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Le vendredi 23 février, la commune d’Airaines (Somme) a signé un pacte d’amitié et de coopération avec la ville de Libreville, au Gabon.
« Un moment historique », pour les Airainois, qui renforce ainsi les liens qui l’unissent au pays d’origine du capitaine N’Tchoréré.
Pourquoi existe-t-il de tels liens entre la commune samarienne et la capitale gabonaise ? Comment s’expriment ces liens ? Réponse en 7 points…
Juin 1940 : l’héroïsme du capitaine N’Tchoréré
Pour trouver l’origine de cette amitié franco-gabonaise, il faut remonter à juin 1940, en pleine offensive de l’armée allemande.
Les combats d’Airaines ont été particulièrement violents durant la longue bataille de la Somme. Et les Tirailleurs Sénagalais y ont occupé la première place.
Plus précisément : le 53e RICMS (régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais), composé de soldats venus de ce qui étaient encore des colonies françaises.
À leur tête : le capitaine Charles N’Tchoréré, unique officier resté au premier rang des combats, qui paiera son engagement de sa vie, abattu comme beaucoup de ses hommes par les nazis, le 7 juin.
Le président du Gabon invité à Airaines
Dimanche 2 juin. Notez bien cette date : c’est celle qui a été retenue pour la commémoration de la bataille d’Airaines et l’hommage au capitaine N’Tchoréré et ses hommes du 53e RICMS cette année. Après la signature du pacte d’amitié et de coopération, cette commémoration 2024 s’annonce exceptionnelle. Comme chaque année depuis sa prise de fonction en 2020, l’ambassadrice Liliane Massala sera présente. Signataire du pacte, le général de brigade Jude Ibrahim Rapontchombo a lui aussi confirmé sa présence. Airaines pourrait recevoir un autre hôte de marque : le chef du gouvernement militaire de transition en personne, à qui une invitation officielle a été envoyée. Sera-t-il présent ? « Si son emploi du temps lui permet, oui, m’a affirmé le général qui le connaît bien », commente le maire Albert Noblesse.
Depuis 60 ans, des liens avec le Gabon
Après le temps de la reconstruction, la figure du capitaine N’Tchoréré est rapidement devenu une figure historique majeure, symbole du sacrifice de ces Tirailleurs Sénagalais.
À Airaines, des liens forts se sont tissés avec le Gabon.
Les contacts réguliers ont commencé avec l’installation d’une stèle dédiée au 53e RICMS en 1965, sous la mandature de Gabrielle-Marie Scellier.
Depuis, une délégation gabonaise participe chaque année aux commémorations de la bataille d’Airaines, début juin.
Un conteneur de 12 tonnes de matériels
En arrivant aux affaires en 2014, le maire actuel Albert Noblesse a encore renforcé ces liens, dont il avoue qu’ils lui tiennent particulièrement à cœur.
Dès 2016, l’association « Les Amis airainois et gabonais en action » a ainsi été créée.
Avec cette association, nous voulions développer nos relations, grâce à des Gabonais vivant à Amiens et en Belgique qui facilitent les échanges, nous aident dans les prises de contact…
C’est ainsi que, en 2019, Airaines a envoyé un conteneur de 12 tonnes de livres, de matériels médicaux et informatiques… dans la petite ville de Mounana, à 600 km à l’intérieur des terres.
Depuis, la livraison de ce conteneur, le maire de Mounana est venu à Airaines à deux reprises.
Un pacte très officiel
Plutôt qu’un jumelage, qui nécessiterait la création d’une autre association avec mise en place d’un bureau, Albert Noblesse a privilégié la signature d’un pacte d’amitié et de coopération.
C’est ce qui a été signé officiellement le 23 février avec une délégation de Libreville.
Habituée d’Airaines, où elle participe chaque année aux commémorations de juin, l’ambassadrice du Gabon Liliane Massala était présente.
Le pacte, lui, a été signé par le général de brigade Jude Ibrahim Rapontchombo, « délégué spécial chargé de la gestion de la commune de Libreville ».
Des échanges entre les jeunes d’Airaines et du Gabon
La signature de ce pacte est hautement symbolique. « Mais pas seulement, assure Albert Noblesse : elle doit être suivie d’effets. »
Outre l’organisation d’une nouvelle collecte, en cours, dont le bénéficiaire au Gabon n’a pas encore été choisi, de nouveaux échanges vont ainsi se mettre en place.
Nous aimerions accueillir des jeunes Gabonais à Airaines, et envoyer de jeunes Airainois au Gabon. Si le destin tragique et héroïque du capitaine N’Tchoréré pouvait servir à ouvrir la jeunesse à d’autres cultures, à un rapprochement avec l’autre, ce serait une belle victoire.
Ces échanges pourraient être mis en place dès 2025.
Premier voyage au Gabon pour le maire
D’ici là, Albert Noblesse devrait se rendre au Gabon fin juin. Si la présidente de l’association airainoise Nathalie Cagny a déjà fait le voyage en 2019 pour la livraison du container, ce serait une première pour le maire, qui souhaite notamment se recueillir au pied de la stèle dédiée au capitaine N’Tchoréré à Glasse, le quartier de Libreville dont il est originaire.
« Ces échanges doivent servir à nous rendre utiles là où nous pouvons l’être », ajoute Albert Noblesse, ancien paysan.
Lors de ce voyage, je vais ainsi rencontrer l’exploitant d’une petite parcelle agricole pour partager avec lui mon savoir-faire : il y a une vraie demande dans ce pays.
Le socle d’une amitié durable
D’autres formes d’échange sont en cours, avec la volonté de multiplier les rencontres, les aides sous toutes les formes possibles.
Plus qu’un symbole, le capitaine N’Tchoréré devient le socle d’une amitié durable, qui devrait apporter beaucoup aux Airainois, comme aux Gabonnais.
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