le témoignage bouleversant du migrant Anaco Albatros

Originaire de l’ouest du Cameroun, l’auteur Anaco Albatros était présent le 7 octobre 2025 au lycée Jean-François-Millet à Cherbourg (Manche). Devant 100 lycéens de seconde, il est venu « donner un visage à ceux qu’on appelle les migrants », déclare Régine Vimond, professeure de lettres.

« La honte d’un migrant »

Ancien juriste camerounais, il a commencé son parcours migratoire vers la France fin 2018. Âgé de 44 ans, il a écrit un livre intitulé La honte d’un migrant, paru en juillet dernier aux éditions Le Lys bleu, pour évoquer son exil et les causes de celui-ci.

« Je suis aujourd’hui en France, car la situation politique n’était pas bonne dans mon pays. Les idées que je défendais étaient mal vues, j’ai donc dû partir », témoigne Anaco Albatros, son nom d’auteur. Persécuté dans son pays d’origine, c’est un médecin qui l’a aidé à quitter le Cameroun.

Son trajet migratoire a commencé par la Turquie, où il est resté deux ans. Il a ensuite pris la mer en direction de la Grèce, où il a également séjourné deux ans. « Je suis ensuite passé par la Macédoine du Nord, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Slovénie, l’Italie, puis j’ai pu me rendre à Paris », se remémore le juriste camerounais.

Le chemin du quadragénaire ne s’est pas arrêté là. Après avoir retrouvé à Rennes un touriste français rencontré en Turquie, celui-ci l’a emmené en voiture en Normandie. C’est là qu’a commencé l’aventure manchoise pour l’auteur. Aujourd’hui résident à Granville, Anaco Albatros est compagnon d’Emmaüs à Saint-Pair-sur-Mer.

« Écrire, c’est mon exutoire »

Depuis son adolescence, le Camerounais souhaitait écrire. C’est en Turquie qu’il a eu le déclic. « Je regardais une conférence en ligne d’un Français sur l’écriture de livres. Il a dit que si l’on voulait écrire, il fallait le faire de la façon la plus simple pour que les lecteurs comprennent. Dès le lendemain matin, je suis allé acheter un paquet de feuilles A4 et je me suis mis à écrire », raconte-t-il.

Un travail long et éprouvant, puisqu’il a écrit sur l’ensemble de sa vie, entre contexte familial compliqué et parcours migratoire. « Quand j’ai commencé à écrire, tous les souvenirs me sont revenus. Écrire, c’est mon exutoire pour me défouler », explique-t-il.

C’est de ce parcours difficile qu’il tire son nom d’auteur : Anaco, son prénom, et Albatros, en référence à cet oiseau grand et résistant.

Après plus de trois ans d’écriture à la main, c’est avec l’aide de l’association Port d’attache que son autobiographie a vu le jour.

« L’association m’a trouvé un logement et un ordinateur pour que je puisse écrire mon livre en version numérique. C’est ensuite Jeanne, membre de l’association, qui a réalisé la correction avec moi. Nous avons veillé à conserver les mots qui étaient importants pour moi », souligne l’auteur.

La honte qu’Anaco Albatros développe dans son livre n’est pas celle de la migration, mais celle de son pays : « Quand on est Camerounais et que l’on arrive en France, on a honte. Le Cameroun a la possibilité de se développer, mais il est dans le sous-développement, que ce soit par le manque d’eau potable, la grande insalubrité ou le rationnement alimentaire », indique-t-il.

L’auteur prend plaisir à rencontrer des élèves, comme au lycée Millet, pour évoquer son parcours et surtout « partager la passion de la lecture et de l’écriture ».

« Si la situation politique change, je rentrerai voir mes enfants »

Il a aussi confié aux élèves de seconde qu’il souhaitait retourner un jour au Cameroun : « La France est un beau pays où les gens peuvent s’exprimer, mais on vient tous de quelque part, et c’est compliqué de se projeter quand on est sans-papiers. Si la situation politique change au Cameroun, je rentrerai voir mes enfants », exprime le migrant.

Anaco Albatros est actuellement en train de rédiger son deuxième livre, un roman qui portera sur les problèmes communautaires du Cameroun, « entre tradition et modernisation ».

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