Le Groenland fait partie du Royaume du Danemark, au même titre que les îles Féroé. C’est la plus grande île du monde, avec une superficie plus de quatre fois supérieure à celle de la France métropolitaine, mais une population de moins de 57.000 habitants. En quête d’indépendance , le pays a acquis un premier degré d’autonomie en 1979, suivi d’un second plus prononcé en 2009.
Alors que la loi de 1979 donnait au Groenland le contrôle de domaines politiques clés (gestion de la pêche, économie, éducation, culture, etc.) sans pour autant inclure les domaines régaliens comme la politique étrangère, la loi de 2009 a consacré le groenlandais, le kalaallisut, comme langue officielle – même si le danois reste la langue utilisée en politique – et lui a donné le contrôle du commerce extérieur et des affaires étrangères dans lesquelles il a des compétences. Une fois de plus, les domaines souverains tels que l’armée et la monnaie sont exclus.
Liens avec l’Union européenne
Depuis sa sortie des Communautés européennes en 1985, le Groenland fait partie des Pays et Territoires d’Outre-Mer associés à l’Union européenne au même titre que la Nouvelle-Calédonie, les Terres australes et antarctiques françaises, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna et Saint-Barthélemy. L’UE est devenue le premier partenaire commercial de l’île dès son entrée dans les Communautés européennes en 1973, et l’est restée depuis. Elle est également le plus grand fournisseur d’aide au développement, notamment dans le domaine de l’éducation et, plus récemment, de la croissance verte après le Danemark.
Bien que les relations commerciales euro-groenlandaises soient largement dominées par les produits issus de la pêche (ajoutons à cela que l’UE a depuis 1985 un droit de pêche dans les eaux groenlandaises), la Commission européenne et plus précisément la Direction générale du marché intérieur a signé avec le gouvernement groenlandais un « partenariat stratégique » sous la forme d’un mémorandum fin novembre 2023 portant sur le développement « des chaînes de valeur durables pour les matières premières ». Ce mémorandum fait suite à une lettre d’intention envoyée par l’UE en 2012 dans la même optique.
Enjeux miniers
Le Groenland abriterait de vastes quantités de minéraux et de métaux, notamment de l’uranium et des terres rares. Depuis les élections d’avril 2021, le gouvernement groenlandais a banni toute exploitation d’uranium sur l’île , craignant pour la santé de sa population et l’environnement arctique fragile.
La localité de Kvanefjeld, dans le sud du Groenland, avait fait la une des journaux en raison de la présence supposée du sixième gisement d’uranium et du deuxième gisement de terres rares au monde. À ce propos, le Groenland est actuellement impliqué dans une procédure d’arbitrage avec la société australienne Energy Transition Minerals au sujet d’un projet arrêté par le gouvernement à Kvanefjeld.
C’est dans le cadre de l’accord entre l’Union Européenne et le Groenland que la France, comme ses voisins européens, est mentionnée : « La coopération avec l’UE est aussi souvent un point d’entrée pour une éventuelle coopération bilatérale avec les Etats membres de l’UE, tels que l’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la République tchèque et d’autres. »
Intérêts français
La France a un intérêt certain à suivre les développements groenlandais et à développer ses relations avec le pays, considérant son importance en matière économique certes, mais également scientifique et stratégique dans le cadre de la coopération transatlantique notamment. Trois Français vivent en permanence au Groenland. C’est trop peu pour y maintenir un consulat. Le consulat honoraire de France et le poste VIA (Volontariat international en administration) qui existaient il y a dix ans ont été supprimés depuis ; un projet de remplacement existe cependant.
La stratégie polaire de la France à horizon 2030 publiée en 2022 invite à un « réengagement » scientifique et politique au Groenland dans une perspective communautaire et/ou bilatérale tout en soulignant les opportunités économiques de l’espace arctique. Il semble cependant important de souligner que l’Appel de Paris pour les glaciers et les pôles, résultat du Sommet polaire organisé par la France en novembre 2023, n’a été approuvé à ce jour ni par le Royaume du Danemark, Groenland compris, ni par aucun Etat arctique.
Arthur Amelot est délégué du Comité Consultatif pour la Protection de la Mer (ACOPS).
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