Musique, expos, spectacles, cinéma… Que voir à Bordeaux en septembre, octobre et novembre 2023 ?

Björk et November Ultra en concert, les 50 ans du musée d’art moderne, la huitième édition du festival d’arts vivant… Découvrez notre sélection.

Par François Gorin, Hugo Cassavetti, Sophie Bourdais, Erwan Desplanques, Anne Berthod, Emmanuelle Bouchez, Louis-Julien Nicolaou

Publié le 01 septembre 2023 à 09h00

MUSIQUE

Thierry Eliez au Rocher de Palmer

Thierry Eliez , pianiste virtuose et chanteur remarquable. Photo Sylvain Gripoix

Fougueux, excessif, tel apparaît Thierry Eliez sur scène. Pianiste virtuose et chanteur remarquable, il rend hommage à Keith Emerson, superstar flamboyante du rock progressif dans les années 1970 avec Emerson, Lake and Palmer. Épaulé par le Quatuor Manticore et la chanteuse Ceilin Poggi, Eliez allie finesse et déraison, rigueur et passion, transformant le concert en acte de foi.

► Le 7 septembre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

Kamaal Williams au Rocher de Palmer

À Londres, on ne se soucie guère de plaire aux puristes : électro, afrobeat, dub, hip-hop, le jazz s’infiltre et s’exfiltre partout, absorbe tout, se nourrit de tout. C’est ainsi que Kamaal Williams, né Henry Wu, se consacra d’abord à la house avant d’élaborer aux claviers une fusion personnelle qu’il nomme « Wu Funk ». Moderne, atmosphérique, métisse, sa musique accorde une large place à l’improvisation : évasion garantie.

► Le 8 octobre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

“Le Retour d’Ulysse”, à l’Auditorium

Tandis qu’Ulysse, parti guerroyer à Troie, met vingt ans à rejoindre son île d’Ithaque, son épouse Pénélope l’attend patiemment, harcelée par une meute de prétendants… Cette histoire bien connue, Claudio Monteverdi la célèbre avec faste dans le deuxième de ses trois opéras complets. Il bénéficie ici de la complicité du bel ensemble baroque I Gemelli, moteur de cette production éprouvée, dirigée (et chantée) par Emiliano Gonzalez Toro et mise en espace par Mathilde Étienne.

►Le 12 octobre à 20h, Auditorium de Bordeaux. 2h55.

Jay-Jay Johanson au Rocher de Palmer

Le néo-crooner suédois Jay-Jay Johanson.

Le néo-crooner suédois Jay-Jay Johanson. Photo Julien Sitruk

Dans son quatorzième album paru en juin, Fetish, le néo-crooner suédois continue de naviguer avec bonheur entre jazz-pop intimiste et électro doucement dansante. Dans la foulée de cette parution, il renoue avec un public français qui n’a cessé de lui être fidèle, même au creux de la vague, et ce depuis près de trente ans. Jay-Jay Johanson, de son côté, a toujours préféré suivre le cours de son inspiration personnelle plutôt que d’accrocher aux tendances musicales du moment.

► Le 14 octobre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

“Requiem” de Mozart, à l’Auditorium

En résidence à l’Opéra de Bordeaux depuis 2014 , Raphaël Pichon et son ensemble Pygmalion remettent sur le métier le Requiem de Mozart, qu’ils connaissent fort bien pour l’avoir déjà plusieurs fois présenté en version scénique. La célèbre messe des morts sera complétée par la Musique funèbre maçonnique, des canons et motets et des œuvres a cappella du même Mozart. Et l’on retrouvera les chanteurs solistes présents à Bordeaux (Ying Fang, Beth Taylor, Laurence Kilsby, Alex Rosen) sur le disque prévu à l’automne 2024.

► Le 15 octobre à 17h, Auditorium de Bordeaux. 1h45.

November Ultra au Rocher de Palmer

Mélanie Pereira, alias November Ultra.

Mélanie Pereira, alias November Ultra. Jérôme Bonnet pour Télérama

Elle fut la révélation chanson de l’an 2022 en distillant ses confidences dans l’atmosphère ouatée d’une chambre à coucher. Depuis, l’album Bedroom Walls, partout salué (y compris par une Victoire de la musique), est reparu dans une version augmentée et Mélanie Pereira, alias November Ultra, qui malgré son ascendance hispanique chante en anglais, a fait exploser les murs en le promenant sur toutes les scènes. Tournée de la consécration qui redoublera les attentes d’un prochain disque.

► Le 27 octobre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

Yom au Rocher de Palmer

Le clarinettiste joue son nouvel album, le magnifique Alone in the Night, mais il n’est pas tout seul. Désormais plus tourné vers la contemplation que vers la transe, il prolonge ainsi sa collaboration avec le pianiste Léo Jassef, amorcée sur l’album Celebration. Ni yiddish, ni jazz, ni classiques, leurs lumineux échanges se nourrissent de douces réminiscences et réveillent des émotions enfouies, pour les faire irradier sur scène avec une rare sensibilité.

►Le 3 novembre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

“Rusalka”, à l’Opéra

Maintes fois adaptée au cinéma, La Petite Sirène de Hans Christian Andersen a beaucoup fait parler d’elle ces derniers temps. Cette relecture tchèque et lyrique, mise en notes en 1900 par Antonín Dvořák à partir d’un livret de Jaroslav Kvapil, mettra-t-elle tout le monde d’accord ? Jean-Philippe Clarac et Olivier Delœil, metteurs en scène, transposent l’histoire dans l’univers de la natation synchronisée. En fosse, l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine sera dirigé par Domingo Hindoyan.

►Les 8, 10 et 12 novembre, Grand Théâtre, Opéra de Bordeaux. 3h20, dont deux entractes.

Dhafer Youssef au Rocher de Palmer

Dhafer Youssef, maître du oud tunisien.

Dhafer Youssef, maître du oud tunisien. Photo Sabine Hauswirth

Cinq ans après son dernier concert en ville, le vocaliste et maître de oud tunisien revient présenter le bel album Streets of Minarets : de nouvelles tribulations soufies entre Orient et Occident, à la fois planantes et groovy. Les sept musiciens en fusion jazz-rock (dont le guitariste Nguyên Lê) garantissent en effet la tenue du projet, mais surtout, on ne résiste pas à l’idée de céder à nouveau aux vertiges de son poignant lamento vocal, aiguisé sur le fil d’un timbre nasal toujours aussi stupéfiant.

► Le 29 novembre à 20h30, Le Rocher de Palmer (Cenon).

Björk à l’Arkéa Arena

Björk, éternelle défricheuse pop.

Björk, éternelle défricheuse pop. Photo Vidar Logi

Démarrée il y a quatre ans, la très ambitieuse tournée Cornucopia de Björk a été interrompue par la pandémie. C’est donc, enrichie de chansons de son dernier album Fossora, que la diva islandaise poursuit son expérience de quasi-théâtre musical, faisant appel à tous les sens, ne s’interdisant aucun apport technologique pour sublimer ses odes à la nature et à l’émancipation de l’être humain. Björk, éternelle défricheuse pop, suit sa route aussi singulière qu’unique, profondément nordique, assurément universelle.

► Le 5 décembre, Arkéa Arena.

SCÈNES

Festival international des arts de Bordeaux

Alain Roche en concert perché.

Alain Roche en concert perché. Rui Rodrigues/Crosswork.ch

Un concert perché du performer suisse Alain Roche avec des pianos suspendus à une grue, le blues shakespearien de la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker (Exit Above) ou encore la danse athlétique et participative de la compagnie Volubilis (Panique Olympique)… Pour sa huitième édition, l’effervescent raout bordelais du spectacle vivant investit la rue, les vitrines, propose dix-sept créations, des portraits de la plasticienne culinaire Enora Lalet à la « Bibliothèque sonore des femmes » qui permettra d’écouter Marguerite Yourcenar ou Sylvia Plath au téléphone. Esprit ludique, spectacle maximal.

“Now and now”, à l’Opéra

Deux lectures différentes de la vie à deux. D’autant qu’il y a un monde entre les apparitions/disparitions ciselées par le chorégraphe suédois Johan Inger (qui donnent leur nom à la soirée) et la déclinaison délicate du style académique de l’Américain Jerome Robbins sur quatre Nocturnes, de Chopin (1970). Coïncidence : c’est pour le même New York City Ballet – dirigée par Robbins – que le deuxième Suédois de la soirée, Pontus Lidberg, a d’abord créé, en 2017, The Shimmering Asphalt, sur une musique de l’Américain David Lang. Au tour du Ballet de l’Opéra de Bordeaux de relever tous ces défis.

► In the Night, de Jerome Robbins ; Now and Now, de Johan Inger ; The Shimmering Asphalt, de Pontus Lidberg, de 5 au 12 octobre, Grand Théâtre, Opéra de Bordeaux.

“Le Rouge et le Noir”, de Catherine Marnas, au TNB

Laureline Le Bris-Cep et Jules Sagot dans « Le Rouge et le Noir ».

Laureline Le Bris-Cep et Jules Sagot dans « Le Rouge et le Noir ». Photo Pierre Planchenault

Elle avait pris les rênes du Théâtre national de Bordeaux Aquitaine en signant une belle adaptation de Lignes de faille, de Nancy Huston. Dix ans plus tard, Catherine Marnas tire sa révérence avec la relecture d’un autre roman, Le Rouge et le Noir, centrée sur le procès de Julien Sorel – que campe le talentueux Jules Sagot, repéré par le grand public dans Le Bureau des légendes. Multi-adapté à la télévision, le classique de Stendhal se distingue sur les planches par une réflexion dépoussiérée sur le statut de transfuge de classe et les ressorts aveugles de l’ambition.

“Troubles”, de Virginie Despentes, Béatrice Dalle, Casey et Zëro, au Théâtre Fémina

Après Louis Calaferte (2015) ou Pasolini (2017), Virginie Despentes et Béatrice Dalle donnent de la voix à une dizaine d’autrices, des années 1960 à nos jours, dans un spectacle-pamphlet où se mêlent littérature engagée et lecture habitée, (trans)portée par les nappes de Zëro (groupe « noise » de Lyon) et le flow de la rappeuse Casey. Magnétisme musical, magie noire du théâtre, incandescence d’un féminisme réaffirmé.

EXPOS

Les 50 ans du CAPC

« Mon corps n’est pas une île », de Eva Kot’átková, CAPC Musée d’art contemporain en 2022.

« Mon corps n’est pas une île », de Eva Kot’átková, CAPC Musée d’art contemporain en 2022. Photo Arthur Péquin

Premier espace en France totalement dédié à l’art contemporain (avant le Centre Pompidou de Paris), le CAPC célèbre son cinquantenaire avec une dizaine de performances, un marathon de vingt entretiens en compagnie de commissaires d’expo et critiques d’art (Nicolas Bourriaud ou Henry-Claude Cousseau), un concert de Rubin Steiner… On en profitera pour admirer l’installation de l’artiste Kapwani Kiwanga, laquelle succède à d’autres grands noms invités sous la nef de l’Entrepôt Lainé, de Richard Serra à Cindy Sherman en passant par Daniel Buren. Cinquante bougies et toujours la même flamme.

“Parler avec elles”, au Frac Meca

« dé-finition/méthode 389, TRANSIT, thème 65 » (1983), de Claude Rutault.

« dé-finition/méthode 389, TRANSIT, thème 65 » (1983), de Claude Rutault. Photo Claire Dorn

Une collection de musée ne vit que lorsqu’on joue avec elle, qu’on y approche un œil neuf, qu’on la trahit avec méthode ou facétie. Le FRAC a invité l’artiste Émilie Parendeau à « réactiver » certaines œuvres de son fonds, notamment celles du peintre conceptuel Claude Rutault, disparu en 2022 et déjà célébré cette année au Louvre, à Orsay et au Centre Pompidou. Cette prometteuse conversation avec les réserves convie également deux artistes suisses : la performeuse Davide-Christelle Sanvee et la plasticienne Delphine Reist pour une (ré)création polyphonique et engageante.

► « Parler avec elles », du 13 octobre au 17 mars, Frac Meca.

CINÉMA

Festival international du film indépendant de Bordeaux

Nicolas Peduzzi, réalisateur du documentaire « État limite ».

Nicolas Peduzzi, réalisateur du documentaire « État limite ». Jean-Francois Robert pour Télérama

Le rendez-vous des cinéphiles aquitains n’a jamais manqué de flair ni de goût : l’édition 2023 du Fifib propose deux très belles rétrospectives (Joachim Lafosse et Monia Chokri), accueille Erwan Le Duc ou Nicolas Peduzzi pour l’avant-première de leur nouveau film et déniche la crème des réalisateurs émergents pour une compétition finaude où l’on retrouvera l’Iranien Mehran Tamadon ou la Française Héléna Klotz. Sélection de pointe et passion d’un ciné hors des clous.

Cinéma, spectacles, musique… Retrouvez ici toutes nos recommandations pour l’automne et nos sélections ville par ville.

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