Neuvième Consistoire ordinaire depuis l’élection du jésuite argentin en 2013, cette cérémonie solennelle s’est tenue samedi matin sur la place Saint-Pierre de Rome, sous un grand soleil. Vêtus de leur soutane rouge, les nouveaux cardinaux se sont agenouillés devant le pape pour recevoir la barrette – une toque quadrangulaire pourpre – et un anneau cardinalice. « Courage ! », « En avant », a glissé le pape en souriant pour les encourager, sous les acclamations des milliers de fidèles, certains agitant des drapeaux de leur pays.
Diversité « indispensable »
Parmi les 21 prélats appelés à assister le pape dans le gouvernement de l’Église, 18 – ceux qui sont âgés de moins de 80 ans – participeront au conclave appelé à élire le prochain pape. Devant des cardinaux « originaires de toutes les parties du monde », François a comparé le collège cardinalice à un « un orchestre symphonique » où « la diversité est indispensable » mais où « chaque musicien doit écouter les autres ».
Sensible aux « périphéries » et aux communautés minoritaires, François cherche à promouvoir le clergé de pays en développement aux plus hauts rangs de l’Église, s’affranchissant de l’usage consistant à distinguer systématiquement certains archevêques titulaires de grands diocèses. « Il cherche des cardinaux qui correspondent à l’époque. Ce sont des gens qui ont tous fait un pas par rapport à l’Église d’autrefois, qui assurent positivement une rupture », explique un observateur avisé du Saint-Siège. « Il aime les évêques qui sont dans l’action ».
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La liste des nouveaux cardinaux issus de 15 nationalités reflète ainsi des régions où l’Église est en expansion, comme l’Amérique latine et l’Afrique, avec la promotion des archevêques de Juba (Soudan du Sud), du Cap (Afrique du Sud) et de Tabora (Tanzanie). L’Asie, qui a vu sa représentation croître en 10 ans, est représentée par l’évêque de Penang (Malaisie) et celui de Hong Kong, Stephen Chow Sau-Yan, vu comme pouvant jouer un rôle important pour améliorer les relations difficiles entre l’Église et Pékin.
« Poids sur les épaules »
Parmi les nouveaux entrants figurent deux Français, portant à six le nombre d’électeurs de l’Hexagone : l’évêque d’Ajaccio, Mgr François Bustillo, 54 ans, un Franciscain d’origine espagnole, et Christophe Pierre, 77 ans, nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) aux États-Unis après une riche carrière diplomatique. Quelque 800 fidèles corses ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie.
En tant que nonces, « nous sommes des intermédiaires, des serviteurs. Comme cardinal, je pense que ça ne changera pas », a déclaré Mgr Pierre, tout en reconnaissant sentir « un certain poids sur les épaules ». L’archevêque italien Pierbattista Pizzaballa est quant à lui le premier patriarche de Jérusalem en exercice – plus haute autorité catholique d’Orient – créé cardinal. L’Europe, dont la représentation a baissé en dix ans, est cette fois en bonne place avec huit représentants, dont le Portugais Américo Aguiar, 49 ans et benjamin de la liste.

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99 cardinaux sur 137
À noter également, la distinction de trois proches du pape membres de la Curie, le « gouvernement » central du Saint-Siège : l’Italien Claudio Gugerotti, l’Argentin Victor Manuel Fernandez et l’Américain Robert Prevost. La nomination des cardinaux est scrutée par les observateurs, qui y voient une indication sur la possible ligne du futur chef spirituel de l’Église catholique et de ses 1,3 milliard de fidèles revendiqués. D’autant que le pape de 86 ans, qui se déplace désormais en fauteuil roulant, a laissé la « porte ouverte » à une renonciation, à l’image de son prédécesseur Benoît XVI, si sa santé déclinante le justifiait.
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