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. Cette dispersion rend plus difficile la création d’un mouvement cohérent et puissant capable de soutenir et de promouvoir la musique francophone africaine sur la scène internationale. La diaspora francophone, bien qu’active et fière de ses racines culturelles, n’a pas le même impact sur l’industrie musicale mondiale que la diaspora nigériane.
L’ascension de la scène musicale africaine anglophone, illustrée par des artistes comme Wizkid, Tems et Rema, est significative de l’expertise, des compétences et des moyens financiers déployés, contrastant fortement avec les défis auxquels fait face la scène francophone.
Des collaborations internationales impactantes
Le cas de Wizkid est emblématique. Sa chanson « Essence », en collaboration avec Tems, est devenue un phénomène mondial, notamment après l’inclusion de Justin Bieber dans le remix. Cette stratégie délibérée a non seulement étendu l’audience de Wizkid, mais a également élevé son statut sur la scène internationale. Le remix avec Bieber, une figure reconnue dans la pop mondiale, a non seulement augmenté ses chiffres de streaming mais a aussi permis à « Essence » de transcender les barrières culturelles et de toucher un public plus large.
Dans le cas de Tems, sa collaboration avec Drake sur la chanson « Fountains » illustre également cette dynamique. Drake, étant une figure majeure de l’industrie musicale mondiale, a offert à Tems une visibilité inégalée. Cette collaboration est un témoignage de la manière dont la diaspora africaine anglophone, bien intégrée dans les marchés musicaux internationaux, peut servir de tremplin pour les artistes africains.
Rema, avec son milliard de streams résultant de sa collaboration avec Selena Gomez, montre comment l’alliance avec des artistes internationaux peut transcender les frontières culturelles et linguistiques, permettant ainsi à la musique africaine de s’ancrer solidement sur la scène internationale. Cette réussite n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une planification stratégique et d’un investissement financier considérable.
En revanche, la scène francophone africaine, malgré un réservoir de talents incroyable, se heurte à des obstacles structurels et financiers. Ces contraintes limitent sa capacité à accéder aux marchés internationaux et à établir des collaborations avec des artistes et des producteurs de renom. Bien que des genres tels que le coupé-décalé ou le makossa soient populaires en Afrique francophone, leur impact sur la scène musicale mondiale reste limité en comparaison de l’afrobeats.
Pour rivaliser sur le plan international, les artistes francophones doivent développer des stratégies de marché plus agressives, forger des alliances internationales et obtenir un soutien financier et professionnel comparable à celui de leurs homologues anglophones. Nul doute que cette démarche nécessitera une collaboration étroite entre les artistes, les producteurs, les distributeurs et les plateformes de streaming pour renforcer la présence et l’influence de la musique francophone africaine à l’échelle mondiale.
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