Comment décarboner la production du riz, l’une des cultures céréalières les plus importantes à l’échelle planétaire ? C’est le défi de taille que se sont donnés Vassily Carantino et James Hastwell, les fondateurs de CarbonFarm. Deux ans après avoir mis sur pied cette start-up française, ils viennent d’annoncer une levée de fonds de 2,5 millions d’euros (dont 75% en fonds propres).
Parmi les investisseurs intéressés par leur promesse environnementale, le fonds Racine² opéré par Serena et makesense, Techmind, Ponderosa, AgFunder, Climate Capital et Bpifrance. Objectif : faire adopter des pratiques agricoles simples et facilement mesurables à des riziculteurs en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, en l’échange de crédits carbone.
Suivre et récompenser les pratiques vertueuses
Pour éviter que la riziculture ne rejette trop de méthane, les patrons de CarbonFarm ont développé un outil de quantification des gaz à effet de serre et une solution de contrôle par satellite des pratiques agricoles. « La production de riz est responsable de 12% des émissions mondiales de méthane mais ce sont des émissions faciles à éviter », explique Vassily Carantino. Dans l’environnement particulièrement humide des rizières, des bactéries se développent et émettent du méthane.
CarbonFarm propose donc aux riziculteurs d’assécher les rizières deux à trois fois l’année pour tuer les bactéries, ce qui « réduit les émissions de 50% et la consommation d’eau de 30%, sans coût et perte de rendement ». La start-up française passe par l’intermédiaire que sont les groupes d’agroalimentaire tels que Danone et Mars Food pour recommander ces techniques aux agriculteurs, lesquels sont incités à les adopter via une rémunération par crédits carbone.
C’est à ces sociétés que l’entreprise de Vassily Carantino vend sa solution technique de surveillance. « Quand un fermier implémente ces pratiques durables, on est capable de suivre le changement de pratiques depuis l’espace grâce à des images satellites qu’on acquiert tout au long de la saison pour suivre l’évolution d’un champ », détaille-t-il. Ces photographies aériennes ne sont pas lisibles à l’œil nu mais l’intelligence artificielle de CarbonFarm parvient à identifier, avec une précision de 95%, les nappes phréatiques et les assecs.
L’Asie en priorité, puis l’Afrique et l’Amérique du Sud
Pour avoir un impact important sur la riziculture à l’échelle mondiale, la start-up, qui accompagne déjà des fermiers au Vietnam, en Inde, en Espagne, au Portugal et au Ghana, cherche à s’étendre avant tout en Asie. « La levée de fonds va principalement nous permettre de nous développer commercialement auprès d’entreprises agroalimentaires locales en Asie, puisque le marché du riz est surtout là-bas », explique Vassily Carantino par téléphone depuis les Philippines où il est en déplacement professionnel.
CarbonFarm participe également à des projets de décarbonation à grande échelle. La start-up est ainsi partenaire du programme de développement des Nations Unies dans le cadre d’un projet mené sur quelque 20 000 hectares de rizières au Ghana, et ce via un mécanisme qui permet à la Suisse d’acheter des crédits carbone dans le pays africain. Dans le marché souvent opaque des crédits carbone, l’entreprise doit garantir une certaine transparence grâce à sa technique de surveillance par satellites, avec laquelle « il n’y a pas moyen de tricher ».
Avec son équipe de 12 salariés, Vassily Carantino espère accélérer la croissance de sa start-up avec, à l’avenir, un élargissement du champ des possibles. D’autres cultures en dehors de celle du riz ? « On a l’ambition d’aller se développer sur tous les sujets agricoles, d’être la référence de la certification carbone en agriculture, en commençant par les cultures qui sont un peu laissées de côté, notamment dans les pays en développement » en Afrique et en Amérique du Sud, répond-t-il, persuadé qu’il y a dans ce secteur « beaucoup de choses à faire » pour s’attaquer à l’urgence climatique.
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