Lutte contre le racisme et la violence, activités sportives dans les écoles… : le plan de Jeholet pour doper la pratique du sport en Europe
La scène est malheureusement récurrente sur et autour des terrains de sport, qu’il s’agisse de football, de basket ou d’autres disciplines sportives, collectives ou individuelles : les agressions, qu’elles soient physiques ou verbales, sont en augmentation ces dernières années. En Belgique mais pas uniquement : dans la quasi totalité des Etats-Membres de l’Union européenne, la violence est en hausse depuis les années covid. Chaque week-end ou presque, des coups sont échangés, des insultes racistes ou sexistes proférées, de la violence psychologique exercée, notamment à l’encontre d’enfants. Des actes nauséabonds commis entre sportifs eux-mêmes mais aussi par les encadrants (entraîneurs, présidents de clubs,…), les parents ou les supporters.
Le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet (MR) en a bien conscience. “Les faits de violence, racisme, sexisme et autres harcèlements et discours de haine sont en augmentation ces dernières années, commente-t-il. Ces actes, commis tant à l’égard des sportifs que des encadrants, sont inqualifiables et doivent être bannis des terrains de sport pour permettre à chacun de pratiquer son sport dans des conditions idéales. L’actualité est encore trop régulièrement marquée par des incidents inacceptables que ce soit lors de compétitions officielles, amateurs et même en catégorie d’âge. La violence n’a sa place ni sur, ni en dehors des terrains.”
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En sa qualité de président du conseil européen des Sports dans le cadre de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, Pierre-Yves Jeholet a mis en place un plan de travail à destination de la Commission européenne, des Etats-Membres mais également des fédérations sportives et clubs. Une feuille de route en faveur du sport, dont il veut exsuder la violence ordinaire mais également le rendre plus accessible à tous, pour en doper la pratique. Il entrera en vigueur le 1er juin et portera jusqu’en décembre 2027. En voici les grandes lignes.
Sanctionner plus durement les actes de violence et discours de haine
Pierre-Yves Jeholet estime qu’il est important d’agir sur la prévention pour éradiquer les phénomènes de violence dans le sport. Au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des actions de prévention ont donc été multipliées en ce sens. Des campagnes vantant l’importance du fair-play, la lutte contre le racisme ou le sexisme ont donc régulièrement lieu en Fédération Wallonie-Bruxelles. La campagne “Mettons a violence hors-jeu !” portée cette année par l’association des clubs francophones de football (ACFF) pourrait ainsi être reconduite chaque année. “Mais quand la prévention et que les sanctions déjà en place ne suffisent pas, il faut mettre en place des sanctions plus fortes pour décourager les auteurs d’encore commettre de tels actes, tonne Pierre-Yves Jeholet. Et cela tant à l’égard des sportifs que des encadrants. Les joueurs et supporters doivent faire preuve d’exemplarité pour contrer une situation que l’on constate tous les week-ends. Et pas que dans le football : toutes les disciplines sont concernées.”
Davantage de place pour les femmes dans le sport
Selon les études menées par l’Union européenne, la population féminine ne connaîtrait pas une pratique égale à celle des hommes : 80 % des jeunes garçons pratiqueraient du sport contre 72 % des jeunes filles. La différence reste minime. Mais les femmes connaîtraient plus d’obstacles au moment du passage de l’adolescence à la vie d’adulte. Et la pratique sportive chez les femmes s’estomperait dès lors. Une étude a été commandée “pour avoir des données objectives sur la diversité de genre et l’inclusion des femmes dans le sport afin d’orienter les politiques en fonction de ses résultats.”
Le ministre invite les autres états à adopter davantage de dispositions permettant de favoriser la pratique du sport chez les femmes. “Comme on l’a fait en FWB avec des quotas dans les conseils d’administrations des fédérations et associations sportives ou le fait que la RTBF doive prévoir 25 % de couverture de compétitions féminines en télé et radio. Au final, l’objectif est de doper l’attrait pour le sport féminin, et donc la pratique sportive.”
Favoriser la pratique du sport auto-organisé
Selon une étude réalisée pour le compte de l’Union européenne, 55 % des Européens pratiqueraient une activité physique régulière. “Mais seuls 12 % d’entre eux le fond dans une infrastructure sportive (NDLR : club de sport ou de fitness,…).”
Les autres font ce qu’on appelle du sport “auto-organisé”. À savoir une activité pratiquée sans encadrement (vélo, course à pied, natation,…) ou via un groupe n’appartenant à aucune fédération, comme des amis qui font du tennis ensemble sans passer par un club. “La Commission européenne, ses Etats-Membres et les parties prenantes du sport seront invitées à prendre une série d’initiatives (NDLR : campagnes de sensibilisation aux bienfaits du sport, chèques-sport,…) afin de continuer à activer sportivement la population européenne via le sport auto-organisé.”
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Ouvrir davantage les infrastructures scolaires aux sportifs amateurs
Pour les sportifs amateurs, rien n’est plus frustrant que de devoir renoncer à son sport parce que les salles et autres infrastructures sportives sont saturées. Il ne s’agit pas de quelques fois par an : réserver une salle est souvent un véritable chemin de croix tant les plages horaires du soir sont prises d’assaut. Mais encore plus frustrant est de savoir que des quantités d’infrastructures sportives restent fermées justement aux heures les plus convoitées : les infrastructures sportives scolaires. Certains établissements ouvrent déjà leurs portes aux sportifs amateurs étrangers à l’école. Mais bon nombre d’écoles restent closes malgré des terrains de football, des salles de sport et même parfois des piscines dans leur enceinte. “Il n’y a parfois pas assez de salles et infrastructures sportives, avoue Pierre-Yves Jeholet. Et on est en manque cruel de piscines à Bruxelles et en Wallonie. Mais on ne pourra jamais construire une piscine publique dans chaque commune. Il faut donc pousser les écoles à partager leurs infrastructures sportives pour augmenter la capacité des clubs à accueillir tous les sportifs en dehors des périodes scolaires (NDLR : le soir, les week-ends ou lors des congés scolaires). Bien sûr, cela demande de l’organisation, du personnel, de l’investissement mais ce serait aussi, pour les écoles, une possibilité de rentabiliser leurs infrastructures. C’est aussi cela que je porte dans le plan de travail pour l’Europe.”
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Amener davantage de sport dans les écoles, notamment lors des jours blancs
En Fédération Wallonie-Bruxelles, les cours d’éducation physique sont obligatoires en primaire et secondaire. Ce n’est pas le cas partout en Europe. Et Pierre-Yves Jeholet souhaite imposer cette norme dans tous les pays membres de l’Union européenne. “Les bienfaits sur la santé physique mais aussi en termes d’outil sociétal ne sont plus à démontrer. Le sport véhicule de nombreuses valeurs comme l’inclusion, le dépassement de soi ou, encore, l’ouverture d’esprit. La pratique sportive est essentielle surtout pour les plus petits. Une étude, commandée par l’ADEPS établit que 10 % des jeunes n’ont jamais fait de sport mais également que la pratique sportive est plus importante en primaire (78 %) qu’en secondaire (73 %). L’objectif est que les Etats membres réalisent une série d’actions qui renforceront la politique sportive, la gouvernance et la coopération à l’échelle européenne.”
Actuellement, la majorité des sports pratiqués par les jeunes le sont en dehors des périodes scolaires. Le soir ou le week-end. “Mais beaucoup d’enfants n’ont pas accès au sport tantôt parce qu’ils n’en ont pas envie, tantôt parce que leurs parents n’ont pas suffisamment de temps à y consacrer.” Pierre-Yves Jeholet propose dès lors de favoriser la pratique du sport dans les écoles. “En faisant venir les clubs sportifs à l’école, notamment le mercredi après-midi ou à travers de journées d’initiation qui pourraient, par exemple, avoir lieu durant les jours blancs. Cela permettrait aux enfants de pouvoir tester des sports et s’affilier s’ils en ont envie.”
Selon Jeholet, booster la pratique du sport chez les jeunes permettrait aussi une meilleure réussite scolaire. “Le taux de réussite en sport-études dépasse les 95 %, termine Pierre-Yves Jeholet. Le sport permet aux jeunes de s’épanouir, de se dépenser et de trouver une discipline qu’ils peuvent ensuite appliquer dans leurs études.”
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