S’il y a des entrepreneurs qui doivent être heureux en ce moment au Nouveau-Brunswick, ce sont bien ceux qui offrent des services d’installation, de maintenance et d’entretien des réseaux électriques.
En effet, les contrats qu’ils ont obtenus avec Énergie NB ont fortement augmenté au cours des dernières années, montrent des chiffres obtenus par l’Acadie Nouvelle grâce à une demande d’accès à l’information.
En 2021, la société de la Couronne a versé un peu moins de 20 millions $ à ses sous-traitants. L’an dernier (2024), c’était plus de 35 millions $. En prenant les chiffres exacts, cela représente une hausse de 79,5%.
De janvier à la mi-septembre 2025, on en était déjà à plus de 33 millions $.
«Veuillez noter que ces totaux comprennent les services d’entretien et de réparation des réseaux de transport et de distribution, l’installation et l’entretien des poteaux, la construction de lignes aériennes et les travaux de construction électrique», nous a précisé la directrice générale Gouvernance et Obligation publique d’Énergie NB, Janice McNeil.
Mario Levesque, professeur de politique à l’Université Mount Allison, juge qu’il n’est «pas surprenant» que ces budgets soient à la hausse, dans le contexte délicat que traverse actuellement la compagnie d’énergie.
«Le mauvais entretien a été cité comme l’un des facteurs à l’origine des pannes d’il y a quelques années, et il a été particulièrement souligné qu’Énergie NB avait réduit ses dépenses d’entretien pendant des années.»
Quelques gagnants du gros lot
Certaines entreprises ont en tout cas réussi à tirer un excellent parti de cette situation.
Par exemple, High Tech Industries de Miramichi a obtenu des contrats d’une valeur de 77 500 $ en 2021. Cette somme n’a cessé d’augmenter depuis, et dépassait les 4 millions $ pour l’année 2025.
E & E Powerline Ltd, de Fredericton, est passé de 1,6 million $ en 2021 à près de 8,5 millions $ en 2025.
Des entrepreneurs de l’extérieur du N.-B. ont aussi flairé le bon filon. Cette année, Locke’s Electrical de Corner Brook (Terre-Neuve) a obtenu ses premiers contrats avec Énergie NB, pour 3,4 millions $.
L’an dernier, c’est le Groupe EEA de Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec) qui avait adressé ses premières factures à Énergie NB, pour un total de 2,8 millions $.
East Coast Powerline, dont le siège social est au Tennesee et qui possède un bureau à New Ross en Nouvelle-Écosse, remporte la part du lion avec 41,4 millions $ en contrats depuis 2021, soit 31% de tous les paiements faits par Énergie NB à des sous-traitants.

Plus de travail aussi pour les employés d’Énergie NB
Il n’y a pas que les sous-traitants qui ont du pain sur la planche. Les employés d’Énergie NB sont également beaucoup plus occupés depuis quelque temps.
«Depuis 2018, nous pouvons confirmer que les bons de travail ont augmenté considérablement (entre 60 et 65%), principalement en raison de l’augmentation des travaux liés à la demande des clients», explique Elizabeth Fraser, chargée des relations avec les médias chez Énergie NB.
«Ceci est lié à la croissance globale de la population de la province», précise-t-elle, et «s’ajoute aux exigences globales d’entretien continu de nos infrastructures.»
Un proche de Blaine Higgs dans le domaine
Détail intéressant, on retrouve dans cette industrie lucrative l’ancien chef de cabinet de Blaine Higgs, Louis Léger.
En effet, en février 2023, à peine un mois après avoir quitté ses fonctions auprès de l’ex-premier ministre conservateur, M. Léger a pris la direction du fonds d’investissement Greystone Family Office, si l’on en croit son compte LinkedIn.
Greystone Family Office a fait l’acquisition de deux sous-traitants d’Énergie NB, en l’occurrence Tri-Wire Line Construction et Nicholson Utility Services.
La première de ces deux compagnies n’a pas décroché de contrat avec la société de la Couronne cette année, contrairement aux années précédentes.
Mais la seconde a en quelque sorte pris le relais, avec plus d’un million et demi de contrats cette année.
Contacté par message texte sur son cellulaire, Louis Léger n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, et nous ne saurons donc pas ce qui a amené cet ancien serviteur du gouvernement dans un secteur dont les revenus proviennent en partie d’une société de la Couronne.
Mario Levesque n’est en tout cas pas surpris d’apprendre cette information, et y voit un exemple parmi d’autres de la proximité entre les milieux d’affaires et politiques au N.-B.
Il compare par exemple ce cas à celui de l’ex-député fédéral René Arseneault, qui s’est joint à la compagnie minière EcoRock Dalhousie alors que celle-ci avait obtenu une subvention d’Ottawa.
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