L’UNICEF France publie un rapport alarmant sur les droits des enfants d’Outre-mer et formule 44 recommandations aux pouvoirs publics

A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, ce lundi 20 novembre, l’UNICEF France publie un rapport alarmant sur les conditions de vie des enfants en Outre-mer, tout particulièrement en Guyane et à Mayotte. Et formule des recommandations politiques fortes pour une meilleure prise en compte de leurs droits et besoins dans ces territoires ultramarins. 

L’UNICEF France publie un rapport inédit, état des lieux de la situation alarmante des droits de l’enfant dans les territoires d’Outre-mer. Il fait le constat d’un écart frappant et de problématiques exacerbées entre le territoire hexagonal et les Collectivités Territoriales d’Outre-mer* (CTOM), où plus d’1 million d’enfants et de jeunes grandissent dans des conditions de vie souvent difficiles, voilées à nos yeux par l’illusion de la richesse des paysages et de la diversité de leurs territoires. 

Une pauvreté infantile importante qui impacte les droits fondamentaux des enfants 

Si les CTOM ne rassemblent que 3% de la population française, elles concentrent 24% des personnes concernées par une situation de grande pauvreté : près de la moitié des enfants sont considérés comme pauvres à la Réunion, jusqu’à 6 enfants sur 10 à Mayotte, contre 2 sur 10 dans l’Hexagone. Le rapport de l’UNICEF France souligne notamment que cette pauvreté infantile affecte tous les aspects de la vie, entraine des conséquences désastreuses en termes de suivi de santé, de réussite scolaire ou d’accès aux services de protection, et impacte donc leurs droits fondamentaux. 

Un taux de mortalité infantile bien trop élevé 

Très concrètement, cela se traduit par des situations de mal-logement révélatrices (3 habitants sur 10 sont mal logés, notamment à Mayotte et la Réunion), une crise de l’eau qui sévit dans plusieurs territoires particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques, conjuguée à un système de santé défaillant et un taux important de non-recours au soin. « Les répercussions sur la santé physique et mentale des enfants sont particulièrement inquiétantes, alerte l’UNICEF France, le taux de mortalité infantile est nettement supérieur dans les CTOM, atteignant par exemple 8,9 % à Mayotte alors qu’il se situe à 3,7 % dans l’Hexagone. » Le rapport cite également les problématiques liées à l’accompagnement des grossesses précoces très fréquentes notamment en Guyane, à la prise en charge des troubles psychiques ou psychiatriques exacerbés à Mayotte et en Guyane également, et des maladies hydriques car, rappelons-le, nombreux sont les habitants qui n’ont pas accès à l’eau courante à domicile. 

Près de 10 000 enfants non scolarisés en Guyane !

L’UNICEF France constate également que de nombreux enfants « invisibles » aux yeux des statistiques ne sont pas scolarisés, « notamment en raison de freins administratifs, de pratiques discriminatoires, d’un éloignement géographique avec les établissements scolaires, ou d’une prise en charge inadéquate du plurilinguisme des élèves. » Les chiffres sont effarants : on l’estime à près de 10 000 enfants hors école en Guyane, et entre 5000 et 9000 à Mayotte. Quant aux enfants scolarisés, la question de la langue d’enseignement a un impact direct sur leurs compétences et leur réussite puisque 30% des élèves de Guadeloupe, de la Réunion, de la Martinique présentent des difficultés de lecture, et plus de 50% en Guyane et à Mayotte, contre 9 à 12% au niveau national.  

Des facteurs qui exacerbent les violences interfamiliales, sexuelles et sexistes

Un enfant qui grandit dans ce contexte difficile de grande précarité économique, de promiscuité dans les logements, de taux d’addiction élevé, de violences éducatives ordinaires reconnues, est exposé à des violences interfamiliales, violences sexuelles et sexistes, rarement signalées. Et l’UNICEF France se désole que « les dispositifs de protection de l’enfance peinent à accomplir leur mission, faute de moyens suffisants. ». L’organisation alerte également sur le traitement réservé aux enfants d’origine étrangère ou en situation de migration spécialement exposés à la violation de leurs droits. « La France continue d’avoir recours à l’enfermement administratif des familles avec enfants ainsi que des mineurs isolés dans la mise en œuvre de sa politique migratoire », condamne fermement l’UNICEF France, citant les 3135 enfants enfermés au centre de rétention de Mayotte, en 2021. 

44 recommandations fortes pour une vraie prise de conscience 

Pour l’UNICEF France, il est urgent d’agir. Dans son rapport « Grandir en Outre-Mer », elle propose donc 44 recommandations politiques fortes à destination des pouvoirs publics locaux et nationaux pour que des actions concrètes soient mises en place, dans une prise de conscience globale. L’objectif : une meilleure prise en compte des besoins des enfants et une meilleure effectivité de leurs droits dans ces territoires ultramarins.

*Ces collectivités territoriales sont : la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, La Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et les îles de Wallis-et-Futuna.  

Découvrir la synthèse détaillée du rapport et ses recommandations

 


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