Le documentaire, projeté mardi 7 octobre au cinéma de Sélestat, porte un titre un peu énigmatique : De la guerre froide à la guerre verte. Le choix de ce titre s’éclaire rapidement à la vision de ce film de la réalisatrice italo-paraguayenne Anna Recalde Miranda qui emmène le spectateur au Paraguay, pays dont elle est originaire.
Mené comme un film d’espionnage, le documentaire aborde les enjeux contemporains de défense des droits des peuples et de protection de l’environnement et établit parallèlement un lien entre la situation actuelle et un passé douloureux. Les témoins qui apparaissent dans ce voyage cinématographique évoquent ainsi l’opération Condor qui s’est déroulée dans les années 1970, dans le contexte de la guerre froide. Cette campagne d’assassinats et de répression antiguérilla avait été mise en place de façon coordonnée par les dictatures du Chili, d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis.
Spoliation de terres au Paraguay
Retournée au Paraguay à plusieurs reprises, Anna Recalde Miranda découvre en 2021 que la frontière entre le Paraguay et le Brésil est devenue un désert vert, avec des centaines de kilomètres carrés de soja planté pour nourrir vaches et porcs à travers le monde.
Cinq multinationales se répartissent 94 % des terres du Paraguay. Les grands propriétaires imposent leur loi : accaparement des terres, pollution aux pesticides, attaques meurtrières des communautés locales, avec la collaboration du FBI qui criminalise les luttes des autochtones taxés de terroristes. Les travailleurs sans terre qui luttent pour la transformation sociale sont pourchassés. Chercheurs et sociologues risquent leur vie pour documenter et informer. Depuis 2012, plus de 1 500 écologistes et défenseurs de la terre ont été assassinés en Amérique latine.
L’arrière-grand-père de la réalisatrice avait déjà été persécuté pour son engagement dans la redistribution des terres aux paysans et avait dû fuir son pays sous la dictature de Stroessner. L’avocat Martin Amalda, avocat et défenseur des droits humains, disparu en 2024, dont la rencontre rythme le film, a été lui-même torturé.
La dernière image du film nous renvoie à une citation de Brecht : « Il y a des hommes qui luttent un jour et ils sont bons… Mais il y a ceux qui luttent toute leur vie et ceux-là sont indispensables. »
Le documentaire bénéficie du soutien d’organisations de solidarité internationale. Il rejoint la lutte d’associations comme l’Acat, Amnesty International, le CCFD-Terre solidaire et d’autres encore, membres du collectif sélestadien.
Mardi 7 octobre, projection à 20 h 30 du documentaire De la guerre froide à la guerre verte au cinéma Le Sélect à Sélestat. Elle sera suivie d’un débat avec l’Acat et Amnesty International et d’une proposition de pétitions à signer. Renseignements : 03 88 92 86 16.
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