Le PDG de Northvolt tâche de se faire rassurant devant le ralentissement de l’industrie aux États-Unis

Tout en reconnaissant le ralentissement que connaît actuellement la filière de la batterie électrique aux États-Unis, le PDG de Northvolt Amérique du Nord a cherché mardi à se montrer rassurant quant à la viabilité à long terme de son projet de méga-usine sur la Rive-Sud de Montréal.

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«Écoutez, on est très sereins sur le fait que c’est une industrie porteuse qui va employer beaucoup de monde pendant très longtemps», a répondu Paolo Cerruti au Journal, en marge de la première allocution du cofondateur de Northvolt devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).  

Ces derniers mois, face à une demande plus faible que prévue des consommateurs, de grands noms de l’automobile américaine comme Ford, General Motors et Tesla ont tous mis en veilleuse leurs projets de croissance de leur capacité de production de véhicules électriques.



Des représentants du Front commun, regroupant 420 000 syndiqués de la fonction publique en négociation avec Québec pour le renouvellement de leur convention collective, ont interrompu bruyamment à quatre reprises l’événement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) à l’hôtel Reine-Elizabeth, à Montréal.


Martin Jolicoeur

Par ricochet, des grands noms de la fabrication de la batterie électrique, comme LG Energy Solution, ont réagi en réduisant leur production, procédant à des centaines de mises pied et suspendant leurs investissements dans plusieurs États (Michigan, Georgie, etc.). 

La sud-coréenne SK On, avec qui Ford a signé une entente de 11 G$ US en 2021, a même décidé de retarder l’ouverture de son usine du Kentucky, dont les activités devaient -comme pour Northvolt en Montérégie- débuter en… 2026.

Il n’en fallait pas plus pour qu’un analyste de l’industrie chez UBS réduise le mois dernier de 45% à 10%, ses prévisions de croissance de l’industrie du véhicule électrique aux États-Unis au cours de la prochaine année.

3 G$ d’aides

Qu’à cela ne tienne, en mêlée de presse, le patron de Northvolt Amérique du Nord, lui-même un ancien vice-président de la chaîne d’approvisionnement mondiale de Tesla, a cherché à se faire rassurant.

«Si vous regardez le contexte [sur des périodes] de trois mois ou quatre mois, vous avez des fluctuations, a reconnu le cofondateur de Northvolt. D’ailleurs, a-t-il poursuivi, les États-Unis ont la flexibilité [législative] de mettre à pied des gens très vite […] ce qu’ils n’hésitent pas à faire.


Le pdg de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti.


Le gigantesque terrain où doit être construite la future usine de batteries de Northvolt, à cheval entre McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie.


Photo Martin Chevalier

«Cela dit, a-t-il conclu, moi je demeure très optimiste sur la pente qu’on a dans l’industrie en général», rejetant ainsi la thèse que ces fluctuations puissent affecter d’une manière ou d’une autre l’importance du projet d’usine de l’entreprise suédoise en terre québécoise.

Cette dernière prévoit, rappelons-le, la construction d’une usine de batterie pour véhicules électriques, d’une valeur de 7 G$, à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. Québec s’est engagé à injecter 1,4 G$ d’aides publiques au projet, et à ajouter 1,5G$ d’incitatifs supplémentaires si la production va bon train.

3000 candidatures

Au cours de son allocution, mainte fois interrompue par les manifestations bruyantes de représentants des 420 000 syndiqués de la fonction publique actuellement en négociation, Paolo Cerruti a répété espérer gagner le cœur des Québécois. 

«On a choisi le Québec et j’aimerais que le Québec nous choisisse aussi», en référence à l’accueil mitigé qu’a reçu l’entreprise dans la province depuis son annonce d’investissement il y a maintenant deux mois. Les résidents des environs ont, en outre, exprimé leurs inquiétudes concernant la pollution, la destruction potentielle des zones humides, la circulation de camions et la pénurie de logements pour les futurs travailleurs.


Le pdg de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti.


Le pdg de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti.


Martin Jolicoeur

Ce dernier s’est dit néanmoins encouragé par la réception, en une seule semaine suivant l’annonce de son implantation, de pas moins de «3000 candidatures spontanées» de travailleurs souhaitant joindre les lignes de production de Northvolt, à compter de 2026.

D’ici là, encore faudra-t-il que l’entreprise suédoise obtienne les autorisations environnementales requises pour amorcer la construction de son usine. Et ensuite, que les entreprises de construction retenues trouvent la main-d’œuvre nécessaire pour ériger cette usine dans les délais requis, une inquiétude d’ailleurs partagée avec le Journal, par le PDG d’Investissement Québec, Guy LeBlanc, plus tôt cette semaine. 

Une fois en actvité, Northvolt prévoit être en mesure de produire suffisamment de cellules de ses installations québécoise pour répondre à un demande d’un million de véhicules électrique par année.

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