« La France est prête » pour les Jeux olympiques, estime Gérald Darmanin

Le ministre de l’Intérieur sera en déplacement jeudi 7 mars 2024 à Châteauroux, où il visitera le site des épreuves de tir des Jeux olympiques. Joint par téléphone mercredi, il répond à nos questions sur la sécurité pendant les Jeux.

La France est-elle prête à accueillir les Jeux olympiques ?

Gérald Darmanin : « Oui, la France est prête. On est capable d’organiser le plus grand événement mondial, même si la France ne l’organise qu’une fois par siècle (la dernière fois était en 1924). Nous l’avons montré : nous avons organisé l’année dernière la Coupe du monde de rugby sans aucun problème, dans un contexte géopolitique compliqué, ainsi que la venue du Saint-Père à Marseille dans les quartiers nord. Nous sommes capables d’organiser une magnifique fête du sport l’été prochain. »

Quelles menaces avez-vous identifiées ?

« Il y a plusieurs types de menaces. Une menace terroriste, la principale, dans un contexte où on veut frapper la France et l’Europe, à l’heure où Al-Qaida et Daech reconstituent des cellules d’action. Il y a des menaces qu’on pourrait qualifier de contestataires : des gens qui veulent perturber la fête. Ça peut être les environnementalistes radicaux, des contestations sociales…

« Il y a la menace technologique – comme les attaques de drones –, la plus moderne qu’on puisse avoir. Comme en Ukraine, où on voit des drones chargés d’explosifs qui visent les foules. Il y a la menace cyber, qui peut toucher la billetterie, les hôpitaux ou le fonctionnement des services de sécurité. Et puis, il y a des menaces qu’on pourrait qualifier d’ordre public, c’est-à-dire de délinquance ou de mouvement de foule. Le ministère de l’Intérieur se prépare à toutes ces menaces. Ça fait trois ans que j’y travaille quasiment tous les jours. Mais à ma connaissance, il n’y a pas de menace caractérisée aujourd’hui qui touche les Jeux olympiques. »

Les quais bas et hauts, c’est l’équivalent de quatre stades de France

Gérald Darmanin

Pour la cérémonie d’ouverture, la jauge a été abaissée de 600.000 à 320.000 spectateurs. Aviez-vous surestimé vos capacités à assurer la sécurité ?

« Non, il y aura toujours environ 575.000 spectateurs. Il y a 104.000 personnes qui achètent des billets auprès du comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), pour être sur les quais bas de la Seine. Pour les quais hauts, on est passé à 205.000, car on a sauvegardé les bouquinistes sur décision du président de la République, ce qui fait à peu près 70.000 personnes de moins. Il y a toujours 200.000 personnes chez elles, depuis des appartements, des hôtels ou des péniches. Et puis il y a à peu près 50.000 personnes devant les écrans géants. Les quais bas et hauts, soit les spectateurs les plus directs, c’est l’équivalent de quatre stades de France. Donc c’est un énorme travail de sécurité et d’organisation. »

Que représente le budget de la sécurité des JO ?

« Pour l’instant, nous sommes à 200 millions d’euros inscrits dans le budget du ministère de l’Intérieur. La sécurité privée, par exemple, dépend soit des communes, soit du Cojo. Les armées contribuent aussi à la sécurité. Ce sont elles qui vont garder les bateaux qui vont défiler sur la Seine, et elles qui vont organiser les épreuves de voile à Marseille ou celles de surf à Tahiti. »

Nous avons bien travaillé sur les flux

Gérald Darmanin

En 2022, l’image de la France à l’international avait pris un coup, en raison de dysfonctionnements dans le dispositif de sécurité autour du stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions. Quel bilan avez-vous tiré de cette manifestation ?

« C’était avant tout un sujet de transport. Il y a eu des changements de flux, du fait de RER qui ne fonctionnaient pas pour des raisons sociales, qui ont été mal gérés ensuite par la préfecture de police. Le préfet de police aura cette fois l’intégralité du pouvoir sur cette question, et nous avons bien travaillé sur les flux. Au Stade de France, en deux ans, il s’est passé d’énormes événements : des concerts, la Coupe du monde de rugby, des finales, où il ne s’est absolument rien passé. 

« Deuxièmement, il y a eu des problèmes de délinquance. Ils ont été réglés : on a fait beaucoup d’opérations anti-délinquance en Seine-Saint-Denis, autour du Stade de France. Troisième sujet, nous n’avions pas, à l’époque, la vidéo intelligente. C’est ce qui nous permet de repérer, par exemple, des personnes venant à contresens ou des mouvements de foule. »

Les congés des policiers et gendarmes sont suspendus pendant la période des Jeux. Comment va être gérée la période septembre-octobre, quand ils pourront prendre les congés qu’ils n’ont pas pu poser ?

« Les policiers, gendarmes et les agents de préfecture vont faire un effort très important : ils ont interdiction de prendre des congés entre fin juillet et début août. Nous allons évidemment organiser les choses pour que chacun puisse prendre des repos légitimes. Nous avons créé onze unités nouvelles de CRS ou de gendarmes mobiles. Elles prendront le relais de ceux qui partent en congé en septembre ou en octobre. Nous allons organiser les services pour que tout le monde ne prenne pas ses congés en même temps. »

Toutes les plaintes pour violences conjugales […] sont prises

Gérald Darmanin

Nous sommes à deux jours de la Journée internationale des droits des femmes. La parole se libère, le nombre de plaintes pour violences conjugales augmente. Toutes ne sont pas instruites. Que mettez-vous en place pour une meilleure prise en charge ?

« Il y a une révolution : toutes les plaintes pour violences conjugales et sexuelles, pour agression sexuelle, pour violence contre des enfants, sont prises. Après, la question qui se pose, c’est la véracité des faits. C’est le travail que fait la justice. Le travail des policiers et gendarmes, lui, est fait. Pour toute personne qui dépose plainte pour violence conjugale, il y a une mise en garde à vue de l’auteur présumé. On a quand même beaucoup amélioré les choses. Et puis, il y a aussi la plainte en visio qui sera disponible, à faire de chez soi, qu’on expérimente et qui sera généralisée à la fin de l’année.

« Aujourd’hui, je suis très fier de la façon dont les policiers et les gendarmes, même si, collectivement, tous ont encore des efforts à faire, ont mené une révolution pour accueillir les victimes de violences conjugales. »

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