Sarah, Susanne et l’écrivain, par Eric Reinhardt
Gallimard, 430 pages, 22 euros.
Dans ce passionnant roman en abyme, premier du genre, un écrivain transforme, sous nos yeux, un personnage réel en personnage de fiction et Sarah en Suzanne. A la fin, elles ne font qu’une. Eric Reinhardt est le grand romancier et le grand protecteur des femmes que les hommes ont trompées et violentées. Magnifique.
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« Sarah, Susanne et l’écrivain », d’après une histoire vraie
Triste Tigre, par Neige Sinno
P.O.L, 288 pages, 20 euros.
Une déflagration. Neige Sinno raconte l’inceste qu’elle a vécu, violée par son beau-père durant sept années. Elle multiplie les points de vue (dans la tête du bourreau, des jurés…) et les angles (intime, littéraire, psychologique, judiciaire) pour approcher au plus près la vérité de ce crime. Un geste littéraire total, violent, humble, sensible et d’une intelligence stupéfiante.
Neige Sinno, David Grann, Franck Courtès… Les livres de la semaine à ne pas rater
L’Amour, par François Bégaudeau
Verticales, 96 pages, 14,50 euros.
Jacques et Jeanne se rencontrent dans les années 1970, s’aiment, se marient, ont un enfant et vieillissent ensemble. En quatre-vingt-dix pages, François Bégaudeau, avec une tendresse inédite, retrace les cinquante ans de vie commune de deux cœurs simples. Bouleversant.
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Qu’est-ce qui pourra sauver l’amour ? Les réponses de Maria Pourchet et François Bégaudeau
Le Château des Rentiers, par Agnès Desarthe
L’Olivier, 224 pages, 19,50 euros.
Comment vieillir, dans nos sociétés droguées au confort et à l’individualisme ? Pour domestiquer cette question qui l’angoisse, la romancière d’« Un secret sans importance » puise dans le souvenir de ses grands-parents, qui avaient survécu à la Shoah, à la fois des forces et l’idée très poétique d’un « hospice autogéré ». Un livre plein de grâce, sur un sujet plein de gravité.
Rentrée littéraire 2023 : le choix de « L’Obs » et de France Culture
Les Naufragés du « Wager », par David Grann
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frédérick Hel-Guedj, Editions du Sous-Sol, 450 pages, 23,50 euros.
Star de la non-fiction aux Etats-Unis, David Grann a enquêté sur la tragique expédition d’un vaisseau britannique au XVIIIe siècle. Sa mission : piller un galion espagnol en Amérique du Sud. Mais l’affaire tourne mal. Le « Wager » fait naufrage en tentant de franchir le cap Horn. Pour écrire « les Naufragés du “Wager” », Grann a passé plusieurs années à éplucher les carnets de bord du navire et a exploré lui-même l’île où le bateau s’est échoué.
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David Grann, l’écrivain dont raffolent les cinéastes
Sauvage, par Julia Kerninon
L’Iconoclaste, 306 pages, 20,90 euros.
La Romaine Ottavia Selvaggio ne désire qu’une chose : s’accomplir dans le domaine de la grande cuisine. Ni l’emprise du père, ni ses amours, ni les enfants ne sauraient la faire dévier de son objectif. Après « Liv Maria », Julia Kerninon signe un nouveau portrait de femme magnifique.
Perspective(s), par Laurent Binet
Grasset, 304 pages, 20,90 euros.
Encore un assassinat chez Laurent Binet. Après avoir raconté celui d’un chef nazi dans « HHhH » et postulé celui de Roland Barthes dans « la Septième fonction du langage », l’écrivain joue au Cluedo autour de la mort étrange du peintre Pontormo, dans la Florence corrompue du XVIe siècle. Un polar épistolaire baroque, barré et virtuose.
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Avec « Perspective(s) », Laurent Binet signe un irrésistible Cluedo historique
Stupeur, par Zeruya Shalev
Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard, 368 pages, 23,50 euros.
Sixième roman de Zeruya Shalev, qui avait obtenu le prix Femina étranger en 2014, « Stupeur » ausculte la vie intime de deux femmes ordinaires qui se découvrent une parenté inattendue. C’est un magnifique portrait de Rachel, qui combattit les Anglais avant la naissance de l’Etat d’Israël et dont le premier et seul amour a été sacrifié dans ce combat pour la liberté.
La Mémoire délavée, par Nathacha Appanah
Mercure de France, 160 pages, 17,50 euros.
Dans ce récit fort émouvant, Nathacha Appanah remonte, archives à l’appui, la mémoire de ses ancêtres. Ses arrière-grands-parents étaient des coolies venus d’Inde pour remplacer les esclaves noirs, tout juste affranchis, dans les plantations de cannes à sucre de l’île Maurice. Une réflexion sur la manière de raconter l’histoire collective aussi bien que l’histoire intime.
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Nathacha Appanah et Ananda Devi : dialogue entre deux écrivaines qui donnent vie à l’île Maurice
La Foudre, par Pierric Bailly
P.O.L, 464 pages, 24 euros.
A la veille de partir s’installer à La Réunion, un berger du Haut-Jura, région natale de Pierric Bailly, découvre dans le journal que son camarade d’autrefois est devenu un assassin. Il va mener sa propre enquête et vivre une impossible histoire d’amour. Foudroyant.
« La Foudre », de Pierric Bailly : chronique montagneuse d’un amour impossible
Proust, roman familial, par Laure Murat
Robert Laffont, 256 pages, 20 euros.
Longtemps, Laure Murat, issue des très aristocrates familles Luynes et Murat, a cru que les personnages de Proust étaient des parents. Puis elle a lu « la Recherche » et sa vie en a été transformée. Un récit d’une folle intelligence sur le pouvoir de la lecture.
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La Mauvaise habitude, par Alana S. Portero
Traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud, Flammarion, 272 pages, 22,50 euros.
Une jeune fille qui « habite un corps qu’elle ne sait pas interpréter » dans le Madrid des années 1980 retrace son parcours, de San Blas, lotissement ouvrier, à Chueca, quartier gay de la capitale. Une écriture magnifique sert cette odyssée, qui emprunte autant à la littérature grecque classique qu’au conte, au réalisme magique qu’à la pop culture.
Montevideo, par Enrique Vila-Matas
Actes Sud, 272 pages, 22,50 euros.
Merveilleux voyage au pays des écrivains, « Montevideo », le nouveau roman d’Enrique Vila-
Matas, est l’histoire d’une résurrection. Celle de l’auteur, qui fut longtemps le chroniqueur désabusé de ses échecs littéraires. Mais EVM, dont cet inénarrable autoportrait culmine dans un voyage qu’il a fait à Paris, à l’invitation du Centre Beaubourg, est-il vraiment guéri de l’impossibilité d’écrire ? Réponse dans le livre.
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Cavaler seule, par Kathryn Scanlan
Traduit par Laetitia Devaux, La Croisée, 208 pages, 18 euros.
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman à l’écriture minimaliste nous plonge dans la vie de Sonia, entraîneuse de chevaux dans le Midwest. Une immersion totale dans le monde des courses et des hippodromes, très masculin et souvent misogyne. Véloce, sidérant, « Cavaler seule » nous éperonne de la première à la dernière phrase.
« Cavaler seule », de Kathryn Scanlan : un coup de sabot en plein cœur
L’Echiquier, de Jean-Philippe Toussaint
Minuit, 256 pages, 20 euros.
En 64 chapitres, autant que de cases d’un échiquier, l’auteur de « la Salle de bain » se lance dans une passionnante partie autobiographique, où son père occupe une place prédominante, en même temps qu’il livre une nouvelle traduction du « Joueur d’échecs », de Stefan Zweig.
Jean-Philippe Toussaint et Stefan Zweig face à face
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