Alors que ses 47 membres sont répartis par grande région, chaque groupe régional présélectionne en général ses candidats approuvés ensuite sans difficulté par l’Assemblée générale. Mais cette année, deux groupes comptent plus de candidats que de sièges : l’Amérique latine (Brésil, Cuba, République dominicaine et Pérou candidats pour 3 sièges) et l’Europe de l’Est (Albanie, Bulgarie et Russie pour 2 sièges).
« Un niveau sans précédent de répression »
Quelques jours après le carnage dans le village ukrainien de Groza, où plus de 50 personnes ont été tuées par une frappe russe, la candidature de Moscou attire tous les regards. « Nous espérons que les membres de l’ONU vont fermement rejeter cette candidature grotesque », a déclaré un porte-parole du Département d’État américain.
« Des membres des forces russes ont commis des violations du droit international humanitaire, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Ukraine », a-t-il notamment dénoncé.
Mariana Katzarova, experte mandatée par le Conseil des droits de l’Homme, a, elle, récemment estimé que la répression en Russie s’est intensifiée depuis l’invasion de l’Ukraine, jusqu’à atteindre « un niveau sans précédent dans l’histoire récente ».
Pour être élu, un pays a besoin de 97 voix sur les 193 États membres. En avril 2022, 93 pays avaient soutenu la « suspension » de la Russie du Conseil, et 24 avaient voté contre. Cette majorité contre la Russie était moins écrasante que celle des résolutions défendant l’intégrité territoriale de l’Ukraine (autour de 140 voix), mais la question du Conseil des droits de l’Homme était plus complexe, certains pays au bilan contestable en la matière craignant de subir un jour le même sort.
À bulletin secret
La particularité du scrutin de mardi est qu’il aura lieu à bulletin secret, dans un monde fragmenté où de nombreux pays se lassent de l’attention portée à l’Ukraine par l’Occident. « Je pense que les diplomates occidentaux à New York sont plutôt inquiets », a souligné Richard Gowan, de l’International Crisis Group, estimant qu’une élection de la Russie serait « une catastrophe pour l’ONU en matière de relations publiques ».
« La Russie dit toujours que beaucoup d’États membres de l’ONU sympathisent avec elle en privé, mais ne la soutiennent pas en public de peur de contrarier les puissances occidentales », a-t-il ajouté. « Moscou espère que le soutien de cette supposée majorité silencieuse dans ce vote secret ».
« Il n’y a pas de modèle de démocratie ou d’État voyou, comme certains le décrivent parfois », a défendu de son côté l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia. « Aucun État membre ne peut affirmer être à l’abri de violations des droits humains ».
Certes, aucun pays « n’a un bilan sans tache », a noté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch. « Mais chaque membre de l’ONU devrait reconnaître que le Conseil a des critères d’appartenance pour lesquels la Russie et la Chine montrent un mépris abject ». L’ONG a ainsi appelé les États membres à ne pas voter non plus pour Pékin en raison notamment des violations des droits de la minorité ouïghoure – la Chine toutefois ne risque pas grand-chose dans le groupe Asie où il y a quatre candidats pour quatre sièges.
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