Au moins 15 personnes sont mortes au cours de la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 janvier 2024 en Papouasie-Nouvelle-Guinée (Asie-Pacifique). « Aujourd’hui, nous décrétons l’état d’urgence pendant 14 jours dans la capitale de notre pays », a déclaré, ce jeudi 11 janvier, le Premier ministre, James Marape. Que se passe-t-il dans ce pays en proie à la pauvreté et à un taux de criminalité élevé ?
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Une grogne anti-gouvernementale après une baisse des salaires
Des violences ont éclaté dans la capitale Port Moresby mercredi soir, après des manifestations contre le gouvernement menées par des soldats, policiers et gardiens de prison pour protester contre des baisses inexpliquées de leurs salaires.
Selon les Échos , les agents se sont aussitôt mis en grève avant de manifester devant le Parlement. Bien que le gouvernement ait rapidement promis de corriger ce qu’il a décrit comme un « problème technique », cela n’a pas suffi à empêcher des habitants mécontents de se joindre au tumulte.
Des manifestations de violence ont aussitôt éclaté. Des foules en colère ont incendié des bâtiments et saccagé des magasins au cours d’une nuit de chaos et les violences ont ensuite gagné la ville de Lae, à quelque 300 km au nord. Des vidéos tournées dans la capitale par l’AFP ont montré des pillards se précipitant dans les magasins à travers les vitrines brisées, mettant des marchandises volées dans des cartons, des chariots de supermarché et des seaux en plastique.
Des bâtiments et des voitures ont été incendiés, selon les images l’AFP, et d’épais panaches de fumée noire planaient au-dessus des quartiers les plus touchés de la ville. Plus de 1 000 soldats sont prêts à intervenir « là où cela serait nécessaire » en vertu du décret d’état urgence, a précisé James Marape. Le principal hôpital de Port Moresby a traité 25 personnes blessées par balle, selon les chiffres fournis à l’AFP, ainsi que six autres présentant des lacérations causées par des « machettes ».
Commerces chinois visés
Pékin a déposé une plainte auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la suite d’informations selon lesquelles les émeutiers auraient pris pour cible des commerces appartenant à des Chinois. Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que deux de ses ressortissants avaient été « légèrement blessés » lors des violences.
« Nous rappelons aux ressortissants chinois en Papouasie-Nouvelle-Guinée de prêter une attention particulière à l’évolution de la situation en matière de sécurité sur le terrain », a déclaré jeudi Mao Ning, une porte-parole du ministère.
De son côté, l’ambassade des États-Unis à Port Moresby a fait état de coups de feu tirés près de son enceinte alors que la police tentait de « disperser des groupes de pillards ». Maho Laveil, un habitant de Port Moresby qui enseigne l’économie à l’université de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que la paix avait été « largement rétablie » jeudi soir. « Ils ont chassé les pillards, ils ont empêché les bâtiments de brûler », a-t-il fait savoir à l’AFP.
40 % des habitants sous le seuil de pauvreté
Cette explosion de violence met en lumière les difficultés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays en proie à la pauvreté et à un taux de criminalité élevé. Située à environ 200 km au nord de l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’État le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie.
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Bien que le pays soit doté de vastes gisements de gaz, d’or et de minerais, les groupes de défense des droits humains estiment que près de 40 % de ses neuf millions d’habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté.
L’Australie a récemment conclu un accord de sécurité avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, promettant d’aider ses forces de police à lutter contre le trafic d’armes, la contrebande de drogue et la violence tribale. « Nous continuons à appeler au calme en ces temps difficiles », a déclaré jeudi le Premier ministre australien, Anthony Albanese.
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