Ils ont accroché le Cameroun (1-1), battu la Gambie (1-0) et éliminé la Guinée équatoriale (1-0) pour atteindre, comme en 2004, 2006, 2008 et 2015, les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Eh oui! Les joueurs de la Guinée brillent cet hiver en Côte d’Ivoire, en Coupe d’Afrique des nations. Emmenés par le Toulonnais Kaba Diawara, les « Silly nationaux » peuvent écrire l’une des plus belles pages de leur histoire, ce vendredi soir au stade Alassane-Ouattara à Abidjan, face à la République démocratique du Congo (coup d’envoi à 21 heures). Avec un homme qui se sert de son vécu au Sporting club de Toulon pour faire passer ses messages.
Le quart de finale contre la RD Congo est-il historique pour la Guinée?
Si nous gagnons aujourd’hui contre la RD Congo, alors ce sera historique d’atteindre le stade des demi-finales. Notre victoire en huitième de finale nous a aussi permis de mettre fin à quarante-huit ans de disette dans nos matches à élimination directe (quand les Guinéens ont atteint les quarts en 2004, 2006, 2008 et 2015, la formule était différente, le stade des huitièmes de finale n’existait pas, et ils sortaient directement des poules). J’ai 48 ans et j’ai pris ça comme un symbole fort. Nous sommes tous très croyants. Quelque chose est en train de naître au sein de cette sélection.
C’est-à-dire?
Une anecdote résume tout. Notre leader Naby Keita était blessé en début de cette CAN. Du coup, j’ai fait jouer le jeune Aguibou Camara, qui a été tout de suite énorme. Une fois rétabli, et de son plein gré, Keita est venu me dire qu’il n’y aurait aucun problème si je maintenais ma confiance à Camara. Que ce serait même logique, au regard de ses performances. Quand votre joueur cadre vous dit ça, c’est que c’est gagné. Les autres vont suivre. Et c’est ce qui se passe…
Un sentiment renforcé par votre causerie, à la mi-temps, face au Cameroun, qui est devenue virale. Est-ce un moment charnière?
Disons que c’est ma manière de voir le foot. Les datas, données GPS, statistiques, c’est intéressant pour les axes de travail, mais le football, c’est d’abord de l’humain. C’est ce que j’ai connu au Sporting Toulon avec des entraîneurs comme Roger Pasero, Jacques Sensi ou Jean-Marie Ferrero, entre autres. Il faut savoir parler à tout le monde de manière claire et limpide pour se faire comprendre en un minimum de temps. À l’époque, à Toulon, il y avait des joueurs originaires d’Afrique noire, du Maghreb, de Corse dans le vestiaire et nous étions une vraie famille. C’est ce que je veux insuffler.
Jusqu’où peut aller la Guinée?
Notre force, c’est que personne ne mise sur nous. Il n’y a que quand nous jouons contre eux que nos adversaires se rendent compte que nous sommes difficiles à bouger. Mais c’est trop tard (rires). Ce groupe mériterait d’aller au bout. Nous avons beaucoup souffert, moi aussi. Il a fallu surmonter beaucoup de problèmes.
Mesurez-vous ce que vous êtes en train d’accomplir? C’est seulement votre deuxième CAN au poste de sélectionneur…
Franchement, pas du tout. Depuis le début de la compétition, nous sommes dans une bulle. Et je fais tout pour y rester. Je refuse beaucoup de sollicitations pour ne pas m’éparpiller. Sauf celles des amis d’enfance, bien sûr (rires). Ici, tout est décuplé en termes d’émotions. Je pleure beaucoup, car nous ne gagnons pas par des 4-0, mais à chaque fois avec des scénarios de fou. J’aurai le temps, une fois tranquille, de regarder notre parcours et de savourer.
D’autant que cette compétition est devenue un « cimetière » à sélectionneur?
Personnellement, la fédération m’avait donné trois objectifs. D’abord se qualifier pour la CAN, atteindre les quarts de finale et finir dans le top 10 en Afrique. C’est fait. Pourtant, quand j’ai vu notre groupe de la mort avec le Cameroun, le Sénégal et la Gambie, je n’en menais pas large…
À titre individuel, votre parcours est exceptionnel. Vous attendiez-vous à occuper ce poste?
Pas vraiment. Moi, je voulais être manager et puis, les choses se sont faites naturellement. Je n’ai savonné aucune planche pour en être là. Je reste moi-même, quoi qu’il arrive, et j’ai été éduqué en ce sens. J’ai perdu mon père il y a six mois, mais son héritage, c’est l’éducation. Malgré la notoriété ou les responsabilités, rien ne change. Quand je vais chez ma mère, j’enlève les chaussures à l’entrée et je laisse les problèmes derrière moi (rires).
Un mot sur votre attaquant Morgan Guilavogui?
C’est la famille! J’ai raté Joshua (Guilavogui, sélectionné en équipe de France), alors je ne voulais pas passer à côté de Morgan. Je l’avais vu bébé. Il s’est bien intégré et je préfère l’utiliser milieu droit, car il est capable de répéter les efforts. De plus, il est discipliné tactiquement. C’est un joueur passionné. Une vraie trouvaille.
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