“À l’issue d’une ‘décennie perdue’ de stagnation économique en Amérique latine et dans les Caraïbes, un nouvel élan semble prendre forme dans une partie de la région”, écrit dans sa quatrième édition de l’année 2023 la revue trimestrielle new-yorkaise Americas Quarterly consacrée à l’Amérique latine. Un numéro consacré aux forces actuelles (mais aussi aux faiblesses) de l’économie latino-américaine sous le titre : “Scénario (relativement) optimiste pour l’Amérique latine.”
Le sous-continent est-il en train de reprendre le chemin de la croissance et du développement ? Cela dépend bien sûr des pays – le Brésil et le Mexique ouvrent la marche – et des secteurs économiques. Mais la revue se veut résolument optimiste. “Le bilan semble bien afficher un modeste rebond de la croissance, et augurer une conjoncture plus propice pour les investisseurs et les 660 millions d’habitants de l’Amérique latine et des Caraïbes.”
Il y a dix jours, le Fonds monétaire international a revu à la hausse sa perspective moyenne de croissance de la région pour l’année 2023, portée de 1,9 à 2,3 %. Un taux qui peut paraître modeste mais qui représente plus du double de celui des cinq ans qui ont précédé la pandémie de Covid-19. Les investissements étrangers ont représenté un véritable boom en 2022, en hausse de 55 % pour atteindre un record de 244 milliards de dollars – 230 milliards d’euros. Et les échanges commerciaux augmentent également : ainsi, au premier semestre 2023, le Mexique est devenu le premier partenaire commercial des États-Unis, devançant la Chine pour la première fois depuis vingt ans.
De multiples accords commerciaux en 2023
Aujourd’hui, l’un des atouts de la région serait son éloignement des “points chauds de la planète comme l’Ukraine, Israël et Gaza ou encore Taïwan” : “La légitimité morale et l’intérêt stratégique à long terme de la neutralité, ou ‘non-alignement’ [de l’Amérique latine] sont discutables. Mais pour l’instant, dans les hôtels d’affaires à São Paulo, Santiago, Panama et Bogota, on entend un extraordinaire mélange de chinois, anglais, arabe et français, autant de personnes venues signer des contrats.”
De multiples accords commerciaux et d’investissements ont été signés en 2023, notamment avec l’Union européenne et le sous-continent, ou entre le Brésil et l’Arabie saoudite. Quant à la Chine, elle est en train de construire pour 1,3 milliard de dollars au nord du Pérou un “mégaport” en eaux profondes qui n’intéresse pas seulement le pays andin mais la quasi-totalité de l’Amérique du Sud pour augmenter sa capacité d’échanges commerciaux avec l’Asie.
Les matières premières restent la principale force du sous-continent. Une simple réplique du boom de la décennie 2000 ? Non, explique à la revue Ilan Goldfajn, président de la BID, la Banque interaméricaine de développement : “Ce n’est pas tant un boom des prix que des investissements.”
“De ce fait, l’effet sera moins spectaculaire mais pourrait être plus durable.”
Mais les investissements ne se limitent plus, désormais, aux matières premières. Ils concernent aussi les produits finis, notamment les produits électroniques ou les voitures électriques. Ainsi, Tesla annonçait en mars dernier 5 milliards de dollars d’investissements pour la construction d’une “méga-usine” dans le nord du Mexique.
Corruption et inégalités
L’avenir n’est pas totalement rose pour autant, selon Americas Quarterly, qui cite le dérèglement climatique, l’expansion générale du crime organisé dû au trafic de drogue et “les difficultés du quotidien, [qui] poussent encore un nombre record de migrants d’Amérique latine et des Caraïbes à traverser la frontière des États-Unis” : “La corruption, les inégalités et la mauvaise gouvernance politique pourraient freiner les avancées permettant d’améliorer la vie des classes modestes.”
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