Pour évaluer son PIB, à son tour, Libreville conteste Kuznets !

Le Gabon n’envisage pas de restructuration, ni de rééchelonnement de sa dette. En revanche, il est en train de revoir le calcul de son PIB, afin d’améliorer son ratio dette/PIB, a déclaré mercredi 22 octobre le vice-président gabonais, Alexandre Barro Chambrier, en marge du sommet Afrique organisé par Financial Times à Londres

Le numéro deux gabonais a révélé au passage qu’un audit de la dette intérieure a été diligenté afin de «mettre de l’ordre dans les engagements du Trésor,» et accélérer l’apurement d’impayés auprès des opérateurs économiques et des créanciers du pays.

La Banque mondiale avait d’ailleurs suspendu ses décaissements à Libreville en raison d’accumulation d’arriérés, ce qui a poussé le Trésor à se tourner vers les marchés de capitaux régionaux pour couvrir ses besoins de financement.

Dans ses déclarations à l’agence Reuters, le vice-président du Gabon assume les réaménagements dans le calcul du Produit intérieur brut (PIB) comme l’ont déjà fait la Guinée et le Nigeria : «cela permettrait de mieux prendre en compte le secteur informel et le capital naturel du pays.» Cette opération « cosmétique » produirait un PIB plus élevé que le chiffre actuel, qui s’élève à 21 milliards de dollars.

Ce rebasage sera achevé avant la fin de l’année et devrait améliorer le ratio dette/PIB. Voilà qui va faire retourner dans sa tombe Simon Kuznets, l’inventeur du PIB comme indicateur de mesure de la richesse.

L’audit de la dette intérieure lancée par le gouvernement permettrait de s’assurer «qu’elle est propre ou correcte» Cela n’est pas sans rappeler une opération similaire menée au Sénégal et qui avait débouché sur la découverte d’une dette «cachée» de plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Avec un budget sous tension (faute de liquidités suffisantes), le Gabon poursuit les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) en se concentrant sur la nécessité d’avoir une «marge de manœuvre pour investir plutôt que sur l’obtention d’un découvert auprès du Fonds,» insiste le vice-président Alexandre Barro Chambrier.