La première fusée Ariane 6 devrait décoller de Kourou (Guyane française) entre le 15 juin et le 31 juillet 2024. Une fenêtre de tir annoncée ce matin lors d’une visio-conférence de presse de l’Agence spatiale européenne (ESA). Ariane 6 prendra la suite d’Ariane 5, qui a achevé en juillet 2023 une longue carrière avec un 117e et dernier au compteur.
Le directeur de l’ESA, l’Autrichien Josef Aschbacher, a déclaré qu’il s’agissait « d’une bonne journée pour l’Europe spatiale ». L’annonce de dates précises sonne surtout comme la fin des incertitudes autour du programme du lanceur lourd européen, qui a accumulé un retard de trois ans. De quoi poser la question de la capacité du continent à assumer sa souveraineté spatiale, alors que l’Europe dépend aujourd’hui des Etats-Unis pour lancer sondes et satellites.
Des essais concluants pour Ariane 6 le 23 novembre
Concluants, les essais réalisés le 23 novembre au centre spatial européen de Kourou ont permis d’établir la calendrier annoncé ce jeudi, même si la date précise de lancement sera affiné au fil des prochains mois. « Il reste pas mal de travail à réaliser, encore des tests, des éléments à intégrer dans les usines d’Arianespace à amener jusqu’en Guyane », souligne Philippe Baptiste, président du Centre national d’études spatiales (CNES).
La principale étape jusqu’au printemps consiste à mener la « revue de qualification », bien plus qu’un épais dossier administratif. « C’est réellement un moment crucial, poursuit Philippe Baptiste, ce n’est pas tant de la paperasse que l’occasion de vérifier qu’on n’a pas fait d’impasse ».
Pour Martin Sion, président exécutif d’ArianeGroup, pas question de brûler les dernières étapes : « Tant qu’on n’a pas réalisé tous les essais, il y a des risques pour la fiabilité d’Ariane 6, et on ne peut pas raccourcir cette étape de la revue de qualification. Ce serait présomptueux que l’on a mis derrière nous tous les problèmes. »
Ariane 6, un premier vol commercial avant fin 2024 ?
Outre les sujets techniques, les questions politiques et commerciales occupent l’actualité autour d’Ariane 6. Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, se félicite de la résolution adoptée à Séville début novembre à l’occasion du sommet européen sur l’espace.
La sécurisation du financement du programme d’Ariane 6, avec pour contrepartie la promesse d’une ouverture à la concurrence au sein de l’Europe, a permis de dessiner un horizon. « Je suis confiant pour le succès commercial d’Ariane 6 », résume Stéphane Israël, alors que le carnet de commandes atteint ou presque la trentaine de lancements.
« Après le vol inaugural, le premier vol commercial devrait avoir lieu avant fin 2024. Le marché est en croissance par rapport aux deux dernières décennies. Il explose même sur le segment du bas orbite. Or, Ariane 6, fusée très puissante, est parfaitement adaptée à ce marché », soutient le PDG d’Arianespace.
L’Europe spatiale veut rattraper son retard
Il faudra toutefois du temps pour que le nouveau lanceur européen atteigne sa vitesse de croisière commerciale, « soit 9 à 10 lancements par an » selon l’avis partagé des acteurs présents lors de la conférence de presse du jour. Ce qui ne sera pas pour 2025.
« La montée en puissance, le ramp-up industriel, est un vrai challenge, prend du temps, même si nous sommes parfaitement au fait des besoins européens », insiste Martin Sion.
En retard à l’allumage, l’Europe va encore devoir prendre son mal en patience avant d’espérer voir Ariane 6 peser dans une course à l’espace plus mondialisée que jamais.
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