une maille de plus sur la carte des échanges électriques

En butte à une vive opposition au sud des Landes, là où elle doit effectuer un crochet de 27 kilomètres par la terre, la liaison électrique sous-marine qui reliera Gatika, à côté de Bilbao, à Cubnezais, au nord de Bordeaux, prendra place – si elle voit le jour – dans un vaste écheveau de câbles qui relient d’ores et déjà la France à ses voisins. « La France est un carrefour. Des interconnexions sont en service avec six pays frontaliers, bientôt un septième avec l’Irlande…

En butte à une vive opposition au sud des Landes, là où elle doit effectuer un crochet de 27 kilomètres par la terre, la liaison électrique sous-marine qui reliera Gatika, à côté de Bilbao, à Cubnezais, au nord de Bordeaux, prendra place – si elle voit le jour – dans un vaste écheveau de câbles qui relient d’ores et déjà la France à ses voisins. « La France est un carrefour. Des interconnexions sont en service avec six pays frontaliers, bientôt un septième avec l’Irlande. Nous en avons 37 aujourd’hui en service », indique Régis Boigegrain, le directeur des interconnexions et des réseaux sous-marins chez RTE (Réseau de transport d’électricité), le gestionnaire des lignes à haute tension dans le pays. Outre le projet dans le golfe de Gascogne, RTE développe effectivement – avec son homologue irlandais EirGrid – un autre projet sous-marin entre l’Irlande et la Bretagne, Celtic Interconnector : 570 kilomètres, dont 500 en mer, pour 700 mégawatts de puissance.

D’ici 2035, la consommation électrique pourrait fortement croître, de 30 % en France et de 40 % en Espagne

Chaque liaison permet des échanges d’énergie (importation et exportation) entre pays voisins. Sans ces câbles, le marché européen de l’électricité – 305 000 kilomètres de lignes à la même fréquence – ne pourrait pas fonctionner, plaide-t-on chez RTE. « Les interconnexions ont une logique économique. Le consommateur européen accède à l’électricité la moins chère, quel que soit son lieu de production. Elles acheminent en priorité l’électricité d’origine renouvelable et nucléaire, ce qui évite de démarrer des unités qui émettent du CO2 », comme les centrales à gaz et à charbon, ajoute Régis Boigegrain. Selon RTE, la France ne pourrait pas se passer de ses dernières centrales à charbon si son réseau n’était pas connecté au-delà des frontières.

Des échanges accrus en prévision

Pour RTE, le maillage continental est crucial dans un contexte d’électrification des usages chez les particuliers – le chauffage, la voiture, la cuisine – et de décarbonation de l’industrie. « L’heure du repas, et donc la pointe de consommation, n’est pas la même en Allemagne, en France et en Espagne. Au sud de l’Europe, nous avons aussi des pointes estivales à cause de la climatisation. Il faut se préparer à des échanges accrus », justifie Olivier Houvenagel, le directeur de l’économie du système électrique chez RTE.

« L’heure du repas, et donc la pointe de consommation, n’est pas les mêmes en Allemagne, en France et en Espagne”

D’ici à 2035, la consommation électrique pourrait fortement croître, de 30 % en France et de 40 % en Espagne. La production devrait emprunter une pente similaire, avec un développement conséquent du photovoltaïque dans la péninsule ibérique, et le besoin corollaire d’évacuer de la puissance en cours de journée à la belle saison.

La France a battu récemment son record d’exportation électrique. Le 3 janvier à 15 h 30, elle a délivré à ses voisins une puissance instantanée de 20,3 gigawatts, équivalente à celle d’une vingtaine de réacteurs nucléaires. Le record des importations remonte au 19 novembre 2022 à 6 heures du matin, quand une partie du parc nucléaire hexagonal était à l’arrêt : 15,8 gigawatts. Les imports ne sont pas nécessaires plus de 1 % du temps.

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