Les meilleurs albums de 2023

Des confins de la pop aux rivages du R’n’B, cette année fut riche en projets musicaux aussi éclectiques qu’étonnants. De Caroline Polachek à Kelela, en passant par Lana Del Rey et Zaho de Sagazan, Vogue propose une sélection des meilleurs albums de 2023.

Les meilleurs albums de 2023

My 21st Century Blues de RAYE

C’est peu dire que My 21st Century Blues nous a bouleversé. Rencontre hybride entre la pop, le R’n’B, le jazz et le blues, le premier album de la Londonienne RAYE est une révélation. Signée à 17 ans sur le label Polydor, la jeune femme passe des années à poser sa voix sur des productions dance pop dans lesquelles elle ne se reconnait pas. Il faut attendre 2021 et un coup de gueule sur Twitter pour que la maison de disque la libère d’un contrat qui l’étouffe. Car depuis toute petite, la jeune femme n’a qu’un rêve : sortir son propre album. Un rêve exaucé après une envolée en indépendante, et la sortie de My 21st Century Blues en février 2023. Sorte de journal ultra-personnel, la chanteuse et compositrice y conte ses déboires dans l’industrie musicale, qui l’ont amenée à développer des addictions et de la dysmorphie corporelle (qu’elle évoque dans le déchirant “Body Dysmorphia”).

Porté par une impressionnante tournée et enrichi par une version orchestrale cet automne, My 21st Century Blues est une œuvre complète, aux facettes multiples et explorations musicales opulentes, nourrie par l’amour de RAYE pour le jazz et sa liberté. En novembre, elle confiait à Vogue : “Le jazz est un genre dans lequel il n’y a aucune règle : les sensations passent avant. Ce n’est pas de la musique qui se lit sur une partition, ou que l’on doit répéter pendant des heures afin qu’elle soit parfaite. C’est la liberté, la spontanéité”.

Raye – My 21st Century Blues

Desire, I Want To Turn Into You de Caroline Polachek

Caroline Polachek avait déjà prouvé avec Pang, son premier album, sa capacité à proposer une pop plurielle. Sur Desire, I Want To Turn Into You, un disque au titre de bonne augure, elle retrouve son producteur Danny L. Harle, ami et collaborateur de longue date. Alumni du label avant-gardiste PC Music, Danny L. Harle a travaillé avec toutes les chanteuse de la scène pop alternative, de Charli XCX à Rina Sawayama, jusqu’aux plus grandes stars du genre, comme Dua Lipa sur son single “Houdini”. Toutefois, sa connexion avec Polachek est particulièrement fructueuse, et Desire, I Want To Turn Into You en est un énième exemple.

Sorti le jour de la Saint-Valentin, ce second album est une plongée au cœur des affres du désir, où l’on croise les chanteuses Grimes et Dido sur le morceau “Fly To You”. D’escapade espagnole sur le délicieux “Sunset” à tube en puissance avec “Welcome To My Island”, Caroline Polachek fait le choix de tordre la pop dans tous les sens, jusqu’à obtenir un son complètement euphorique.

Caroline Polachek – Desire, I Want to Turn Into You

Fountain Baby de Amaarae

Amaarae est l’un de ces joyaux bruts que l’on aimerait garder rien que pour nous. À 29 ans, Ama Serwah Genfi, de son vrai nom, propose des morceaux à la croisée entre la pop, le R’n’B et l’afrobeat. La chanteuse d’origine ghanéenne se fait connaître en 2020 avec l’explosion du morceau “Sad Girlz Luv Money”, propulsé par Tik Tok. La chanson figure sur son premier album, joliment intitulé The Angel You Don’t Know (en français “l’ange que tu ne connais pas”). Trois ans plus tard, elle vient avec l’excellent Fountain Baby, exploration par l’artiste de sa propre sensualité.

La pochette, humide, annonce la couleur. Fountain Baby est un album de découverte de soi, de ses sens et de son corps. Les violons grandiloquents qui ouvrent le morceau liminaire, “All My Love”, sont comme l’introduction d’un univers immersif où Amaarae invite ses auditeurs à la fête et au lâcher prise. Les singles, “Co-Star” et “Reckless & Sweet”, choisis avec précision, sont les pierres les plus lumineuses du projet. Jamais paresseux, Fountain Baby s’aventure à d’autres endroits dans des recoins plus sombres de la vie d’Amaarae, afin d’offrir une œuvre à part entière, aux accents presque cinématographiques (à l’instar de “Princess Going Digital” et son odeur de danger). En outre d’être inspiré par Madonna, Janet Jackson ou encore Missy Elliott, l’album s’offre le luxe d’avoir Pharrell Williams à la production, sur le superbe “Counterfeit”.

Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd de Lana Del Rey

Lana Del Rey avait égaré ses adeptes sur les dernières années, entre sorties douteuses sur ses réseaux sociaux et opus décevants (l’insipide Blue Bannisters en tête de file). Avec Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd, la superstar s’offre un retour dans les bonnes grâces de ses fans, notamment grâce à ces retrouvailles avec Jack Antonoff, producteur de génie s’il en est, orfèvre de l’impressionnant Norman fucking Rockwell!, le sixième album de la chanteuse, ainsi que du moins apprécié, mais tout aussi réussi Chemtrails Over the Country Club.

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