une mesure pour lutter contre la délinquance des mineurs

Les forces de l’ordre ont patrouillé en nombre dans les rues de Pointe-à-Pitre lundi 22 avril dans la soirée pour la mise en œuvre du couvre-feu pour les mineurs dans la capitale économique de la Guadeloupe. Une mesure ordonnée quelques jours auparavant par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en visite dans le département. Aperçu en images dans notre vidéo en tête d’article.

Quelles sont les raisons qui ont conduit à décréter un couvre-feu pour les moins de 18 ans dans des secteurs de Pointe-à-Pitre et de la ville voisine des Abymes, la plus peuplée du département ? Eléments de réponse :

• La lutte contre la délinquance chez les mineurs

En un an, le pourcentage des mineurs impliqués dans les affaires criminelles et délictuelles a triplé à Pointe-à-Pitre, culminant, sur les premiers mois de 2024, à 38 %, selon le dernier bilan de la délinquance présenté fin février par les forces de l’ordre.

• … et particulièrement la nuit

« 40 % des faits de délinquances des mineurs sont commis entre 20 heures et 22 heures », a indiqué mardi Xavier Lefort, préfet de la Guadeloupe lors d’une conférence de presse présentant les modalités du couvre-feu, « ce qui justifie une borne horaire à partir de 20 heures, qui peut surprendre effectivement vu de l’Hexagone, où nous sommes l’été approchant, mais […] ici en Guadeloupe, le soleil se couche à 18h25, et, à 18h30, quasiment 10 minutes après, on est en nuit profonde. Donc 20 heures [en Guadeloupe], c’est déjà la nuit profonde. »

• Un taux d’homicides en forte hausse dans le département

En Guadeloupe, le taux d’homicides pour 100 000 habitants a atteint 9,4 en 2023, en hausse de 33,3 % par rapport à l’année précédente dans ce département ultramarin où, comme en Martinique, les armes à feu circulent de plus en plus, selon plusieurs sources policières.

• Une ville en déficit de 6 millions d’euros

Coupures d’eau récurrentes (comme dans le reste du département), CHU vétuste dans lequel s’est déclaré un incendie début avril, etc. L’insalubrité qui a envahi les rues de Pointe-à-Pitre – 14 500 habitants en 2020 – n’est pas le meilleur terreau pour la sécurité de ses habitants. Le maire de la ville Harry Durimel lui-même n’a pas hésité à la qualifier, fin mars, de « coupe-gorge » en « faillite totale ».

L’édile le reconnaît, la situation financière de la ville a commencé à se redresser grâce aux fonds de l’Etat. Son déficit a été ramené à 6 millions d’euros grâce à une subvention exceptionnelle, le contrat de redressement (Corom). « Quand je suis arrivé à la mairie [en 2020], il avoisinait 80 millions : je passe mon mandat à redresser la barre », explique-t-il.

Au lendemain des violences urbaines, essentiellement nocturnes, qui avaient secoué en mars plusieurs communes de Guadeloupe, dont Pointe-à-Pitre où des barrages et des barricades avaient été érigés, Harry Durimel avait menacé de démissionner, déplorant le manque de moyens. Le couvre-feu instauré se veut sans doute une première réponse de l’Etat à son appel à l’aide.