Le contexte actuel donnait du sens au “saut de puce” effectué par la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. Une fois les commémorations du 30e anniversaire du génocide contre les Tutsi au Rwanda refermées, la ministre s’est envolée vers la République démocratique du Congo. Deux journées condensées où la cheffe de la diplomatie belge entend assumer le rôle en vue que confère la présidence de l’Union européenne à la Belgique. Ce contexte opportun, c’est d’abord d’évoquer la crise sécuritaire à l’Est du pays. Cette crise pourrait envenimer toute la Grande région en raison d’ingérences multiples, particulièrement t celle du Rwanda. La ministre entend aussi faire remonter l’Union européenne sur l’échiquier des relations économiques avec comme enjeu majeur celui des minerais dont regorge le sol congolais.
”Une force négative à neutraliser”
Ce mardi, la ministre a ainsi rencontré deux membres du gouvernement démissionnaire. Soit son homologue des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apal ainsi que le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde. La visite de la délégation belge sera d’autant plus complète ce mercredi puisqu’une rencontre avec Judith Suminwa Tuluka, la prochaine première ministre de la RDC, figure à l’agenda de Hadja Lahbib. “C’est une visite qui tombe à pic, confirme le ministre Lutundula Apal. Une des discussions clés de son échange avec la ministre belge, c’est que “nous exprimons ce que nous attendons de l’Union européenne et nous nous sommes compris.” Les combats qui sévissent à l’Est, dans le Kivu au nord et autour de Goma, prennent de l’ampleur et tendent de plus en plus vers une guerre civile. Pour pacifier la zone, il faut que la RDC du président Tsishekedi et le Rwanda de Kagame trouvent un terrain minimal d’entente. La première des conditions pour les Congolais, c’est le retrait des forces rwandaises de la zone. Leur présence et le soutien affiché au groupe rebelle M-23 ne relève plus de la rumeur. Un rapport des Nations Unies atteste de la présence évidente des forces rwandaises en terre congolaise. La RDC a proposé aux troupes étrangères “de réintégrer leur territoire national et rien n’a été fait du côté du Rwanda. Lorsqu’un gouvernement fait une offre et qu’un groupe armé refuse la paix, il est alors considéré comme une force négative à neutraliser.”
”Nous redoutons une escalade”
L’instabilité est d’autant plus criante que la MONUSCO (la mission des Nations Unies) est en train de progressivement se retirer de la zone. “Il y a ce vide sécuritaire que nous redoutons tous pour la population, s’inquiète Hadja Lahbib. Nous redoutons aussi une escalade avec les Walazendo (un groupe d’autodéfense local associé aux forces régulières) et des milices armées pas régulières. Le manque de lisibilité de la situation réelle est un problème”, constate la ministre belge. “On n’arrive pas à avoir une vision claire des enjeux et des acteurs. Il y a aussi différentes ethnies qui sont déplacées.” Alors que le Rwanda reconnaîtrait user de son influence pour “protéger” les communautés Tutsi de la zone, d’autres avancent que cet argument ne repose que sur une volonté de Kagame de mettre la main sur les richesses locales.
Quelles sont les solutions proposées par Hadja Lahbib ? “Je suis venue porter un message : celui de renforcer le dialogue politique pour arriver à une solution avec un plan qui a déjà été négocié en mars 2023”, dit-elle en faisant référence au plan mené par le président de l’Angola.
Le Congo assure resté ouvert au dialogue, insiste le ministre Lutundula “car la guerre, c’est chez nous ; les ressources, c’est chez nous et les victimes, c’est chez nous.”
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