Le Duguay-Trouin, deuxième des six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque français, a été admis au service actif. Il rejoint, au sein de l’escadrille des SNA de la Marine nationale, le Suffren, opérationnel depuis juin 2022.
L’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine nationale, a prononcé le jeudi 4 mars l’admission au service actif du Duguay-Trouin, un an après le début de ses essais en mer au large de Cherbourg, où ces bâtiments sont construits par Naval Group. Cette « ASA » intervient à l’issue de la phase 2 de la vérification des capacités militaires du sous-marin, menée à l’occasion de son déploiement de longue durée. Cette VCM avait notamment pour objectif de vérifier le bon fonctionnement du matériel en eaux froides (le Suffren ayant été déjà éprouvé en eaux chaudes suite à son déploiement en océan Indien en 2023), ce qui a conduit le Duguay-Trouin à évoluer en Atlantique. Il s’agissait d’éprouver son endurance. Après une escale à Fort-de-France (la première d’un SNA de la classe Suffren en Martinique) le mois dernier, le tout nouveau sous-marin français a ainsi retraversé l’océan à grande vitesse pour rallier Brest, où il se trouve actuellement. Bien que basé à Toulon, le Duguay-Trouin a donc déjà connu deux moments importants de sa jeune carrière à la pointe Bretagne puisque c’est déjà dans la base navale du Ponant qu’il avait été officiellement livré par Naval Group le 28 juillet dernier.
Comme nous l’avons déjà évoqué, ce déploiement devrait probablement se conclure, avant le retour en Méditerranée, par le tir d’une arme, qui est donc décorrélé de la VCM 2 et de l’admission au service actif du sous-marin. Torpille lourde F21, missile antinavire Exocet SM39, missile de croisière naval (MdCN)… On ne sait pas encore quel type de munition sortira des tubes du Duguay-Trouin. On peut cependant imaginer que dans le contexte actuel, si le ministère des Armées veut « marquer le coup », il ne serait pas surprenant que l’on assiste à un lancement de MdCN. En effet, un seul tir avec le nouveau missile de croisière français dans sa version à changement de milieu conçue par MBDA pour un lancement en immersion, a été réalisé jusqu’ici. C’était le 20 octobre 2020 depuis le Suffren au large du centre DGA Essais de missiles de Biscarosse, dans les Landes. La logique voudrait que la France rappelle à ses « compétiteurs stratégiques » qu’elle met non seulement en œuvre cette arme de premier plan depuis ses frégates multi-missions (FREMM), mais aussi via ses sous-marins, avec désormais deux plateformes opérationnelles pour effectuer des tirs de MdCN, missiles capables de neutraliser des cibles terrestres durcies à grande distance (la portée est d’environ 1000 km).
Et il y en aura bientôt une troisième puisque le prochain SNA de la classe Suffren, le Tourville, devrait débuter vers l’été ses essais en mer en vue d’une livraison espérée à la fin de l’année. Suivra le De Grasse, dont l’entrée en flotte est prévue en 2026, puis les futurs Rubis et Casabianca. La livraison du dernier de la série est désormais bien programmée en 2030, au lieu de 2029, a appris Mer et Marine de sources industrielles. Ce qui fait que le cinquième devrait être réceptionné entre 2027 et 2028.
Les Suffren remplacent pour mémoire les six SNA français de première génération, dont trois exemplaires ont déjà été désarmés, les Saphir (1984-2019), Rubis (1983-2022) et Casabianca (1987-2023). L’Émeraude, en service depuis 1988, devrait prendre sa retraite cette année, avec l’arrivée du Tourville. Puis ce sera au tour des Améthyste (1992) et Perle (1993) à la fin de la décennie.
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