qu’est-ce qu’être français ? / Le Panthéon, un miroir tendu à la France ?

Droit du sol à Mayotte : qu’est-ce qu’être français ?

Gérald Darmanin a annoncé dimanche vouloir réformer la constitution pour supprimer le droit du sol à Mayotte. « Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parents français », a promis le ministre de l’Intérieur en visite dans le 101e département français. La mesure est « radicale », a concédé Gérald Darmanin qui tenait un tout autre discours il y a six ans, mais elle « coupera littéralement l’attractivité » de l’archipel mahorais. Le petit territoire de l’océan Indien est confronté à une forte pression migratoire, venue essentiellement des Comores, mais aussi de la région des Grands Lacs, qui accentue les difficultés économiques et sociales du plus pauvre des départements français, rendant la situation explosive. Le 101ème département français est paralysé depuis le 22 janvier par des blocages et des barrages routiers installés par des « collectifs citoyens » qui protestent contre l’insécurité et l’immigration incontrôlée. Si l’extrême droite et la droite ont salué cette décision, la gauche est inquiète. Manon Aubry : « Après avoir brisé le tabou de la préférence nationale, la Macronie attaque la conception même de la nationalité, fondement de la République ». Pour le député écologiste Aurélien Taché « Ne doutons pas que si cette mesure va au bout et si Marine Le Pen arrive au pouvoir ensuite, c’est la fin du droit du sol en France » … « je suis inquiet de la boîte de pandore que ça peut ouvrir ».

Deux semaines après la promulgation de la loi « immigration », qui avait notamment consacré, avant une large censure du Conseil constitutionnel, la remise en cause du droit de la nationalité ou encore la préférence nationale, l’exécutif choisit de relancer le débat autour du droit du sol. À l’instar de l’historien Patrick Weil, plusieurs universitaires estiment qu’une telle révision créerait en revanche une rupture dans l’histoire du droit français. « Faire un droit différencié – dans une partie du territoire donnée – en matière de nationalité, c’est tout à fait exceptionnel en République, régime fondé sur l’égalité des citoyens et l’unité du territoire », rappelle-t-il dans un entretien accordé à Sud-Ouest .

Mais que signifie cette annonce ? Faut-il remettre en question le principe fondateur de notre république depuis 2 siècles ? Quelles en seraient les conséquences concrètes ? Est-ce un coup d’arrêt à l’intégration de la République Française ? Qu’en pense l’opinion ? Que signifie être français ? Est-ce que cela remet en cause l’idée d’être français ? Qui sera citoyen français ? Faut-il repenser l’idée de citoyenneté ? Mayotte sera-t-elle en dehors du pacte républicain ?

Le Panthéon, un miroir tendu à la France ?

Le 21 février, Missak Manouchian, un communiste, poète, ouvrier et résistant arménien entrera au Panthéon pour l’éternité. Et sera suivi par Robert Badinter, l’ancien ministre de la Justice décédé le 9 février à 95 ans. Missak Manouchian rejoindra les 81 personnalités qui y reposent déjà. Le « grand homme » est très majoritairement un militaire ou un politique (Jaurès, Gambetta, Sadi Carnot…),. Si quelques écrivains (Hugo, Dumas, Zola, Voltaire, Rousseau) ou scientifiques (Marcellin Berthelot, Paul Painlevé, les Curie) se sont glissés dans la crypte, il ne s’y trouve qu’un seul peintre (Joseph-Marie Vien, artiste officiel du premier Empire) et aucun musicien. Seulement six femmes sont au Panthéon : Marie Curie, Joséphine Baker, Sophie Berthelot, Simone Veil, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Sur la façade est inscrit : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Depuis 1791, c’est en effet dans ce mausolée au cœur du quartier latin que sont déposées les dépouilles de personnalités marquant l’histoire de France. À la mort de Robert Badinter le 9 février 2024, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer son entrée au Panthéon. Comme le soulignait en 2015 Christophe Prochasson, la panthéonisation témoigne d’ « un état d’esprit à un moment donné » . Elle est orientée, donc sujette à discussion. Comme le rappelle, Huguette Tiegna (députée LREM du Lot) : «  le Panthéon a pour mission de rendre un hommage posthume à des citoyens éminents, c’est le temple d’une mémoire républicaine et le miroir des visages de notre identité nationale. Alors, comment expliquer qu’aussi peu d’hommes et de femmes incarnant le reflet de la diversité de nos origines y soient inhumés ? Selon Christophe Lucet, « si l’élite représentée au Panthéon reflète davantage les circonstances historiques qu’un choix rationnel (au demeurant impossible à établir faute de critères objectifs de ce qu’est un « grand homme »), il est non moins évident que le besoin d’admiration et d’exemplarité, raison d’être d’une « panthéonisation », n’est pas mort.

Alors, sur quels critères se fonde cet hommage de la République à ses grandes figures ? Quel est l’enjeu politique de ces questions mémorielles ? En quoi c’est important de continuer à faire entrer des personnes au panthéon ? Pour construire un récit national ? Le choix de faire entrer telle personne au panthéon et de l’ériger au rang de héros : qu’est ce que cela dit de notre société à ce moment-là ? Et de nos dirigeants ?


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