Les USA et les OSC commentent la pénurie de carburant induite par les djihadistes

Bamako (© 2025 Afriquinfos)- La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et l’ambassade des Etats-Unis ont interpellé les autorités de transition face à la grave pénurie de carburant qui sévit au Mali, marquée par de longues files, une offre limitée et des coupures d’électricité.

La CNDH a de son côté exhorté le Mali à protéger les droits économiques et sociaux de la population, frappée de plein fouet par un blocus imposé par les jihadistes du JNIM. La diplomatie Américaine prévient que la situation pourrait affecter la sécurité et ont prévenu ses ressortissants d’éviter tout voyage au Mali.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, mercredi 22 octobre, la CNDH se dit “très préoccupée” par les atteintes croissantes aux droits à l’alimentation et au travail provoquées par la pénurie de carburant qui touche le Mali.

Depuis septembre, le pays est soumis à un blocus organisé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, qui s’attaque aux camions-citernes en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, principales voies d’approvisionnement du pays enclavé.

Le JNIM justifie ce blocus comme une “représailles” à la décision des autorités maliennes d’interdire la vente de carburant hors stations en milieu rural, une mesure destinée à couper les réseaux logistiques des groupes armés. Résultat : stations-service à sec, flambée des prix du transport, paralysie économique et pénurie de denrées de première nécessité dans de nombreuses villes.  « Cette crise affecte sérieusement l’accès à l’alimentation et le droit au travail », déplore la CNDH, qui rappelle à “l’État sa responsabilité première de protéger les droits économiques et sociaux des citoyens”.

Les conséquences du blocus sont visibles jusque dans la capitale Bamako, autrefois prioritaire pour l’approvisionnement. Désormais, elle aussi subit la crise comme l’intérieur du pays, déjà éprouvé depuis des semaines.

La CNDH critique également l’insécurité persistante sur les routes, où les embuscades jihadistes se multiplient malgré les escortes militaires.

« Les autorités doivent tout entreprendre pour faire cesser les exactions portant atteinte à la liberté de circulation et aux droits de propriété », insiste l’institution.

Elle appelle aussi la junte à accompagner les entreprises et populations touchées par la crise, qui entraîne arrêts d’activités, chômage forcé, baisse du pouvoir d’achat et hausse des prix alimentaires.

Le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans impose, depuis le 3 septembre, un blocus sur les importations de carburant maliennes. Les camions-citernes qui se risquent à rejoindre la capitale sont incendiés. Les militaires de la junte au pouvoir peinent à réagir.

Devant les stations-service de Bamako distribuant encore du carburant, les files d’attente ne cessent de s’allonger. Les clients y font la queue pendant de longues heures, parfois toute la journée, pour espérer remplir leurs réservoirs. Certains en viennent même à dormir devant les pompes pour être sûrs d’être servis.

« On n’a jamais vu ça. Trouver de l’essence est devenu un parcours du combattant. Le peu qu’on a, on l’économise pour les trajets essentiels ou les urgences », confie un Bamakois, sous le couvert de l’anonymat. Le gazole, jusqu’à présent davantage disponible, commence lui aussi à manquer. Ces derniers mois, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), la filiale sahélienne d’Al-Qaida, mène, en plus de ses opérations armées, un djihad économique visant à asphyxier la capitale et à affaiblir de l’intérieur la junte du général Assimi Goïta.

Depuis que le GSIM a décrété un blocus sur les importations de carburant provenant des pays voisins du Mali, le 3 septembre, la pénurie s’aggrave à Bamako et dans les grandes villes du centre et du sud du pays, telles Mopti ou Ségou, où les stations-service sont elles aussi quasi à sec.

V.A.

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