Les voyages musicaux du Saint-Omer Jaaz Festival

Derrière la scène et sur l’un de ses côtés, les vestiges de l’abbaye Saint-Bertin à Saint-Omer (Pas-de-Calais), fondée au VIIe siècle et agrandie au cours des siècles suivants, laissent imaginer ce qu’a été la majesté des lieux. C’est dans ce décor de pierres au jardin entouré de piques en fer forgé, où au sol des structures reconstituent la forme du monument, qu’ont lieu, depuis 2021, les concerts en soirée du Saint-Omer Jaaz Festival. Jaaz avec deux « a », clin d’œil et signe d’identité à ceux de l’Aa, fleuve canalisé, qui passe non loin.

Lire aussi la critique : Article réservé à nos abonnés Saint-Omer, le rendez-vous du jazz français

Pour cette 8e édition du festival – fondé en 2015 avec un principe de gratuité pour l’accès aux concerts et la valorisation de la scène française –, les soirées sont consacrées à de grandes formations, de l’octette au big band. Une thématique dont le directeur artistique Laurent Cugny, pianiste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, enseignant et écrivain, indique qu’elle « est apparue peu à peu », combinaison de certaines de ses envies et des disponibilités des orchestres.

Ce vendredi 7 juillet – le festival a commencé jeudi 6 au théâtre de Saint-Omer –, ce sont le Meva Festa du pianiste Laurent Coulondre et le Ka-Frobeat du flûtiste Magic Malik qui jouent. Deux voyages musicaux où les codes du jazz, ses pratiques, dont l’improvisation soliste, vont chercher une inspiration dans d’autres langages.

Avec Meva Festa, l’octette de Laurent Coulondre va vers les expressions afro-cubaines, la salsa, l’Amérique du Sud. La formation présente des compositions de l’album Meva Festa, publié en septembre 2022. Les figures rythmiques appellent souvent à la danse – les enfants, qui s’amusent à l’arrière du jardin, courent ici et là, s’y mettent – avec des ruptures, des mouvements qui témoignent d’une volonté de recherche. Les parties solistes étendues, le travail harmonique de l’alliance entre les vents (trompette, saxophone, trombone et flûte), le lyrisme mélodique qui irrigue les compositions, tout cela enchante.

Allégresse

Puis voici Ka-Frobeat mené par Magic Malik. Là aussi un octette. Dont le nom dit le propos : « Ka », le tambour traditionnel guadeloupéen – né en Côte d’Ivoire, Magic Malik a grandi en Guadeloupe –, et « Frobeat », pour l’afrobeat, qui mêle musique traditionnelle nigériane, jazz et funk, popularisé par Fela Kuti (1938-1997). Le répertoire vient du disque Ka-Frobeat, commercialisé en avril 2022. Le flûtiste virtuose donne à la musicalité le premier plan et chante aussi, en créole, expliquant avant les grandes lignes des textes. L’un, Flè Koulèv, la fleur de couleuvre est une « histoire de malchance », un autre est l’« histoire d’un ermite », une chanson évoque « le temps qui passe vite »

Il vous reste 23.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.