L’Inde sort gagnante du G20, mais pas le climat

La grande gagnante du G20, le sommet des vingt plus grosses économies mondiales, qui vient de se tenir à New Delhi, c’est le pays organisateur, l’Inde elle-même.

À moins qu’il faille l’appeler « Bharat », nouvelle appellation promue par le premier ministre Narendra Modi. Issue de textes hindous anciens, elle romprait avec l’« Inde » héritée de l’empire britannique.

Signe des temps, c’est ce pays, désormais le plus peuplé au monde devant la Chine (avec 1,428 milliard d’habitants), tout auréolé du succès de l’arrivée, le 23 août, de sa sonde spatiale sur la Lune, qui vient de prendre au Royaume-Uni sa place de cinquième économie mondiale.

Pour ce G20, Narendra Modi peut s’enorgueillir d’avoir fait entrer l’Union africaine en tant que membre permanent du G20. Cette union réunit 55 pays d’un continent dont un seul, l’Afrique du Sud, siège au G20.

L’Union européenne aurait été mal inspirée de s’y opposer puisqu’elle siège, elle aussi, au G20 alors que ce n’est le cas que de trois seulement de ses 27 membres (l’Allemagne, la France et l’Italie).

Un projet de corridor avec l’Europe

Le dirigeant indien affirme ainsi son rôle de lien entre les vieilles économies développées, surtout occidentales, et celles qui poussent, Chine en tête, pour plus de reconnaissance dans le concert des nations.

Un lien qui pourrait devenir physique grâce – seconde victoire indienne – à la promesse, par les États-Unis, de la création d’un corridor maritime et ferroviaire partant d’Inde, passant par l’Arabie saoudite ainsi que les pays arabes, et arrivant en Europe, notamment à Marseille. Ce réseau ne transporterait pas que des marchandises, mais aussi des données numériques et de l’hydrogène « vert ».

De quoi conforter le rôle de l’Inde, encouragé par les États-Unis, comme alternative à la Chine et ses « nouvelles routes de la soie ».

Pas de condamnation de la Russie

Le succès diplomatique n’est cependant pas total, même si une déclaration finale a été adoptée hier, ce qui n’était pas acquis. Ce texte condamne certes les guerres de conquête territoriale en général et celle d’Ukraine en particulier. Mais omet de préciser qu’elle est le fait de la Russie. Ce dont le G20  n’a pas de quoi être fier », a réagi un porte-parole du gouvernement ukrainien.

L’autre grand échec de ce G20 porte sur la lutte contre le réchauffement climatique. La déclaration finale s’en tient à appeler à  accélérer les efforts  pour réduire la production d’électricité à l’aide de centrales à charbon. Mais ne dit rien du gaz ni du pétrole… dont ses membres consomment 85 % de la production mondiale, tandis que neuf d’entre eux en sont parmi les principaux producteurs.

L’Inde elle-même est devenue, depuis la guerre en Ukraine, l’un des principaux acheteurs du pétrole russe banni de l’Amérique du nord et de l’Union européenne, qu’elle raffine par pétroliers entiers pour vendre aux Européens le gazole qui leur fait défaut.

Cette paralysie face à l’ urgence climatique  a été dénoncée par Lula, le président brésilien. Ce dernier pourra dès l’an prochain montrer qu’il sait faire mieux, puisqu’il sera l’organisateur du prochain G20.

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