L’Afrique et l’Asie du Sud-Est, marchés privilégiés des climatiseurs bas de gamme

Quarante-six degrés Celsius à Assouan, en Egypte, 44,7 °C dans le nord de l’Inde, 43,8 °C au Vietnam relevés ces derniers mois dans différents points du globe. Alors que la période de juin à août a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon l’institut européen Copernicus, et que les vagues de chaleur s’intensifieront sous l’effet du dérèglement climatique, les achats de climatiseurs vont croissant : 135 millions d’unités sont vendues dans le monde chaque année, un triplement en trente ans.

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Cette « ruée vers le froid » génère de nombreuses pollutions, tant par la consommation électrique que par les rejets de gaz compris dans ces appareils. Or, de nombreux pays en Afrique et en Asie du Sud-Est n’ont qu’un accès limité aux modèles les plus récents, pourtant plus performants et moins polluants.

« Certains vieux climatiseurs sont exportés à bas prix vers des pays africains et y ont une seconde vie », affirme Brian Holuj, responsable de la gestion du département United For Efficiency du Programme des Nations unies pour l’environnement. Appréciés par les populations locales pour leurs faibles coûts d’acquisition, les équipements usés et importés du Vieux Continent ou d’Amérique du Nord provoquent de fortes dégradations de l’environnement.

« Je vois le phénomène se reproduire tout le long de la côte Atlantique par manque de moyens, du Sénégal au Nigeria », ajoute Kofi Agyarko, membre de la commission nationale ghanéenne sur l’énergie. L’utilisation de ces technologies obsolètes entraîne une forte augmentation de la demande d’électricité. « Les vieux équipements consomment beaucoup, surchargent les transformateurs et provoquent des coupures de courant », regrette l’expert.

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Jusqu’à peu, le Ghana faisait partie de ces pays inondés de produits obsolètes. « Avant qu’il n’interdise les importations en 2013, le marché national était composé à 80 % de vieilles climatisations énergivores », estime M. Agyarko. Malgré cette mesure, le Ghana a « intercepté en 2022 un conteneur provenant d’Italie, affrété par une entreprise ghanéenne, qui contenait des climatiseurs usés avec du gaz R12 à l’intérieur, un gaz réfrigérant interdit par plusieurs Etats ! », précise-t-il.

Des produits inefficaces

Le phénomène des importations de tels équipements est d’autant plus grave qu’il retarde l’interdiction progressive de l’utilisation des gaz hydrofluorocarbures (HFC) au niveau mondial. Peu utilisées jusque dans les années 1990, ces substances réfrigérantes ont vu leur utilisation se développer considérablement à la suite de l’interdiction en 1985 des chlorofluorocarbures (CFC).

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