La forêt du bassin du Congo, ce poumon du monde presque à bout de souffle

La nuit équatoriale est tombée depuis longtemps, des myriades d’insectes tournoient au-dessus de nos têtes, le fleuve Congo coule en contrebas, et Paolo Cerutti déroule son plaidoyer en faveur de la forêt du bassin congolais. « Elle s’étend sur près de 200 millions d’hectares, trois fois la surface de la France, et elle est la dernière forêt tropicale à absorber du CO2. Parallèlement, le pays a l’un des plus forts taux de croissance démographique au monde. Si on n’intensifie pas l’agriculture, une grande partie de cette jungle aura disparu avant la fin du siècle. » Nous sommes au cœur de la République démocratique du Congo (RDC), dans l’ancien centre d’études agronomiques de Yangambi. L’Italien Paolo Cerutti est arrivé ici il y a vingt ans et a patiemment orchestré, avec le Centre de recherche forestière internationale (Cifor) et des financements de l’Union européenne, la renaissance de cette plantation, qui avait été une réserve scientifique de référence pendant la colonisation belge. Puis qui était tombée en désuétude après l’indépendance, en 1960.

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Une ampoule grésille, Paolo Cerutti poursuit : « Notre objectif, c’est à la fois d’étudier cette forêt de manière approfondie, de la préserver et de la reconstituer, mais aussi de proposer des opportunités économiques pour les habitants établis sur ce territoire. » Avec ses équipes, il met sur pied un tas d’activités destinées à encourager une exploitation plus durable de cet espace vital pour la planète. Depuis 2019, quelques fermes pilotes proposent des techniques alternatives à l’agriculture itinérante sur brûlis (qui consiste à brûler de nouvelles parcelles de forêt chaque année pour accéder aux terres fertiles, que les pluies érodent vite, obligeant à sans cesse recommencer l’opération) : elles mettent en valeur l’agroforesterie, la rotation des cultures et les petits élevages. « Les déjections du bétail fournissent un fertilisant naturel, qui permet de pérenniser les cultures, explique-t-il. Ainsi, les agriculteurs n’auront plus besoin d’étendre leurs surfaces chaque année. » De nouvelles cultures de café et de riz sont expérimentées, des puits ont été creusés pour donner un accès direct à l’eau potable, les ruches produisent du miel vendu sur les marchés des environs.

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