Entre l’intime et l’Histoire en marche, une vingtaine de planches en grand format, tirées de quatre bandes dessinées, racontent chacune à leur manière Allende et le coup de l’État mené par Pinochet voilà un demi-siècle au Chili. Ces extraits s’affichent sur l’esplanade du casino municipal jusqu’au terme du festival Biarritz Amérique latine (BAL), le 29 septembre 2023. Derrière cette exposition il y a le très pointu bédéphile et traducteur Thomas Dassance venu en tout proche voisin d’Ustaritz. Il sera présent aussi à la table ronde sur…
Entre l’intime et l’Histoire en marche, une vingtaine de planches en grand format, tirées de quatre bandes dessinées, racontent chacune à leur manière Allende et le coup de l’État mené par Pinochet voilà un demi-siècle au Chili. Ces extraits s’affichent sur l’esplanade du casino municipal jusqu’au terme du festival Biarritz Amérique latine (BAL), le 29 septembre 2023. Derrière cette exposition il y a le très pointu bédéphile et traducteur Thomas Dassance venu en tout proche voisin d’Ustaritz. Il sera présent aussi à la table ronde sur le roman graphique ce jeudi (1)
C’est là qu’il vit et a choisi d’implanter le siège de sa maison d’édition consacrée exclusivement à la BD sud américaine en France, « ilatina ». Il l’a fondée ici en 2019 avec son associée paloise Claire Miremont, juste avant son retour d’une longue expatriation. Le créneau choisi peut, de prime abord, sembler improbable. Mais du Pays basque à Buenos Aires aller et retour, pour peu que l’on se penche sur le riche parcours intercontinental du quadragénaire, les pièces du puzzle s’imbriquent.
« Très marqué »
Retour à l’orée des années 2000, celles des années fac. Thomas Dassance est déjà féru de BD. Le genre est à un tournant en France. L’étudiant dévore avec avidité les propositions narratives des jeunes maisons d’édition indépendantes qui rafraîchissent le secteur. Il découvre aussi à cette époque « les quelques très grands auteurs sud américains qui ont réussi à se faire éditer chez de grandes maisons comme Casterman, Glénat ou Albin Michel. C’était un graphisme différent, très marqué avec des propositions et un niveau de complexité vraiment dédié aux adultes. »
Du polar postapocalyptique à la fresque d’aventure, en passant par le récit intime aux résonances sociétales : aucune thématique, aucune esthétique ne sont exclues.
Émilie Drouinaud / « Sud Ouest »
Le passionné compte bien nourrir ses connaissances en la matière lorsqu’il s’envole, en 1999 vers l’Argentine, pour faire sa thèse d’Histoire portant sur l’émigration basco-béarnaise. Sur place, énorme déception pour le jeune homme de 23 ans : « Quand je débarque, le secteur de la BD est dévasté par la crise économique, et plus rien n’est publié. Elle ne survit qu’à travers quelques fanzines où dessinent de jeunes auteurs. »
Il crée une association et tente le coup : « Je vais m’improviser éditeur et les publier. Je crée une revue qui reste anecdotique mais qui trouve un public ou du moins un succès d’estime, se souvient-il. On monte même un projet de publication commun avec des collègues chiliens et boliviens. »
« Quand je débarque, le secteur de la BD est dévasté par la crise économique, et plus rien n’est publié. Elle ne survit qu’à travers quelques fanzines »
Tandis qu’il s’aguerrit, le monde de la BD argentine reprend pied. Beaucoup de jeunes maisons d’édition voient le jour qui mettent en avant de nouveaux talents, portés notamment « par une très forte émergence d’autrices, toute une génération qui a contribué par la diversification des thèmes abordés à reconstruire un nouveau lectorat. » Le jeune éditeur français se met à s’interroger sur sa « légitimité dans ce marché en pleine éclosion » et change de point de vue. Il se met à traduire et éditer là-bas des auteurs européens.
Gros festival
En parallèle, sa vie professionnelle l’amène à organiser le premier festival international de BD à Buenos Aires en 2008, « Viñetas Sueltas », qui deviendra, en 2013, Comicopolis et n’aura de cesse de grandir pour devenir une référence sur le continent. De quoi accueillir des sommités comme l’auteur de « Maus » et prix Pulitzer Art Spiegelman et émarger « sur les dernières éditions à 120 000 visiteurs. »
Après deux décennies loin de ses terres natales, pour des raisons familiales notamment, l’idée de rentrer le taraude. Il pose des jalons en créant « ilatina », depuis l’Argentine. L’idée ? Traduire et publier en français les auteurs latino-américains capés comme les jeunes pousses talentueuses. Du polar postapocalyptique à la fresque d’aventure, en passant par le récit intime aux résonances sociétales : aucune thématique, aucune esthétique ne sont exclues. « Le critère principal, c’est le plaisir qu’on prend à découvrir ces œuvres. »
Le concept prend. « En 2021, le festival que j’organisais en Argentine a pris fin, sans espoir de renaître un jour. Et ici, la croissance de la maison d’édition commençait à exiger que je sois aussi en France. C’était le moment de rentrer », pose le quadragénaire.
Quatre ans après la naissance d’Ilatina, les pépites sud américaines se multiplient. Le catalogue compte 25 publications léchées et d’autres à venir au rythme de six publications par an. La porte ouverte sur un monde délicieusement foisonnant.
(1) Exposition « Allende, de l’Histoire à la historieta » sur l’esplanade. Jeudi 28 septembre à 10 h 30 (casino municipal) : « Représenter le coup d’État en images », table ronde autour du roman graphique avec Jorge Gonzalez et Olivier Bras, auteurs.
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