Publié le 20 nov. 2023 à 18:45Mis à jour le 20 nov. 2023 à 18:58
« L’extrême droite a gagné en Argentine […]. C’est triste pour l’Amérique du Sud », s’est désolé Gustavo Petro, le président de gauche de la Colombie, à l’annonce de la victoire du populiste Javier Milei. Plus sobre, Lula a souhaité « bonne chance et succès » au nouveau gouvernement argentin, sans même mentionner le nom de Milei, qui avait qualifié le dirigeant brésilien de « communiste corrompu ». Loin de l’enthousiasme exprimé par les anciens présidents brésilien et américain, Jair Bolsonaro et Donald Trump, sur les réseaux sociaux.
L’élection du libertarien fantasque Javier Milei à la tête de l’Argentine n’a pas vraiment réjoui les dirigeants de gauche d’Amérique du Sud : au milieu des progressistes Luis Arce (Bolivie), Gustavo Petro (Colombie), Gabriel Boric (Chili) et Lula (Brésil), « l’anarcho-capitaliste » climatosceptique, anti-avortement et pro-privatisation, détonne forcément. Et pendant sa campagne, Milei a promis de couper les liens avec les « communistes », le Brésil et la Chine en tête.
« Des raisons d’être optimiste »
« Les relations avec le Brésil risquent d’être froides, compte tenu de l’aide que les directeurs de campagne du Partido dos Trabalhadores (le parti de Lula) ont apportée à Massa (le candidat adverse) », prévoit Luis Schenoni, maître de conférences à l’University College of London.
Mais les deux premières économies d’Amérique du Sud vont devoir arrondir les angles, d’autant que le Brésil est le premier partenaire commercial de l’Argentine. « Il y a des raisons d’être optimiste, soutient Luis Schenoni. Maintenant que Milei a gagné, il va devoir sérieusement prendre en compte le préjudice potentiel que toute perturbation significative des relations avec le Brésil causerait à l’économie. »
Côté brésilien, « Lula a fait preuve de beaucoup de retenue, dans l’esprit de ce qu’on a pu appeler par le passé la ‘patience stratégique’ du Brésil à l’égard de l’Argentine. Le premier doit conserver le second dans le Mercosur pour préserver son statut de primus inter pares dans la région et, par conséquent, la diplomatie doit prévaloir », poursuit le chercheur. L’union douanière du Mercosur regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.
Retour du néolibéralisme
Pour les dirigeants conservateurs du Paraguay, de l’Uruguay et de l’Equateur, l’élection de Milei a en revanche été plutôt bien reçue, « parce que c’est un retour du néolibéralisme », explique Maria Elisa Alonso, politologue et enseignante à l’Université de Lorraine. « Mais c’est surtout auprès des partis d’extrême droite d’opposition dans la région que cette victoire a été saluée. »
Très critique du Mercosur , « Milei voudrait libéraliser encore plus le marché entre les quatre pays », développe la politologue. Pour les négociations d’un accord commercial UE-Mercosur, qui piétinent depuis quatre ans, « c’est une bonne nouvelle, estime Luis Schenoni. L’Argentine était dans les faits le seul Etat du bloc à s’opposer aux pourparlers ». Mais « ce ne sera pas un interlocuteur facile pour l’Europe », prévient Maria Elisa Alonso.
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