une bande de jeunes est née

De tous les supports de l’enregistrement sonore, c’est sans doute le plus sympathique. Le 78 tours, capricieux, le vinyle avec ses airs supérieurs, le CD rigide comme un tableur, sans parler du streaming, tellement froid et impersonnel… aucun n’a eu la chaleur de la cassette, son côté fétiche. Et hop ! éjectée et c’est dans la poche. Complice de longues soirées à partager de la musique ou d’échappées solitaires casque sur la tête, elle est le support des playlists intimes et des disques copiés chez les copines et les copains… tout un monde, la cassette.

L’histoire commence au début des années 1960, quand l’industrie du disque prend la mesure du fantastique marché qui s’ouvre à elle. L’invention du transistor, après guerre, conduit à la miniaturisation des radios, puis des tourne-disques, ainsi devenus portables. Il supplante les appareils à lampes au son si chaleureux, mais prend moins de place et n’est pas fragile. Il permet l’appropriation intime de la musique par des jeunes, qui s’affranchissent de plus en plus de la tutelle familiale. Aux gros et encombrants appareils trônant au milieu du salon – avant d’en être chassés par le téléviseur –, filles et garçons préfèrent le petit appareil qu’on peut déplacer aisément d’une pièce à l’autre, jusque dans la chambre adolescente, siège de passions et pulsions que les musiques électriques, qui ont le vent en poupe, avivent autant qu’elles les apaisent.

Philips, roi dans son domaine

L’affirmation de cette jeunesse des grandes villes occidentales, dont le temps de scolarité s’allonge et qui découvre les vertus de l’argent de poche, est une aubaine pour une industrie de la musique en pleine expansion, bien résolue à prendre au sérieux ses loisirs « futiles ». Les technologies progressent à grands pas, tirant profit des fabuleuses avancées de la science dopées par les périodes de guerre qui affolent les laboratoires des grandes firmes de l’électronique.

Philips, géant industriel du siècle installé aux Pays-Bas, est en pointe. Actrice mondiale de l’électricité, puis de l’électronique grand public comme de celle appliquée à la médecine, la firme est également une des majors du disque riche de fantastiques catalogues constitués au sortir de la guerre (1)1. L’arrivée du microsillon lui ouvre le nouveau et gigantesque marché de la fabrication d’appareils de lecture adaptés (platines, amplificateurs et enceintes) dont elle devient vite leader mondial : repérer des artistes, les faire connaître, fabriquer leurs disques et les appareils de lecture nécessaires dans un foyer bien pourvu en électro-ménager… Philips est partout ou presque.

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